Annales de l’Empire/Édition Garnier/Louis IV

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LOUIS IV,
neuvième empereur[1].

900. La confusion augmente. Bérenger règne en Lombardie, mais au milieu des factions. Ce fils de Boson, roi d’Arles par les intrigues de sa mère, est, par les mêmes intrigues, reconnu empereur à Rome. Les femmes alors disposaient de tout : elles faisaient des empereurs et des papes, mais qui n’en avaient que le nom.

Louis IV est reconnu roi de Germanie. Il y joint la Lorraine après la mort de Zventilbold, son frère, et n’en est guère plus puissant.

Depuis 901 jusqu’à 907. Les Huns et les Hongrois réunis viennent ravager la Bavière, la Souabe, et la Franconie, où il semblait qu’il n’y eût plus rien à prendre.

Un Moimir, qui s’était fait duc de Moravie et chrétien, va à Rome demander des évêques.

Un marquis de Toscane, Adelbert, célèbre par sa femme Théodora, est despotique dans Rome. Bérenger s’affermit dans la Lombardie, fait alliance avec les Huns afin d’empêcher le nouveau roi germain de venir en Italie ; fait la guerre au prétendu empereur d’Arles, le prend prisonnier, et lui fait crever les yeux ; entre dans Rome, et force le pape Jean IX à le couronner empereur. Le pape, après l’avoir sacré, s’enfuit à Ravenne, et sacre un autre empereur nommé Lambert, fils du duc de Spolette, errant et pauvre, qui prend le titre d’invincible et toujours auguste.

908-909-910-911. Cependant Louis IV, roi de Germanie, s’intitule aussi empereur ; plusieurs auteurs lui donnent ce titre ; mais Sigebert dit qu’à cause des maux qui de son temps désolèrent l’Italie il ne mérita pas la bénédiction impériale : la véritable raison est qu’il ne fut point assez puissant pour se faire reconnaître empereur. Il n’eut aucune part aux troubles qui agitèrent l’Italie de son temps.

912. Sous cet étrange empereur, l’Allemagne est dans la dernière désolation. Les Huns, payés par Bérenger pour venir ravager la Germanie, sont ensuite payés par Louis IV pour s’en retourner. Deux factions, celle d’un duc de Saxe et celle d’un duc de Franconie, s’élèvent, et font plus de mal que les Huns. On pille toutes les églises ; les Hongrois reviennent pour y avoir part. L’empereur Louis IV s’enfuit à Ratisbonne, où il meurt à l’âge de vingt ans[2]. C’est ainsi que finit la race de Charlemagne en Germanie.


  1. Dans les éditions précédentes, le nom de Louis IV était en tête de l’année 912. J’ai cru pouvoir mettre le texte d’accord avec le catalogue qui est en tête de l’ouvrage. (B.) — Voyez aussi tome XI, page 333.
  2. Le 21 janvier. (B.) — À l’âge de dix-huit ans, puisqu’il était né en 893. (G. A.)