Astronomie populaire (Arago)/XXI/07

GIDE et J. BAUDRY (Tome 3p. 397-398).

CHAPITRE VII

nombres d’or


Les phases de la Lune dépendent, comme on l’a vu (chap. iv), de la révolution synodique de cet astre, du temps qu’il emploie à revenir à ses oppositions ou à ses conjonctions.

Les jours des nouvelles et des pleines Lunes étaient affectés dans l’antiquité à certaines cérémonies. Les nouvelles Lunes s’appelaient des Néoménies ; il était donc nécessaire que l’administration publique pût prédire, longtemps d’avance, quel jour de l’année solaire les Néoménies seraient célébrées.

Ajoutons qu’un oracle avait prescrit aux Grecs de célébrer certaines fêtes dans ces mêmes jours de l’année solaire et pendant les mêmes phases de la Lune. On conçoit d’après cela combien dans l’antiquité on dut attacher de prix à la découverte d’une période qui aurait ramené les phases de la Lune aux mêmes jours de l’année. Cette découverte fut due à Méton, et annoncée aux Grecs réunis pour célébrer les jeux olympiques, en l’an 433 avant notre ère.

Divers auteurs rapportent que les Grecs firent éclater un tel enthousiasme à l’annonce de cette découverte, qu’ils décidèrent qu’elle serait inscrite sur les monuments publics, en lettres d’or. De là le nom de Nombres d’or, consacrés à la remarque numérique faite par Méton.

Voici, au surplus, en quoi la remarque consiste. Une phase quelconque de la Lune revient après un intervalle de 29j,53 après 2, 3, 4 fois, etc., ce même nombre. Or, Méton trouva que dix-neuf années solaires contenaient presque exactement 235 lunaisons. Donc, après 19 années, les mêmes phases de la Lune revenaient aux mêmes jours de l’année, aux jours de même dénomination : après ce laps de temps, les fêtes devaient être célébrées aux mêmes dates, en sorte qu’il suffisait d’avoir remarqué ces dates pendant dix-neuf ans, pour qu’on pût les connaître à l’avance, pendant toutes les périodes suivantes de même étendue.