Association de Demi-Vierges Vol.I/II
Les deux femmes pénétrèrent dans une grande maison, après avoir sonné, et grimpèrent directement au deuxième étage, sans demander aucun renseignement au concierge, un homme long et maigre, vêtu de noir, imberbe, qui, debout sur le seuil de sa porte, s’inclina avec onction à leur passage.
Introduites par un jeune abbé, un des secrétaires de monsieur l’abbé Tisse, elles durent s’asseoir dans un très vaste salon, d’aspect sévère, et attendre qu’on les appelât, une visite les ayant précédées, et une autre dame étant déjà là.
Balbyne fit une légère moue : miss Blettown lui pressa le genou et murmura :
— Ne vous formalisez pas, ma chérie, monsieur l’aumônier est le grand directeur, et je vous affirme qu’il a beaucoup à travailler en dehors de la petite bagatelle qui nous amène. Du reste, je ne serais pas surprise que nous fussions retardées par de futurs amis, et je vais dans tous les cas m’en assurer pour la dame qui est en face de nous.
La dame, une jeune brune de trente ans, sous une toilette de soie noire, accusait des formes impeccables : elle étudiait avec des yeux très curieux les nouvelles venues. Installée sur un canapé, elle tenait à la main le journal « La Croix », sur lequel elle semblait méditer.
Soudain elle posa le journal et porta un doigt à ses lèvres. Miss Blettown dit alors à Balbyne :
— Chérie, je ne me suis pas trompée, appuyez la main droite sur vos genoux.
— Pourquoi ça, Blettown ?
— Vous le verrez, ne perdez pas votre temps en questions.
Quand elle eut mis la main sur ses genoux, Balbyne vit la dame se lever, croiser les bras sur sa poitrine et s’incliner devant miss Blettown qui, sans façon, releva le bas de sa jupe et montra ses jambes à mi-mollets.
La dame se troussa à même hauteur, puis, se tournant, exhiba ses fesses.
Miss s’en approcha, s’agenouilla, les baisa et dit :
— Nous sommes sœurs en priekage, je vous présente ma jeune amie et élève, mademoiselle Balbyne de Primetard, qui aspire à devenir des nôtres.
Les jupes retombèrent, Miss se redressa, et la jeune dame, lui ayant baisé la main, dit :
— Je suis Alexandrine Depouloff, directrice d’école et amie de monsieur l’abbé Tisse.
En ce moment le secrétaire apparut et appela miss Blettown, en disant :
— Miss, monsieur l’abbé a un renseignement particulier à vous demander ; il recevra de suite après votre jeune et charmante élève. Mademoiselle Alexandrine, monsieur Bellanier n’est pas encore arrivé, il ne tardera pas.
— Bien, bien, je causerai avec Mademoiselle.
Miss avait disparu avec le secrétaire, que Balbyne n’était pas encore revenue de l’étonnement provoqué par l’échange de gestes fait entre sa gouvernante et l’inconnu. Celle-ci sourit et lui dit :
— Miss m’a appris votre qualité de postulante, et m’a révélé votre nature décidée par la pose de votre main sur les genoux. J’ai fait les avances en me troussant par derrière, parce que votre vue m’a été sympathique. Puis-je espérer qu’il en est de même de vous à mon égard ?
— Je suis heureuse de savoir que vous êtes du nombre de celles appelées à devenir mes amies.
Prouvez-le en me rendant… mes avances.
— Comment ?
— J’ai montré, montrez à votre tour. Je suis une voyeuse, j’aime à voir aussi bien les femmes que les hommes.
— Oh, moi aussi.
— Eh bien, montrez.
Avec timidité, Balbyne se troussa, et comme sur la recommandation de miss Blettown, elle n’avait pas mis de pantalon, Alexandrine put contempler ses fesses, blanches et bien rondes, ainsi que son jeune ventre, orné d’un fin duvet doré et soyeux.
— Vous êtes vraiment jolie, chérie !
— Oh, pas autant que vous.
— Vous m’avez à peine vue !
— Remontrez-moi vos beautés.
— Volontiers.
Les deux femmes, jupes troussées, se trouvèrent en présence, se dévorant mutuellement du regard, sans cependant se décider au toucher.
Alexandrine avait une belle touffe de poils noirs qui attirait l’œil et retenait les regards avides de Balbyne ; elle les toucha et dit :
— Bruns et dorés sont créés pour s’entendre : approchons nos ventres et touchons-nous.
Promptement Balbyne s’empressa d’obéir et quelques attouchements commencèrent sur les fesses et les cuisses.
— Nous nous reverrons, murmura Alexandrine, et nous ferons les deux colombes de l’Arche.
— Les deux colombes de l’Arche !
— Ma mamelle allaitera ta concupiscence, et la tienne vivifiera ma luxure.
— Où habites-tu ? Mon institution est à Auteuil, rue des Trois-Sifflets.
— J’habite avenue du Trocadéro.
— Ta gouvernante te mènera.
— Je le lui demanderai.
— Elle me l’a promis.
— Vous ne vous êtes pas parlé !
— En me baisant les fesses, elle le promettait ; comme je lui promettais qu’elle trouverait toujours un priekeur[1] chez moi, en lui baisant la main.
— Ah !
- ↑ Du mot anglais “ priek ” : pine.