Astronomie populaire (Arago)/XIII/06

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 30-33).

CHAPITRE VI

direction du mouvement de translation du système solaire


La question du mouvement de translation qui emporte notre propre système solaire à travers les espaces célestes n’était arrivé qu’aux conjectures lorsque William Herschel s’en saisit pour la première fois au commencement de l’année 1783. Il déduisit du nombre très-restreint des mouvements propres connus à cette époque, la position du point du ciel vers lequel le Soleil se dirige avec son cortége de planètes ; il trouva que notre système marche vers l’étoile λ de la constellation d’Hercule, ou, plus exactement, vers un point qui, en 1783, était situé par 257° d’ascension droite et par 25° de déclinaison boréale. Ce résultat ne pouvait être regardé que comme probable, puisqu’il reposait sur la supposition que les mouvements propres des étoiles étaient dirigés également dans tous les sens. Mais telle est la conséquence que l’on peut tirer des observations considérées dans leur ensemble. La constellation d’Hercule paraît grandir d’année en année, tandis que, dans le même temps, la constellation opposée va en diminuant.

Deux ans après le beau travail dû à Herschel, M. Prévôt, se livrant aussi à cette recherche, trouva pour les coordonnées du point vers lequel le Soleil se dirigeait, un nombre qui différait à peine en déclinaison des résultats que nous venons d’indiquer, mais la différence en ascension droite s’élevait à 27°.

En employant dans la même recherche, au commencement de 1837, jusqu’à 390 étoiles douées de mouvements propres, le directeur de l’Observatoire de Bonn, M. Argelander, trouva, lui, pour les positions du point du ciel vers lequel le Soleil se dirige :

Ascension droite. Déclinaison boréale.
En 1792 
260° 46′,6 31° 17′,7
En 1800 
260° 50′,8 31° 17′,3

Le point que ces coordonnées désignent est peu éloigné d’une étoile de sixième grandeur, numérotée 143 dans la dix-septième heure du catalogue de Piazzi.

M. Luhndal, par des calculs fondés sur les mouvements propres de 147 étoiles, a obtenu, pour l’année 1790 :

Ascension droite. Déclinaison boréale.
252° 53′ 24° 26′

M. Otto Struve, d’après une discussion très-attentive des mouvements propres de 392 étoiles, a trouvé pour les mêmes coordonnées, à la date de 1790 :

Ascension droite. Déclinaison boréale.
261° 12′ 27° 36′

L’accord qui existe entre ces différentes déterminations, obtenues par des méthodes diverses, semble donner à un mouvement propre du Soleil, dirigé vers la constellation d’Hercule, tous les caractères de la certitude. Cette conséquence ressort avec plus d’évidence encore des calculs de M. Galloway, insérés dans les Transactions philosophiques de 1847. En discutant les mouvements propres de 81 étoiles visibles principalement dans le ciel austral, et qui n’avaient pas été employées dans les recherches faites par William Herschel, puis par MM. Argelander et Otto Struve, cet astronome a trouvé que dans son mouvement propre, le Soleil se dirige vers un point du firmament qui, en 1790, avait pour coordonnées :

Ascension droite. Déclinaison boréale.
260° 1′ 34° 23′

Si l’on calcule, pour 1850, les coordonnées du point de la sphère céleste vers lequel le Soleil se dirige, on trouve :

Ascension droite. Déclinaison boréale.
D’après M. Argelander 
258° 23′,6 28° 45′,6
D’après M. Struve 
261° 52′,6 37° 33′,0
D’après M. Galloway 
260° 33′, 0 34° 20′, 0
Moyennes 
260° 19′, 7 33° 32′, 9

Mais la direction du mouvement progressif de notre système solaire étant déterminé avec certaine approximation, il reste à connaître la vitesse avec laquelle il a lieu. M. Struve a calculé qu’un observateur placé à la distance moyenne des étoiles de deuxième grandeur, verrait le Soleil se mouvoir avec une vitesse angulaire annuelle de 0″,34, et M. Peters a trouvé qu’une parallaxe de 0″,209 correspond à cette même distance stellaire. Il résulte de ces nombres que la vitesse absolue du Soleil, accompagné de son cortége de planètes et voyageant vers la constellation d’Hercule à travers l’espace, serait de 2 lieues par seconde.