Armand Durand ou la promesse accomplie/11

Traduction par J. A. Genand.
Plinguet & Laplante (p. 154-167).

XI


Selon son habitude, Paul ne fit qu’un court séjour à Montréal, et le lendemain, ayant terminé ses achats pour le malade et la maison, il laissa la ville. Armand aurait désiré l’accompagner pour voir son père malade, mais Paul s’y opposa vivement, sous prétexte que s’il laissait ainsi ses études, cela indisposerait et chagrinerait leur père, chose que dans son état de souffrance actuel il fallait éviter avec soin.

Quelque temps après cette visite, Armand écrivit deux lettres à son père ; pour toute réponse, il ne reçut que quelques lignes, écrites à la hâte, par lesquelles Paul l’informait que leur père était un peu mieux. Plus tard il reçut une lettre de Durand lui-même, dans laquelle celui-ci et la tante Françoise lui donnaient un grand nombre de solennels avertissements relativement au danger des mauvaises compagnies, des avis explicites sur la nécessité de profiter du temps, avec de simples suggestions touchant les dépenses de son entretien à la ville ; et à la demande qu’il avait posée s’il ne ferait pas bien de courir à la campagne pour quelques jours afin de les voir, on lui disait assez brièvement de rester là où il était et de profiter de ses avantages actuels.

Armand fut profondément blessé de ce traitement, car en réalité il ne l’avait pas mérité. Ses lettres chez son père devinrent plus froides, plus courtes et plus rares, et cela expliqua les épîtres de la famille qui lui parvenaient en réponse. De temps à autre il recevait de Paul un bulletin, assez amical du reste, qui lui donnait des nouvelles de la santé de leur père et du changement de caractère que les douleurs rhumatismales avaient opéré en lui, que de doux et d’humeur égale qu’était son tempérament, il était devenu irascible et impatient ; puis il terminait par quelques petits détails sur la terre ou les animaux.

Notre héros prit la résolution de ne pas s’arrêter, si la chose lui était possible, à ces tristes et douloureux changements. Il continua à étudier, à sortir lorsqu’il y était invité et même quelques fois, mais très-rarement, il prit part aux bruyantes parties de plaisir organisées par Lespérance et ses amis, car il ne pouvait pas toujours les refuser, de crainte de les insulter. Lorsqu’il écrivait à Paul et qu’il était en disette de sujets, il lui donnait tous ces détails et il lui parlait franchement, lui racontant même une fois, que Lespérance lui avait emprunté de l’argent et qu’il n’avait pas d’espoir qu’il le lui remit. Les lettres de Paul l’encourageaient à faire ces confidences sans restriction, car il lui disait souvent combien ses lettres amusantes égayaient leurs longues et mornes veillées et combien lui, Paul, goûtait les descriptions exactes de la vie de la ville et de ses plaisirs.

Armand, cependant, parlait rarement de Délima Laurin. Il avait conçu pour la jeune fille un intérêt naissant, provoqué plus par la partialité évidente qu’elle manifestait envers lui que par sa beauté, et cet intérêt le poussait à rester muet sur ce sujet dans ses lettres à Paul. À dire vrai, il avait peu de chose à en écrire : de temps à autre une veillée tranquille à jouer aux cartes ou aux dames ; bien rarement un tour de carriole avec elle et madame Martel ; ou bien, les soirs de grands froids, une longue conversation autour du grand poêle double de la salle : leur intimité n’allait pas au-delà. Les fréquentes absences de madame Martel de la chambre, — lesquelles avaient l’air d’être faites à dessein, — ne lui firent jamais changer le ton de sa voix, soit pour diversifier ou s’attirer un plus doux regard de la belle jeune fille. Il n’aurait peut-être pas été aussi indifférent si une autre figure, capricieuse, fière et charmante, ne s’était pas présentée à son esprit, l’endurcissant contre toute autre influence.

