Association de Demi-Vierges Vol.I/III

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III


Mais les attouchements cessèrent comme par enchantement, et, toute interdite, Balbyne vit entrer un prêtre de très belle prestance, un monsieur habillé de noir et miss Blettown, le visage radieux.

Le prêtre, calme, comme s’il n’avait rien vu, dit à Miss :

— Voilà votre jeune pupille, mademoiselle Balbyne de Primetard, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur l’aumônier. Balbyne, je vous présente monsieur l’abbé Tisse.

— Monsieur l’abbé, murmura Balbyne toute confuse.

— Ne vous troublez pas, mon enfant, nous sommes sur cette terre pour nous faciliter l’existence et non pour nous la rendre détestable, n’est-il pas vrai, monsieur Bellanier.

— Pourvu que les mécréants et les infidèles ne participent pas à nos joies, mon cher aumônier.

— Mes chères amies, reprit l’abbé, voici monsieur le sénateur Bellanier, dont la morale est irréprochable, et qui poursuit de sa juste colère : la licence effroyable de nos rues, il est des nôtres, parce qu’en nous est le salut, dans la saine appréciation de nos devoirs terrestres et de nos appétits sensuels.

Le sénateur s’inclina et ses yeux papillonnèrent sur les trois femmes, se fixant sur la sécheresse de miss Blettown, qui ne semblait pas lui déplaire.

Ainsi que dans un salon ordinaire, on s’assit et la conversation s’engagea, posant les préliminaires des satisfactions que chacun rêvait dans son for intérieur.

L’abbé Tisse dit enfin à Balbyne :

— Votre gouvernante, mon enfant, nous a témoigné votre désir de vous associer à notre sainte règle. Je suis très heureux de ces dispositions et si, à présent que vous êtes devant ces chers amis, vous les maintenez, je n’aurai plus qu’à vous fournir vos moyens d’admission. Êtes-vous toujours prête à ce que je vous ai indiqué ?

— Toujours, Monsieur l’abbé.

— Très bien, très bien. Veuillez vous placer debout au milieu du salon.

Balbyne obéit et l’abbé Tisse continua :

— Vous êtes une voyeuse, c’est-à-dire que vous aimez de voir et ensuite d’être vue, mon enfant. Avant de voir, il faut que l’on vous voie, et avant d’être caressée, caresser. Comprenez-vous ?

— Je ne demande qu’à comprendre.

— Montrez vos cuisses.

— De cette manière ?

— Vos jupes sont mal ramenées, remontez-les à hauteur des seins.

— Comme ça ?

— Oui. Demeurez en place. Mon cher sénateur, qu’en pensez-vous ?

— Merveilleux, merveilleux ! Une jeune fille est un don de la Providence. Ah, ces cochons, qui foutent de sales images de nudités sur les murailles et sur les kiosques, jamais ils n’auraient l’idée d’une telle pose !

— Heureusement, sans quoi nous exigerions qu’on les poursuive.

— Oui, oui, les poursuivre. Les peintres, les gens de lettres, tout ce qui ne s’occupe pas de politique ou de religion, ce sont des obscènes, des pornographes.

— Vous fatiguez-vous, ma petite ?

— Oh, pas du tout, j’aimerais bien qu’on me touchât.

— Patience, patience ! Maintenant, troussez-vous par derrière et très haut aussi, montrez votre joli cul.

— Il n’est pas si joli que celui de Mademoiselle Alexandrine.

— Mais si, mais si ! Vous l’a-t-on fouetté souvent, lorsque vous étiez jeunette ?

— Deux ou trois fois, pas plus.

— Et depuis que vous êtes grande ?

— Ah, depuis que miss Blettown est ma gouvernante, elle m’a bien fessée une centaine de fois.

— Est-ce exact, Miss ?

— Ne le feriez-vous pas à ma place, devant d’aussi belles rondeurs.

— Et vous, elle ne vous fessait pas ?

— Oh si, la mignonne, elle a voulu voir… mon cul et elle ne l’a pas trouvé laid.

— Un cul n’est jamais laid, vous le savez bien.

— C’est juste.

— Et le vôtre, Miss, a plus d’un amateur pour le peloter, quand il gigote de droite et de gauche.

— Aoh yes, de droite et de gauche.

— Bien, mon enfant, vous tenez parfaitement le cul ; abaissez vos jupes et déshabillez-vous.

— Me déshabiller !

— Dame, la Vérité est nue, et il faut que nous nous rendions compte si vous êtes fille de Vérité. Bellanier, vous trémoussez des jambes, prenez patience, mon ami.

Miss Blettown aida Balbyne à se dévêtir, et, dès qu’elle fut nue, conservant ses bas et ses bottines, Tisse sortit son membre de dessous sa soutane et dit en le gardant dans la main :

— Voilà ce qui fait l’homme, Balbyne ; par cela qui lui crée la puissance, il est le roi de la terre et le maître de la femme. Acceptez-vous son doux service dans la vue et le toucher ?

— Je l’accepte.

— Bellanier, mon ami, montrez votre queue, c’est le moment.

— Enfin ! Oh oui, voilà de l’art ! parlez-moi de ça ! Qu’importe la forme, si l’on sait ce qu’on veut ! Ces gueux de pornographes, ils ne le savent pas, eux, ils font tous des images là où il faut de l’action.

— Ne pensons plus aux turpitudes du dehors, ne pensons plus qu’à la gravité de la mission que nous nous sommes imposés. Réunir les brebis éparses du troupeau sous la sainte autorité des ministres de Dieu, en leur distribuant les sensations charnelles, afin qu’elles résistent à la tentation de prendre un sot amant dans le monde.

— Vous êtes très bien faite, ma fille, approchez, agenouillez-vous devant notre signe viril et étudiez-le à votre aise, pour vous accoutumer à le manipuler dans le plaisir et le rêve, Alexandrine, Bellanier vous sollicitait ; allez à lui et contentez-le, comme il vous contentera. Ma chère Miss, venez par ici, que nous éduquions votre jeune pupille.