Astronomie populaire (Arago)/XXXIV/05

GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 768-770).

CHAPITRE V

l’astronomie pour un observateur situé sur saturne


Les partisans des causes finales ont prétendu que l’anneau de Saturne avait été donné à cette planète pour suppléer à la faiblesse des rayons solaires. Mais cette théorie, tant de fois combattue, est ici complétement inadmissible, puisque dans une portion très-considérable de la planète, l’anneau n’est pas aperçu.

Si par le bord extérieur du premier anneau, on mène des tangentes au globe de Saturne, on trouve que les points de contact sont situés à 66° 36′ de l’équateur de Saturne : il y a donc sur cette planète deux zones qui, à partir des pôles, ont 23° 24′ d’étendue en latitude et dans lesquelles un observateur ne soupçonnerait pas l’existence de l’anneau, deux zones que la lumière de l’anneau n’éclaire jamais.

Les tangentes menées du bord intérieur de l’anneau touchent le globe de Saturne en des points situés à 53° 28′ de l’équateur. Entre les parallèles 53° 28′ et les pôles, le bord intérieur de l’anneau n’est jamais aperçu.

La plus grande largeur angulaire des deux anneaux principaux dont se compose l’anneau de Saturne a lieu pour l’anneau extérieur sur les parallèles d’environ 45°. Cet anneau sous-tend sous ces parallèles un angle de 3° 19′.

L’intervalle compris entre les deux anneaux est à son minimum sous la latitude de 42° 45′ et s’élève à 47′. Le maximum de largeur de l’anneau intérieur a lieu pour les parallèles 35° 30′ et se monte à 11° 26′.

À l’équateur de Saturne, l’anneau se présente sous la forme d’une ligne lumineuse très-étroite passant par le zénith.

Pour chaque point donné sur la surface de la planète, la position des anneaux doit correspondre aux mêmes points du ciel, et cacher constamment une même zone d’étoiles.

En se servant des données que nous avons rassemblées dans le livre consacré à Saturne, et en faisant des supputations sur sa distance au Soleil, sur sa rotation, sur ses satellites, comme nous l’avons fait dans le chapitre précédent pour Jupiter, on arriverait à des considérations analogues à celles que nous avons exposées pour cette planète ; nous n’avons pas à insister davantage sur ce sujet.

Dans Saturne, suivant le père Kircher, tout est triste, affreux et sombre ; c’est par l’influence de cette planète, jointe à l’influence également malfaisante de Mars, que toutes les misères qui accablent les mortels se répandent sur la Terre.