Le carnaval était bien gai. Comme Durand allait mieux, du moins d’après ce que Paul écrivait, Armand jouissait sans remords des innocents plaisirs que lui offrait la société. Il rencontrait quelques fois mademoiselle de Beauvoir aux plus recherchées de ces soirées, et parfois il avait le rare privilège de danser avec elle, et elle se montrait toujours pour lui gracieuse et aimable à l’extrême. Ce qu’il y avait de singulier, c’est que chacune de ces rencontres avait l’effet de le rendre des semaines entières tout-à-fait insensible aux charmes de Délima.

Pendant la dernière semaine des fêtes il éprouva une grande envie d’aller voir son père, quand bien même on ne désirerait pas sa présence ; en conséquence, le mardi gras, dernier jour du carnaval, il partit pour Alonville. Il faisait nuit lorsqu’il arriva en vue de la maison paternelle, et il regarda ardemment dans cette direction, s’attendant à la trouver brillamment illuminée, car depuis un temps immémorial on y avait toujours chômé par des fêtes et des réjouissances la venue du carême, cette saison de jeûnes et de pénitences. Mais une seule lumière brillait faiblement à la fenêtre du salon. Non découragé cependant, il avança, croyant qu’il était un peu de bonne heure pour allumer les lumières, — procédé que par économie on recule autant que possible à la campagne. Lorsqu’il fut arrivé, il laissa son cheval en soin à un vieux domestique de la maison tout joyeux et étonné de le voir, et sans autre avertissement qu’un coup sec frappé à la porte, il entra dans le salon. L’appartement était loin d’être arrangé pour une fête. Madame Ratelle était occupée à coudre près d’une petite table sur laquelle brûlait une chandelle, tandis que Paul Durand était assis dans un grand fauteuil, une jambe emmaillotée de flanelle et étendue sur un tabouret, la tête appuyée sur sa main. Il gardait un sombre silence.

La tante Françoise, en apercevant Armand, se leva précipitamment et courut l’embrasser avec affection, mais son père qui était d’ordinaire calme et peu démonstratif, l’était encore plus en cette circonstance. De fait, cette froideur de la part de son père modéra l’impétuosité avec laquelle le jeune homme s’avançait vers lui, et il en fut si profondément blessé, que ses manières et sa conversation en reçurent un malaise et une gêne que le père remarqua de suite et qui, malgré lui, lui déplurent. La conversation qui suivit fut languissante : on lui exprima des craintes sarcastiques sur ce qu’il pourrait peut-être trouver sa promenade à la campagne très-ennuyeuse, lui habitué à la joyeuse vie de la ville, sur le doute où il était quant à l’utilité ou à la sagesse de faire étudier des professions aux jeunes gens qui n’étaient pas persévérants de caractère.

— Mais, père, pourquoi dites vous cela avec tant de solennité ? demanda vivement Armand. Sur quoi s’appuie-t-on pour m’accuser de manquer de persévérance ?

— Eh ! bien, mon fils, cette idée-là m’est peut-être venue à propos des lettres que tu as envoyées depuis quelque temps à Paul et dont il nous disait régulièrement la lecture, répondit il sèchement.

— Mais, est-ce qu’elles contenaient quelque chose de défendu, quelque chose de mal ?

— Voici ce qui en est, mon fils. Tes lettres ne parlaient que joie, fêtes et réjouissances, pendant que tu oubliais ton vieux père qui te fournit l’argent pour te joindre à toutes ces parties de plaisir, ton vieux père étendu malade sur un lit, en proie aux douleurs les plus atroces et au découragement.

Armand se leva à demi, mais madame Ratelle qui interprétait bien son air indigné, intervint par un signe de tête en lui montrant le membre entortillé et la fiole de remèdes qui était près de lui.

— Paul, mon frère, il ne faut pas que tu sois trop sévère envers notre garçon. Il est bien difficile pour un jeune homme de vivre dans une ville comme un ermite.

