Anthologie féminine/Mme de Tencin

Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. 128-129).

Mme DE TENCIN
(Claudine-Alexandrine Guérin)

(1681-1749)


Fut d’abord chanoinesse de Neuville. À Paris, son salon réunissait l’élite des écrivains et des savants[1].

Elle a écrit plusieurs romans : le Comte de Comminges, le Siège de Calais, les Malheurs de l’amour et un grand nombre de lettres.

Elle disait un jour à Marmontel :

Malheur à qui attend tout de sa plume ; rien de plus casuel. L’homme qui fait des souliers est sûr de son salaire, l’homme qui fait un livre ou une tragédie n’est jamais sûr de rien.

Sa conduite fut des plus légères ; nous ne nous occuperons pas de sa vie privée. Elle s’est avouée la mère de d’Alembert, que l’on avait trouvé abandonné sur les marches de l’église Saint-Roch peu de jours après sa naissance. Alors qu’il fut arrivé à une réputation universelle, elle essaya de revendiquer ses droits maternels qu’elle avait méconnus si longtemps ; mais il lui répondit en lui montrant la paysanne qui l’avait élevé : « Ma mère, la voici, je ne connais qu’elle qui a pris soin de moi. » Cet épisode a été reproduit sur la toile par Jean Gigoux.


  1. La Harpe et Villemain en ont fait le plus grand éloge.