Astronomie populaire (Arago)/XXXII/26
CHAPITRE XXVI
données numériques relatives aux climats
J’ai pensé ne pouvoir terminer ce livre sans présenter un court résumé des résultats numériques les plus curieux, relatifs à la distribution de la température dans les diverses régions de la Terre.
Voici d’abord des renseignements sur les températures extrêmes observées à la surface du globe, soit dans le sol même, soit à l’air et à l’ombre.
Entre les tropiques, très-communément 52°,5 |
(Humboldt) |
Près de l’Orénoque (sable granitique blanc, couvert d’une belle végétation) 60°,3 |
(Idem) |
Sable, en Égypte, près Philæ 67°,5 |
(Nouet) |
Sable du Jardin de l’Observatoire de Paris 53°,0 |
(Arago) |
et à l’ombre.
Latitude. | Température. | |||||
Mourzouk (Fezzan) |
26° | 49′ | N. | 56°,2 | (Lyon, Ritchie) | |
Ambukol (Dongolah) |
18 | N. | 46 ,9 | (Ruppel) | ||
Nubie |
15 | N. | 46 ,2 | (Russegger) | ||
Pondichéry |
11° | 56′ | N. | 44 ,7 | (Le Gentil ) | |
Sacatou |
13 | N. | 43 ,3 | (Clapperton) | ||
Paramatta |
33° | 49′ | S. | 41 ,1 | (général Brisbane | |
Cap de Bonne-Espérance |
33 | 35 | S. | 43 ,7 | (Lacaille) | |
Antongil (Madagascar) |
15 | 27 | S. | 45 ,5 | (Le Gentil) |
La température la plus élevée observée à Paris depuis 1665, à l’air et à l’ombre, a été + 38°,4 le 8 juillet 1793.
Iakoutsk (Sibérie, latit. 62° N., long. 129° 3/4 E.). 25 janvier 1829 — 58° |
(Katakazia, thermomètre vérifié par M. Erman.) | |
Fort Entreprise (latit. 64° 1/2 N., long. 115° 1/2 O.) — 50° |
(Franklin.) |
La température la plus basse observée à Paris depuis 1665 a été — 23°,5 le 25 janvier 1795.
D’après les calculs de M. Berghaus il y a deux points dans l’hémisphère boréal qui sont plus froids que les lieux voisins : l’un, le pôle glacial américain, serait situé par 77° 30′ lat. N. et par 38° long. O., et sa température moyenne serait — 19°,7 ; l’autre, le pôle glacial asiatique, serait situé par 7° 30′ lat. N. et 128° 30′ long. E., et il aurait — 17°,2 pour température moyenne (voir les figures 349 à 352).
Je passerai maintenant à quelques comparaisons entre les températures moyennes des saisons de quelques lieux choisis de manière à montrer :
1o Les différences qui existent entre des lieux placés sous la même latitude du même hémisphère au milieu des terres et au milieu de l’Océan ;
2o Les différences que présentent des lieux placés dans les deux hémisphères à égale distance de l’équateur ;
3o Les différences que l’on trouve dans l’hémisphère boréal entre des lieux ayant même latitude mais situés dans l’Ancien Monde ou dans l’Amérique septentrionale ;
4o Les différences des températures constatées sur les côtes orientales et occidentales des Deux Mondes.
Île de Madère. | Natchez (Amérique). | Nangasaki (Thibet). | ||||
Latitudes nord. | 32° 38′ | 31° 34′ | 33° 45′ | |||
Température moyenne de l’hiver |
16°,3 | 9°,6 | 7°,1 | |||
Température moyenne du printemps |
17 ,5 | 19 ,0 | 15 ,2 | |||
Température moyenne de l’été |
21 ,1 | 25 ,6 | 26 ,7 | |||
Température moyenne de l’automne |
19 ,8 | 18 ,8 | 18 ,8 | |||
Température moyenne de l’année |
18°,7 | 18°,2 | 17°,0 |
et dans l’Amérique septentrionale.
et de l’Amérique.
La sécheresse d’un pays doit avoir une grande influence sur la valeur et sur la distribution des températures d’été et d’hiver.
Cette sécheresse est extrême dans les déserts, et surtout dans les plaines de la Sibérie, au delà de l’Altaï, entre l’Irtyche et l’Obi, lorsque les vents de sud-ouest ont longtemps soufflé.
Le 5 août 1829, à 1 heure après midi, dans la steppe Platowskaya, M. de Humboldt trouva — 4°,3 pour la température du point de rosée, le thermomètre, à l’ombre, marquant alors + 23°,7. La température des plantes aurait dû, conséquemment, s’abaisser de 28° centigrades pour qu’il se déposât de la rosée.
Dans les circonstances psychométriques que je viens de rapporter, l’hygromètre à cheveu de Saussure n’aurait marqué que 29°.
Le 28 septembre 1829, à 3 heures après midi, à Ouralsk, chef-lieu des Cosaques du Laïk, l’air étant à + 22°,0, on trouva pour le point de la rosée + 1°,4. La rosée ne se serait donc déposée sur les plantes qu’après un abaissement de température, par voie de rayonnement, de 20°,6 centigrades.
Par l’effet de cette énorme sécheresse, le nombre des jours de pluie va rapidement en diminuant quand on s’avance de l’ouest à l’est : à Moscou, on en compte 205 ; à Kasan, 90 ; à Irkoutsk, 57 seulement.
Si maintenant le lecteur, après avoir examiné les chiffres que je viens de rapporter et qui présentent une certaine régularité, parce qu’ils résultent d’un grand nombre d’observations, veut bien se reporter aux tableaux des pages qui donnent les températures les plus basses et les plus élevées observées à Paris, il reconnaîtra sans peine que, en un même lieu, dans le cours des années, on peut éprouver les effets constatés dans presque tous les climats. Il est donc impossible, quoique les lois des phénomènes généraux de température soient bien établies, d’indiquer à l’avance quel sera le fait particulier correspondant à un moment et à un lieu donnés.