Astronomie populaire (Arago)/II/05

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 43-45).

CHAPITRE V

des cadrans solaires


Les cadrans solaires (fig. 15) sont d’une date très ancienne ; on appelle ainsi des instruments dans lesquels le temps est mesuré par le mouvement de l’ombre que projette sur un plan une tige éclairée par le soleil.

Fig. 15. — Cadran solaire.

On lit dans le Livre des Rois, chapitre xx, et dans Isaïe, chapitre xxxviii, que, pour rassurer Ézéchias contre les pronostics d’une mort prochaine, Dieu fit marcher en arrière, c’est-à-dire retourner sur ses pas, l’ombre de l’horloge d’Achaz.

Achaz était roi de Juda, 742 ans avant J.-C.

L’invention des cadrans solaires remonte donc, d’après les témoignages de l’Écriture, à sept siècles et demi au moins avant l’ère chrétienne.

En Grèce, le premier cadran solaire, s’il faut s’en rapporter aux preuves écrites, fut établi, à Lacédémone, par Anaximandre, vers l’an 545 avant J.-C.

Hérodote, postérieur à Anaximandre de près d’un siècle, dit que les Grecs avaient emprunté aux Babyloniens la division du jour en douze parties. Cette division s’effectuait-elle en Chaldée à l’aide de cadrans solaires ou par l’intermédiaire de clepsydres ? Hérodote n’aborde pas cette question.

Il serait difficile d’assigner avec précision l’époque de l’introduction des cadrans solaires chez les Romains.

Pline, livre vii, chapitre lx, nous dit, mais sans se rendre garant du fait, que le premier cadran fut érigé à Rome par Papirius Cursor (306 ans avant J.-C.).

L’an 270 avant J.-C. vit s’en élever un autre au Forum. Il avait été apporté de Catane, en Sicile, par Valerius Messala.

Il y avait dans les maisons opulentes, chez les anciens, un esclave spécialement chargé d’aller chercher l’heure et de la rapporter à son maître.

L’heure que l’esclave allait chercher, il la trouvait aux cadrans solaires établis sur les places publiques ; mais dans le trajet de la place au logis, que devenait-elle ?

L’heure obtenue de cette manière était suffisante pour les usages ordinaires de la vie ; mais elle n’avait aucune précision ; on n’aurait pas pu en tirer parti dans des recherches scientifiques.