Astronomie populaire (Arago)/VIII/07

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 327-330).

CHAPITRE VII

des constellations zodiacales et des signes du zodiaque


Les étoiles situées dans la région du ciel que le Soleil semble parcourir en vertu de son mouvement propre annuel, furent partagées à une époque inconnue, mais qu’on sait être très-ancienne, en douze groupes qu’on appelle constellations zodiacales.

L’un de ces groupes prit le nom de Bélier  ; le deuxième, en marchant de l’occident à l’orient, s’appela le Taureau  ; le troisième prit le nom de Gémeaux  ; le quatrième, celui de Cancer . Viennent ensuite, en suivant l’ordre de leur succession : le Lion , la Vierge , la Balance , le Scorpion , le Sagittaire , le Capricorne , le Verseau , et les Poissons .

Les signes que j’ai placés à côté de ces douze noms, sont ceux par lesquels on désigne ces constellations dans les ouvrages d’astronomie et dans les calendriers. On ne connaît pas l’origine de tous ces signes. Ainsi le premier indique les cornes du Bélier, le second la tête du Taureau. Le dard ajouté à une sorte de lettre m distingue le Scorpion  ; la flèche ne peut laisser aucun doute sur le mot Sagittaire  ; est formé de la réunion des deux lettres τρ qui commencent le mot grec τραγος, c’est-à-dire Bouc. La Balance et les deux Poissons se reconnaissent facilement à leurs signes , . Enfin le Verseau est marqué par un courant d’eau.

La constellation du Bélier, actuellement très-voisine de l’équateur, est celle qu’au temps d’Hipparque le Soleil traversait à l’équinoxe de printemps.

Mais le grand astronome dont nous venons de parler reconnut que la place de l’équinoxe ne reste pas fixe dans les constellations, que le point équinoxial se déplace tous les ans d’environ 50″, et par un mouvement dirigé de l’orient à l’occident ; qu’en vertu de ce mouvement, qu’on appelle la précession, l’équinoxe doit correspondre à toutes les constellations zodiacales dans un intervalle d’environ 26 000 ans (25 870).

Le mouvement de précession est dit un mouvement rétrograde, parce qu’il s’exécute de l’orient à l’occident, en sens contraire du mouvement propre apparent du Soleil et de toutes les planètes.

A cause de ce mouvement rétrograde, l’équinoxe, qui, du temps d’Hipparque, ainsi que nous l’avons dit, arrivait dans le Bélier, a lieu maintenant dans les Poissons ; cependant l’Annuaire du Bureau des Longitudes dit que le 21 mars, date de l’équinoxe, le Soleil entre dans le Bélier, ce qui semble inexact. Il y a lieu, pour faire disparaître la contradiction, d’expliquer la différence qui existe entre les constellations et les signes de même dénomination.

Les douze constellations zodiacales furent considérées comme les maisons successives du Soleil dans sa révolution annuelle ; mais ces constellations n’avaient pas une étendue égale. Nous avons déjà remarqué d’ailleurs que deux constellations voisines ne pouvaient s’emboîter l’une dans l’autre, de manière à ne pas laisser entre elles un espace avec ou sans étoiles, qui n’appartenait proprement à aucune des constellations contiguës. Ce mode de division pouvait convenir à une astronomie imparfaite ; il était insuffisant et ne répondait pas au besoin d’une astronomie perfectionnée. Alors on partagea la route où les 360 degrés que le Soleil parcourt annuellement, en douze espaces ou signes, chacun de 30 degrés. Le premier signe eut son origine à l’équinoxe du printemps ; et comme, au temps d’Hipparque, cette saison commençait au moment où le Soleil pénétrait dans la constellation du Bélier, on appela le premier signe, cette première division en 30 degrés, le signe du Bélier ; le second signe, ou les 30 degrés suivants, fut appelé le signe du Taureau, et ainsi de suite.

Il faut donc avoir le soin, pour éviter toute confusion, de bien distinguer le mot constellation du mot signe.

Les constellations sont des figures d’hommes ou d’animaux, dessinées dans le zodiaque, et n’ayant, comme nous l’avons déjà dit, aucun rapport avec la disposition des étoiles qu’elles renferment.

Les signes sont des divisions de 30 degrés chacune, sans aucune liaison nécessaire avec les constellations dont ils portent les noms. En vertu de la précession des équinoxes, les signes ne coïncident déjà plus avec les constellations.

Le signe du Bélier ne commence plus dans la constellation du Bélier, il correspond à celle des Poissons.

Empressons-nous de déclarer que cette division par signes n’est plus en usage dans l’astronomie proprement dite, et que c’est par un reste d’une vieille habitude qu’on en fait mention encore dans les calendriers et dans les annuaires. En donnant inconsidérément aux signes les noms des constellations avec lesquelles ils ne devaient pas toujours coïncider, on a ajouté une nouvelle cause de confusion à celle qui existe déjà dans la science, sans autre avantage, si c’en est un, comme le remarque très judicieusement Voltaire, que d’avoir donné à nos almanachs le caractère purement nominal des anciens calendriers.