Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Hyakou-nin-is-syou/Le clair de lune

LE CLAIR DE LUNE[1]
















Aki kaze-ni tanabiku kumo-no tahema-yori,
More-idzŭru tsŭki-no kage-no sayakesa.



À travers les éclaircies des nuages accumulés par le vent d’automne,
Pénètre la clarté lumineuse de la lune.


Cette pièce, extraite du 新古今集 Sin-ko-kin-syû, a été composée par le grand officier[2] Aki-sŭke. Son père, Aki-sŭye, était lui-même poëte et imitait le genre de Hito-maro. Jadis Fudzi-vara-no Kane-fusa avait vu en songe l’image de ce dernier poëte ; et, après l’avoir peinte, il l’avait offerte à l’empereur Sira-kawa-no In (1073 à 1086 de notre ère). Akisouyé demanda communication de ce portrait au mikado et le fit copier par Uye-mon-no-ta-i’u Nobu-sige, puis il chargea Mina-moto-no Aki-naka d’en écrire l’histoire.

Au commencement de l’ère impériale Gen-yeï (1118), Akisouyé invita Mina-moto-no Tosi-yori et d’autres personnages à venir célébrer l’anniversaire de la mort de Hitomaro ; et, depuis cette époque, il renouvela chaque année cette cérémonie. L’empereur, en entendant parler de son dévouement pour la mémoire de Hitomaro, lui fit cadeau d’un village, afin de couvrir les frais de la cérémonie.

Plus tard, le portrait original du poëte fut brûlé dans un incendie, et il ne resta plus que la copie. Akisouyé déclara alors que personne, fût-il même son descendant, ne posséderait le portrait de Hitomaro, s’il n’était habile dans l’art de composer des vers. Or le dernier fils d’Akisouyé, qui s’appelait Aki-sŭke (auteur de la pièce qu’on a lue plus haut), se rendit célèbre par ses poésies, et son père, en récompense, lui donna le portrait.

On doit à Akisouké une Anthologie intitulée Si-kwa-siû.

  1. Hyakŭ-nin-is-syu, pièce lxxix ; Hito-yo gatari, vol. VII, fo 24 ; Si-ka-zen-yô, p. 22.
  2. Du titre de Sa-kyô-no ta-i’u.