— Mon père, Paul m’a écrit que vous étiez mieux ; et il y a quelques semaines, lorsque, chagrin et inquiet sur votre santé chancelante, j’ai exprimé le désir de venir vous voir, il m’écrivit sèchement que vous désiriez que je restasse où j’étais afin de ne point perdre mon temps.

— Je lui ai dit cela une fois, c’est par manque de bon cœur que Paul t’a écrit que j’étais mieux. Ah ! quel estimable fils ! il sera mon bâton de vieillesse ! Que serais-je devenu, que seraient de venus la terre et tous nous autres si, lui aussi, s’était mis à étudier le Droit ou la médecine ? Mon file est un franc travailleur ; industrieux, il se lève de bonne heure et se couche tard ; à l’ouvrage depuis le matin jusqu’au soir, il ne va jamais en parties de plaisir, ni en soupers d’huîtres, et il n’a jamais besoin de gants de kid blancs.

À mesure que son père parlait sur ce ton, Armand rougissait de plus en plus, et en dépit des regards suppliants de la tante Françoise, il était sur le point de répliquer lorsque Paul entra. Cependant, malgré cette diversion, les choses n’en allèrent pas mieux. Les doux efforts de la tante Françoise et l’excellent souper qu’elle prépara ne réussirent pas à amener dans le petit cercle plus de cordiale gaieté, ni à faire disparaître l’irritabilité dont les manières de Durand étaient empreintes.

Après que l’on se fût séparé pour la nuit et que les deux frères furent assis ensemble dans la chambre à coucher de Paul, Armand lui dit brusquement :

— Pourquoi as-tu montré mes lettres ?

— Parce que je ne croyais pas qu’il y eût de mal à le faire, parce que je pensais qu’elles amuseraient notre père au lieu de le contrarier. Si je ne les lui avais pas montrées, il aurait supposé qu’elles contenaient quelque chose de terrible.

— Il est si changé que je le reconnais à peine ! dit Armand d’un air sombre. Qu’est ce que tout cela veut donc dire ?

— L’âge et le rhumatisme, répondit laconiquement Paul. Il ne faut pas que tu penses que je n’ai pas ma part de reproches : je voudrais que tu l’entendrais lorsqu’il y a quelque chose qui ne va pas bien, quand même ce n’est que le carreau du châssis de l’étable qui est resté ouvert.

Trompé sur les sentiments de son frère, Armand sentit s’évanouir le faible rayon de soupçon qui avait traversé son esprit.

— Pauvre Paul ! s’écria-t-il, ce doit être dur à supporter !

Minuit était sonné depuis longtemps et le frère aîné ne dormait pas encore, la respiration bruyante de Paul, habitué à se coucher et à se lever de bonne heure, contribuant doublement à l’empêcher de s’endormir. Armand se réveilla et se leva plus tard que de coutume ; lorsqu’il descendit, il apprit qu’il y avait longtemps déjà qu’on avait déjeûné et que son frère était parti depuis une heure pour ses travaux.

— Pourquoi Paul ne m’a-t-il pas réveillé ? demanda-t-il.

— Parce qu’il savait que tu n’étais pas habitué à cette misère, répondit son père d’un ton moqueur qui irrita autant qu’il chagrina le jeune homme.

