Astronomie populaire (Arago)/XI/06

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 505-507).

CHAPITRE VI

nébuleuses circulaires ou globulaires


La forme circulaire est celle que les nébuleuses résolubles paraissent affecter le plus ordinairement. Herschel s’est livré à l’examen des nébuleuses circulaires d’une manière toute spéciale. Il a déduit de ses observations d’importants résultats, dont je vais essayer de donner une idée exacte.

La forme circulaire n’est qu’apparente ; la forme réelle doit être globulaire, sphérique. Une observation que je rapporterai tout à l’heure rendra cela évident.

En général les étoiles dont ces nébuleuses se composent paraissent être à fort peu près de la même grandeur[1]. Elles sont distribuées autour du centre de figure avec une parfaite régularité ; aussi, à des distances pareilles de ce centre, l’éclat est-il absolument égal dans toutes les directions.

Plaçons, très au loin, une nébuleuse sphérique dans laquelle les étoiles soient également condensées, au centre, au bord, partout ; l’œil démentira cette composition. Menons un rayon visuel qui traverse la sphère près du bord ; l’espace compris entre le point d’entrée et le point de sortie sera fort court ; le rayon côtoiera donc très-peu d’étoiles. À mesure que ce rayon visuel se rapprochera du centre, sa partie comprise dans la sphère deviendra plus longue et le nombre des étoiles qu’il rencontrera ira en augmentant. Le maximum s’observera au centre même.

L’augmentation graduelle d’intensité, du bord au centre, que présente toute nébuleuse en apparence circulaire, peut aussi être considérée comme la preuve manifeste de la forme globulaire, de la forme sphérique du groupe stellaire.

Il est facile de pousser ces considérations plus loin.

Nous venons de rappeler que les parties des rayons visuels qui sont comprises dans une sphère vont en augmentant de grandeur en allant du bord au centre. Si la sphère est remplie d’étoiles également espacées, les longueurs de ces parties de rayons visuels seront proportionnelles au nombre des étoiles que les rayons côtoieront ; elles donneront la mesure de l’intensité lumineuse de toutes les régions de la nébuleuse, depuis le bord jusqu’au centre. Eh bien, qu’on mène des lignes à peu près parallèles à travers une sphère. Près du bord, ces lignes varieront de longueur avec rapidité ; près du centre, au contraire, elles varieront très-peu. La nébuleuse devra donc varier d’éclat, très-rapidement sur les bords et à peine vers le centre. C’est l’inverse qu’on observe. Il y avait donc quelque chose d’inexact dans l’hypothèse dont nous sommes partis ; nous avions eu tort de supposer que les étoiles existaient dans toutes les parties de la sphère, à l’état d’une égale concentration. L’augmentation rapide d’intensité vers le centre, la présence à ce centre même d’une sorte de noyau lumineux, prouvent que les étoiles sont plus condensées là et aux alentours que partout ailleurs. Un pareil résultat est important, à la fois par sa nature et par sa généralité. On doit le considérer comme l’indice manifeste de l’existence d’une force de condensation dirigée de toutes parts vers le centre du groupe globulaire.

Le lecteur a sous les yeux un exemple d’une nébuleuse globulaire dans celle du Centaure (fig. 117), dont nous avons déjà parlé (chap. iv).

  1. Je ne puis résister à la tentation de consigner ici deux observations curieuses de James Dunlop. Cet astronome, pendant son séjour à Paramatta (Nouvelle-Hollande), remarqua, par 11h 29m 20s d’ascension droite, et par 29° 16′ de distance polaire australe, une nébuleuse résoluble de 10′ de diamètre dans laquelle trois étoiles rouges et une étoile jaune brillaient, avec ces genres particuliers de lumière, au milieu d’une multitude d’étoiles blanches. Une fois, son puissant télescope dirigé par 18h 49m 5s d’ascension droite et 53° 10′ de distance polaire, lui offrit une nébuleuse de 3′ 1/2 de diamètre, composée tout entière d’étoiles bleuâtres.