Astronomie populaire (Arago)/XI/11

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 511-512).

CHAPITRE XI

les espaces les plus pauvres en étoiles sont voisins
des nébuleuses les plus riches


Il y a dans le corps du Scorpion un espace de quatre degrés de large dans lequel on n’aperçoit pas d’étoiles. Sur le bord occidental de ce vaste trou obscur, existe la nébuleuse marquée 80, dans le catalogue de la Connaissance des temps, la nébuleuse que William Herschel considère comme un des amas d’étoiles les plus riches et les plus condensés que le firmament puisse offrir aux méditations des astronomes.

Le même phénomène se reproduit près du quatrième groupe nébuleux de la Connaissance des temps. Ce groupe est également situé sur le bord occidental d’un espace où il n’y a pas d’étoiles.

Ces espaces noirs, ces sortes de trous, ces places du ciel où l’on n’aperçoit aucune étoile, sont nommés par quelques astronomes des sacs à charbon.

Rapprochons les faits précédents de l’observation qui nous a montré les étoiles très-condensées vers le centre des nébuleuses sphériques ; de l’observation où nous avons puisé la preuve que ces astres obéissent sensiblement à une certaine puissance de condensation (chap. vi), et nous nous sentirons disposés à admettre avec William Herschel, que les nébuleuses se sont quelquefois formées par le travail incessant d’un grand nombre de siècles, aux dépens des étoiles dispersées qui primitivement occupaient les régions environnantes ; et l’existence d’espaces vides, d’espaces ravagés, suivant l’expression pittoresque du grand astronome n’aura plus rien qui doive confondre notre imagination.