Anthologie des humoristes français contemporains/Auguste Commerson
COMMERSON
Bibliographie. — Petite Encyclopédie bouffonne, contenant : les Pensées d’un Emballeur, les Éphémérides, le Dictionnaire du Tintamarre, Boutades et Bigarrures (1853) ; — Binettes contemporaines, 2 vol. publiés sous le pseudonyme de Joseph Citrouillard, illustrés par Nadar (1855) ; — l’Humanité, ses droits et ses devoirs (1861) ; — plusieurs vaudevilles : la Clarinette mystérieuse ; les Vacances de Cadichet.
Louis-Auguste Commerson naquit le 20 mars 1802. Il fonda en 1860 un journal qu’il appela le Tam-Tam, lequel eut un énorme succès. C’est dans ce journal et plus tard dans le Tintamarre qu’il publia cette série de jeux de mots, calembours et plaisanteries de toutes sortes dont les Pensées d’un Emballeur ne sont que la réunion en volume. Nous aurions passé sous silence cet écrivain fantasque, dont l’esprit paraîtra sans doute d’une qualité bien inférieure, s’il n’avait joui dans son temps d’une vogue considérable, et si Théodore de Banville ne l’avait en quelque sorte immortalisé dans la préface qu’il écrivit pour l’Anthologie bouffonne, préface dans laquelle on peut lire les lignes suivantes, qui ne laissent pas que de nous étonner un peu aujourd’hui :
« Voici un chef-d’œuvre ! et le critique chargé d’écrire en tête des Pensées d’un Emballeur ces quelques lignes de préface peut se dire à lui-même, comme Buridan à M. de Savoisy : « Voilà la fonction la plus importante que vous aurez remplie de votre vie ! » Quoi donc ! vous écrierez-vous : un chef-d’œuvre ces plaisanteries barbouillées à la craie sur un mur d’atelier, ces folies jetées en un jour de caprice dans le plus fou des journaux, le Tintamarre, et qui dépassent encore le Tintamarre en folie désordonnée ! Précisément, spontanéité, élévation, profondeur, la colère de l’artiste inspiré, le mépris hautain du philosophe, l’indulgente sérénité du poète, toutes les qualités des ouvrages durables font vivre ces feuilles que leurs auteurs avaient jetées au vent et que le vent du succès rapporte… »
Et encore :
« Joseph Citrouillard est immortel comme Bilboquet ; et voilà pourquoi on lira avec frénésie ces Pensées d’un Emballeur, dans lesquelles vit audacieusement le côté niais, effronté, cynique, fougueusement matérialiste de notre temps, — temps qui sera racheté pourtant par son espérance et par son rêve ! Là encore c’est Bobêche qui parle, Bobêche avec sa veste écarlate, sa queue rouge et son pavillon symbolique, mais Bobêche qui, tout à coup, sans prévenir, et tout en recevant un coup de pied, rencontre, par une audacieuse bonne fortune, l’axiome de Balzac, la touche de Gavarni, l’éloquente raillerie d’Aristophane ; le tout au milieu de calembredaines à vous rendre fou… »