Astronomie populaire (Arago)/XXIII/22

GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 102-103).

CHAPITRE XXII

fixité des pôles de la terre


L’axe autour duquel notre globe fait un tour entier chaque vingt-quatre heures, perce-t-il constamment le sphéroïde terrestre aux mêmes points matériels ? En d’autres termes, les pôles de rotation qui, d’année en année, correspondent à des étoiles différentes, se déplacent-ils aussi à la surface de la Terre ? Dans le cas de l’affirmative, l’équateur se promène comme les pôles ; les latitudes terrestres sont variables ; aucune contrée, pendant la suite des siècles, ne jouira, même en moyenne, d’un climat constant ; les régions les plus diverses pourront tour à tour devenir circompolaires ; les terribles effets que j’ai signalés précédemment (liv. xx, ch. xxv), se produiront à la surface de notre planète. Adoptez la supposition contraire, et tout prend le caractère d’une permanence admirable.

La question que je viens de soulever, une des plus capitales de l’astronomie, ne saurait être résolue d’après les seules observations, tant les anciennes latitudes terrestres sont incertaines. Laplace y a suppléé par l’analyse mathématique : le grand géomètre a démontré qu’aucune cause liée à l’attraction universelle ne doit déplacer sensiblement, sur la surface du sphéroïde terrestre, l’axe autour duquel le monde paraît tourner. La mer, loin d’être un obstacle à la constante rotation de notre globe autour d’un même axe, ramènerait au contraire cet axe à un état permanent, à raison de la mobilité des eaux et des résistances que leurs oscillations éprouvent.