Astronomie populaire (Arago)/XIX/02

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 510-511).

CHAPITRE II

connaissances des anciens sur vénus


Vénus est la seule planète dont Homère ait parlé ; il la désigne par l’épithète de Κἀλλιστος, qui marque la beauté (Iliade, 22, 318[1]).

Vénus a été aussi nommée Junon et Isis. On n’a pas reconnu immédiatement l’identité des astres brillants qu’on voyait tantôt le matin, tantôt le soir ; aussi, lorsqu’elle se couchait quelque temps après le Soleil, les anciens l’appelaient ἔαπερος, Vesper ; quand elle précédait cet astre à son lever, on lui donnait le nom de ὲωσφὀρος, φωσϕὀρος, Lucifer.

Tout le monde sait qu’on la désigne souvent sous le nom d’étoile du Berger.

Chez les Indiens, Vénus était appelée Sukra, c’est-à-dire l’éclatante ; elle portait aussi, d’après Bopp, le nom de Daitya-guru : de guru, maître, et de Daityas, les Titans.

Les anciens, qui prétendaient expliquer les mouvements des planètes en les faisant circuler autour de la Terre, n’étaient parvenus à rendre compte, par cette hypothèse, ni des mouvements de Mercure, ni des mouvements de Vénus. Telle est la raison du vague dans lequel Ptolémée laissa la théorie de ces deux astres.

En renouvelant une conjecture heureuse des Égyptiens, Copernic fit mouvoir Mercure et Vénus dans des orbites circulaires, à l’intérieur desquelles le Soleil était placé, tandis que la Terre se trouvait fort en dehors des deux orbites. On lui objecta, dit-on, que dans cette hypothèse les deux planètes auraient des phases. La tradition attribue à l’astronome de Thorn cette réponse prophétique : « Les phases existent et elles seraient visibles si l’on parvenait à voir nettement le contour de l’image. » Remarquons, toutefois, que ces paroles ne sont pas consignées dans le Traité des révolutions célestes. Là, le célèbre auteur lève la difficulté qu’on lui avait faite, en disant que la matière de Vénus pouvait être lumineuse par elle-même, ou se laissait pénétrer et imbiber, pour ainsi dire, de la lumière solaire, au point que chacune de ses parties constitutives extérieures ou intérieures en renvoyait une portion vers la Terre.

L’objection qu’on avait faite à Copernic reposait sur une observation dont l’inexactitude, en point de fait, fut établie en 1610, par Galilée.

  1. Ἔσπερος, ὃς ϰἀλλιστος ἐνούρανᾤ ἳσταγαι ἀστἠρ.
    Hesperus, quæm pulcherrima in cœlo posita est stella.
    Vesper, la plus belle étoile placée dans le ciel.