La tante Ratelle lui servit bientôt un excellent déjeûner, mais il n’avait pas faim : cependant, il resta à table quelques minutes, pendant lesquelles il répondit à quelques questions brèves que lui fit son père sur les progrès qu’il faisait dans ses études légales, sur ses espérances pour l’avenir ; puis il se leva et s’approcha de la fenêtre. Quoique l’on fût au milieu de mars, une furieuse tempête de neige sévissait au dehors, et en la contemplant il sentit une singulière sympathie entre elle [qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus triste qu’un paysage de campagne pendant une tempête de neige ?] et la douloureuse tristesse qui remplissait en ce moment son cœur. À la suite d’une question froide de la part de son père, suivie d’une réplique un peu vive, laquelle à son tour lui attira une observation piquante, il prit une résolution. Oui il s’en retournerait de suit à la ville ; oui, il endurerait plus aisément l’air glacial de l’hiver que l’atmosphère de duretés qui avait si subitement envahi le toit paternel, autrefois si heureux. Lorsqu’il manifesta son intention de partir si vite et par un pareil temps, la tante Ratelle s’y opposa avec chaleur ; mais Durand, guidé peut-être par l’orgueil, y mit peu d’opposition. Cependant, lorsqu’il lui souhaita le bonjour, il s’opéra dans sa voix et ses manières un adoucissement subit qui tenta presque Armand à mettre le malaise de côté et à demander ce qui pouvait avoir refroidi l’amour profond qui existait entr’eux et qui avait rendu leurs relations heureuses ; mais il en fut empêché par la crainte d’une rebuffade et de s’entendre dire ce qu’il redoutait, que c’était la dépense qu’il occasionnait à son père qui était cause de la froideur et de l’irritabilité paternelles.

De retour à la ville, notre héros se livra à la routine journalière de sa vie avec autant de diligence qu’avant, mais avec une disposition d’esprit moins joyeuse. Les lettres de chez son père devinrent de plus en plus rares et aussi peu satisfaisantes que jamais ; de son côté, il écrivit bien rarement, et lorsqu’il le faisait, il adressait ordinairement ses lettres à Paul.

Par une superbe après-dinée qu’il paraissait plus triste que d’ordinaire, madame Martel, à qui il faisait pitié, vu que depuis quelque temps il était souvent retenu à la maison et au bureau, insista auprès de lui pour qu’il allât se promener.

— Et puis, M. Durand, ajouta-t-elle, si vous aviez la bonté de m’obliger en emmenant ma pauvre Délima avec vous. Elle aussi a besoin de prendre l’air : elle est si industrieuse et travaillante, qu’elle ne pense jamais à se reposer.

Sans laisser voir d’intérêt ou de plaisir, Armand consentit, et la vieille madame Martel partit souriante et joyeuse pour aller dire à sa cousine de s’habiller. Délima voltigea bientôt en bas des escaliers : elle était vraiment charmante dans sa simple mais gracieuse toilette, et Armand lui ouvrit la porte en lui adressant quelques paroles de politesse. Tout-à-coup, madame Martel accourut dans le passage, tout essoufflée d’être descendue avec précipitation, et pria Délima d’aller chez sa cousine Vézina pour emprunter le patron de sa coiffe neuve.

— C’est un peu loin, dit mademoiselle Laurin en hésitant.

— Où demeure t-elle ? demanda Armand.

— Près du Pied-du-Courant, à Hochelaga.

— Oh ! c’est très-loin, répliqua t-il ; cette course va trop fatiguer mademoiselle Laurin.

— Pas du tout, interrompit à la hâte madame Martel. Délima est une bonne marcheuse : il n’y a pas de distance pour la fatiguer, et je voudrais bien avoir ma coiffe neuve pour dimanche. Soyez assez bon pour m’obliger, M. Durand.

— Bien, puisque vous insistez et que mademoiselle Délima pense être capable d’entreprendre la route je le veux bien.

Et sans en dire davantage, les deux jeunes gens partirent.

Leur promenade fut assez agréable, et ils arrivèrent chez madame Vézina aussi dispos qu’à leur départ. On prêta de bon cœur la coiffe, puis on leur offrit l’hospitalité : il fallut absolument prendre une tasse de thé. On résista avec fermeté à la crainte qu’avait Délima que cela les retardât trop ainsi qu’à la suggestion que fit Durand qu’un verre de lait serait aussi bien reçu et que cela leur permettrait de partir immédiatement pour leur résidence. Tout fut inutile. Les mérites de la tasse de thé furent renchéris par de bons biscuits chauds et autres friandises ; mais il avait fallu un temps considérable pour les préparer, en sorte que lorsque la fête fut terminée et que Délima se leva pour mettre son chapeau, Armand, au lieu de donner une pensée d’approbation à l’excellent repas qui lui avait été servi, s’emporta secrètement contre l’heure avancée et la stupidité de madame Martel en les envoyant à une telle distance le soir.

