Astronomie populaire (Arago)/XVI/01

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 197-200).

CHAPITRE PREMIER

définitions


Planète, d’après l’étymologie du mot[1], veut dire astre errant.

Les anciens ont voulu par ce nom définir les astres qui se meuvent sur la sphère céleste par rapport aux étoiles fixes, c’est-à-dire les astres qui n’appartiennent pas à une constellation déterminée, mais qui passent successivement dans plusieurs constellations. À ce compte, le Soleil, la Lune, satellite de la Terre, les satellites des autres planètes et les comètes seraient aussi des planètes. Cette confusion a été faite pour le Soleil et la Lune par quelques astronomes anciens.

Pour les modernes, les planètes sont des corps présentant des disques à peu près circulaires qui reçoivent leur lumière du Soleil, et qui circulent autour de cet astre central dans des orbites elliptiques.

Nous avons déjà dit qu’on distingue (livre xiv, chap. i) les planètes principales, qui sont au nombre de huit, et les petites planètes, ou astéroïdes, dont le nombre croît presque chaque jour. Un livre spécial sera consacré à chacune des planètes principales, et un autre livre à l’ensemble des petites planètes. Ici nous nous occuperons des lois générales des planètes, et nous aurons surtout en vue les planètes principales.

Les grandes planètes sont partagées en supérieures et en inférieures.

Les planètes inférieures sont celles dont les distances angulaires au Soleil, vues de la Terre, restent toujours comprises entre des limites fixes : ce sont Mercure et Vénus.

Les planètes supérieures sont celles dont les distances angulaires au Soleil, vues de la Terre, peuvent acquérir toutes les valeurs, de manière à venir se placer de temps à autre en des points diamétralement opposés au Soleil. Ce sont Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

On dit aussi planètes intérieures pour désigner les premières, et planètes extérieures pour indiquer les dernières, parce que, lorsqu’on considère les phénomènes du système solaire dans leur réalité et non pas dans leurs apparences, les orbites de Mercure et de Vénus sont comprises dans l’orbite de la Terre, tandis que Mars, les petites planètes, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune circulent en dehors de l’orbite décrite par la Terre autour du Soleil.

Enfin, en suivant la classification adoptée dans son Cosmos par mon ami Alexandre de Humboldt, on peut faire trois groupes de toutes les planètes en regardant comme zone de séparation les petites planètes comprises entre Mars et Jupiter.

Alors on a d’abord le groupe des planètes intérieures (Mercure, Vénus, la Terre, Mars) qui sont de grandeur moyenne, relativement assez denses, peu aplaties, et, à l’exception de la Terre, dépourvues de satellites.

Fig. 165.— Zone zodiacale[2].

Vient ensuite le groupe intermédiaire des astéroïdes, qui ont des orbites singulièrement entrelacées et souvent très-fortement inclinées sur l’écliptique.

Le dernier groupe des quatre planètes extérieures (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) comprises entre la zone des astéroïdes et les extrémités encore inconnues du domaine solaire, contient des astres aux dimensions beaucoup plus grandes, moins denses, plus aplatis, et accompagnés de nombreux satellites.

Les planètes principales ne s’écartent pas beaucoup de l’écliptique, et, quand on considère leurs mouvements apparents vus de la Terre, supposée au centre de la sphère céleste, leurs distances à l’écliptique ne dépassent jamais 8°. En conséquence, si l’on imagine une zone de 16° de large enveloppant la sphère le long de l’écliptique, et s’étendant de part et d’autre de ce cercle à une distance de 8°, les planètes paraissent rester toujours dans son intérieur. C’est cette zone (fig. 165) que les anciens appelaient le zodiaque, et qui est divisée en douze parties égales correspondant chacune à chacun des douze signes du zodiaque (liv. viii, chap. vii).

  1. Du grec πλανητης.
  2. EE′, équateur ; ZZ′, écliptique ; PP′, axe du monde ; QQ′, axe de l’écliptique ; A, équinoxe du printemps. — Flèche a, sens du mouvement propre du Soleil sur l’écliptique ; flèche b, sens du mouvement de rotation diurne.