Astronomie populaire (Arago)/XXXIII/18

GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 681-682).

CHAPITRE XVIII

année chinoise


Dès la plus haute antiquité, plus de vingt siècles avant notre ère, les Chinois ont employé l’année de 365j,25, c’est-à-dire trois années successives de 365 jours chacune, et une quatrième année de 366 jours, comme dans le calendrier julien. Malheureusement les premiers Chinois ont cherché à plusieurs reprises à corriger l’inexactitude de ce système par des rectifications absolues, dont l’étendue n’a pas été mentionnée par l’histoire et qui reposaient en outre sur des observations imparfaites. Les anciens Chinois mesuraient l’année par son retour au solstice d’hiver dont ils déterminaient l’époque d’après les longueurs des ombres observées par le gnomon. Ils laissaient courir l’année de 365j,25 jusqu’à ce que les observations du gnomon fissent reconnaître qu’elle s’écartait notablement des passages du Soleil vrai au solstice ; alors ils opéraient une déformation analogue à la déformation grégorienne de 1582. Les discontinuités qui en sont résultées dans la chronologie chinoise ne se sont pas renouvelées depuis l’an 206 avant notre ère. L’année solaire chinoise est divisée en mois lunaires. Les anciens Chinois avaient reconnu que dans dix-neuf années de 365j,25, il y avait 235 lunaisons et que par conséquent, après ce cycle, les mêmes phases de la Lune reviennent aux mêmes jours ; ils avaient donc découvert la période dite de Méton (chap. xiii).

Les années ordinaires des Chinois ont 12 mois ou 12 lunes, d’autres années convenablement placées, au nombre de 7, dans le cycle de 19 ans, ont 13 mois ou 13 lunes : les lunes intercalaires appartiennent aux années 3, 6, 9, 11, 14, 17 et 19 du cycle. Les lunes intercalaires, dit M. Biot, sont représentées par un caractère spécial qui est l’expression d’un rit religieux : « Dans la résidence impériale, il y a un palais carré, dont les quatre faces regardent les points cardinaux de l’horizon. Le contour de cet édifice est divisé en douze salles, consacrées aux douze lunes ordinaires. Au commencement de chaque lunaison, l’empereur va successivement offrir un sacrifice dans la salle correspondante. Lorsqu’il survient une lune intercalaire, le rit s’accomplit entre les deux battants de la porte qui ouvre le passage d’une salle à l’autre. »