Ils se mirent immédiatement en route pour la maison, et le crépuscule fut bientôt, heureusement, remplacé par un superbe et beau clair de lune. Délima, rendue peut-être nerveuse par l’heure comparativement avancée qu’il était, trébucha une couple de fois : en sorte que son compagnon se sentit obligé par la simple politesse de lui offrir l’appui de son bras. Pendant qu’ils cheminaient seuls, leur ombrage se projetait sur la rue : de temps en temps elle le regardait de ce timide regard qui convient si bien à quelques femmes. Soudain on entendit le bruit d’une voiture qui venait lentement dans leur direction.

Ceux qui l’occupaient, deux dames et un monsieur, examinèrent avec attention nos amis ; ce fut avec un sentiment d’une inexprimable mortification qu’Armand reconnut dans ces personnes madame de Beauvoir et sa fille, avec Victor de Montenay. Pour répondre à son salut profond, deux de ces personnes firent une petite inclinaison de tête ; mais Gertrude avait le visage tourné de côté, et cependant la pleine lune éclairait assez pour s’apercevoir que ce visage paraissait froid et fier comme s’il eût été de marbre.

Armand s’emporta contre le malencontreux concours de circonstances qui l’avaient poussé dans cette position ; il apostropha en lui-même madame Martel dans des termes moins que flatteurs et n’excepta pas la jolie Délima de cette condamnation. En vain le regardait-elle d’une manière plus engageante que jamais ; en vain la douce lumière ajoutait-elle un plus beau lustre à ses yeux splendides, une beauté d’ange à ses traits délicats : Armand ne voyait, n’avait de pensée que pour ce visage froid et implacable qui, pour la première fois, lui avait jeté un regard de mépris.

— Quelles sont donc ces dames qui étaient dans la voiture ? demanda timidement Délima en rompant le long, silence qui avait suivi.

— Madame et mademoiselle de Beauvoir, répondit-il brièvement, incapable de déguiser dans sa voix une certaine irritation cachée. Mais il faut que nous marchions plus vite, mademoiselle Laurin, il est très-tard.

Après cela peu de paroles s’échangèrent entre les deux jeunes gens. Armand n’était pas d’humeur à parler, et Délima, richement dotée sous le rapport de la beauté, ne l’était pas beaucoup sous celui de l’esprit et des connaissances. En arrivant à la maison notre héros, sans s’arrêter à répondre au sourire de bienvenue de madame Martel, gagna sa chambre le plus vite qu’il put.

— A-t-il parlé ? demanda-t-elle avec empressement et à voix basse à sa cousine, pendant qu’elles étaient encore dans le vestibule.

— Rien d’à-propos, répondit la jeune fille avec des larmes dans les yeux.

— Ciel ! comme il doit avoir le cœur de pierre ! observa la bonne femme en élevant ses mains et ses yeux en l’air. Mais conserves ton courage, ma Délima ; j’ai courtisé six mois mon vieux et digne mari avant qu’il condescendît à me faire l’amour, et cependant, vois comme il pense toujours à moi, et quel heureux couple nous faisons ! Mais as-tu faim, ma petite ? J’ai dans l’armoire d’excellente tête en fromage et une tranche de galette au beurre.

— Oui, je vais prendre une bouchée, car chez ma tante Vézina je n’ai pu manger, vu que monsieur Durand avait toujours les yeux fixés sur moi.

— Bah ! ces messieurs ne pensent pas que, parce qu’une fille est jolie et charmante, elle doive vivre, comme une abeille, de miel et de fleurs. Dieu merci ! ma Délima peut manger de la nourriture plus substantielle. Viens d’abord à l’armoire, et puis au lit, car tu dois être fatiguée de cette longue promenade qui n’a rapporté aucun profit.