Annales de l’Empire/Édition Garnier/Ferdinand III



FERDINAND III,
quarantième-septième empereur.

1637. Ferdinand III monta sur le trône d’Allemagne dans un temps où les peuples, fatigués, commençaient à espérer quelque repos ; mais ils s’en flattaient bien vainement. On avait indiqué un congrès à Cologne et à Hambourg, pour donner au moins au public les apparences de la réconciliation prochaine ; mais ni le conseil autrichien ni le cardinal de Richelieu ne voulaient la paix. Chaque parti espérait des avantages qui le mettraient en état de donner la loi.

Cette longue et funeste guerre, fondée sur tant d’intérêts divers, se continuait donc parce qu’elle était entreprise. Le général suédois, Bannier, désolait la haute Saxe ; le duc Bernard de Veimar, les bords du Rhin ; les Espagnols étaient entrés dans le Languedoc, après avoir pris auparavant les îles Sainte-Marguerite, et ils avaient pénétré par les Pays-Bas jusqu’à Pontoise. Le vicomte de Turenne se signalait déjà dans les Pays-Bas contre le cardinal infant, gouverneur de Flandre. Tant de dévastations n’avaient plus le même objet que dans le commencement des troubles. Les ligues catholique et protestante, et la cause de l’électeur palatin, les avaient excités ; mais alors l’objet était la supériorité que la France voulait arracher à la maison d’Autriche ; et le but des Suédois était de conserver une partie de leur conquête en Allemagne : on négociait, et on était en armes dans ces deux vues.

1638. Le duc Bernard de Veimar devient un ennemi aussi dangereux pour Ferdinand III que Gustave-Adolphe l’avait été pour Ferdinand II. Il donne deux batailles en quinze jours auprès de Rheinfeld, l’une des quatre villes forestières dont il se rend maître ; et à la seconde bataille, il détruit toute l’armée de Jean de Vert, célèbre général de l’empereur ; il le fait prisonnier avec tous les officiers généraux. Jean de Vert est envoyé à Paris. Veimar assiége Brisach ; il gagne une troisième bataille, aidé du maréchal de Guébriant[1] et du vicomte de Turenne, contre le général Gœuts ; il en donne une quatrième contre le duc de Lorraine Charles IV, qui, comme Veimar, n’avait pour tout État que son armée.

Après avoir remporté quatre victoires en moins de quatre mois, il prend, le 18 décembre, la forteresse de Brisach, regardée alors comme la clef de l’Alsace.

Le comte palatin, Charles-Louis, qui avait enfin rassemblé quelques troupes, et qui brûlait de devoir son rétablissement à son épée, n’est pas si heureux en Vestphalie, où les Impériaux défont sa faible armée ; mais les Suédois, sous le général Bannier, font de nouvelles conquêtes en Poméranie. La première année du règne de Ferdinand III n’est presque célèbre que par des disgrâces.

1639. La fortune de la maison d’Autriche la délivre de Bernard de Veimar[2], comme elle l’avait délivrée de Gustave-Adolphe. Il meurt de maladie, à la fleur de son âge, le 18 juillet ; il n’était âgé que de trente-cinq ans.

Il laissait pour héritage son armée et ses conquêtes : cette armée était à la vérité soudoyée secrètement par la France ; mais elle appartenait à Veimar ; elle n’avait fait serment qu’à lui. Il faut négocier avec cette armée pour qu’elle passe au service de la France, et non à celui de la Suède : la laisser aux Suédois, c’était dépendre de son allié. Le maréchal de Guébriant achète le serment de ces troupes, et Louis XIII est le maître de cette armée veimarienne, de l’Alsace, et du Brisgau, à peu de chose près.

Les traités et l’argent faisaient tout pour lui ; il disposait de la Hesse entière, province qui fournit de bons soldats. La célèbre Amélie de Hanau, landgrave douairière, l’héroïne de son temps[3], entretenait, à l’aide de quelques subsides de la France, une armée de dix mille hommes dans ce pays ruiné qu’elle avait rétabli ; jouissant à la fois de cette considération que donnent toutes les vertus de son sexe, et de la gloire d’être un chef de parti redoutable.

La Hollande, à la vérité, était neutre dans la querelle de l’empereur ; mais elle occupait toujours l’Espagne dans les Pays-Bas, et par là opérait une diversion considérable.

Le général Bannier était vainqueur dans tous les combats qu’il donnait ; il soumettait la Thuringe et la Saxe, après s’être assuré de toute la Poméranie.

Mais le principal objet de tant de troubles, le rétablissement de la maison palatine, était ce qu’il y avait de plus négligé, et, par une fatalité singulière, le prince palatin fut mis en prison par les Français mêmes qui, depuis si longtemps, semblaient vouloir le placer sur le siége électoral. Le comte palatin, à la mort du duc de Veimar, avait conçu un dessein très-beau et très-raisonnable : c’était de rentrer dans ses États avec l’armée veimarienne, qu’il voulait acheter avec l’argent de l’Angleterre. Il passa en effet à Londres, il y obtint de l’argent : il retourna par la France ; mais le cardinal de Richelieu, qui voulait bien le protéger, et non le voir indépendant, le fit arrêter, et ne le relâcha que quand Brisach et les troupes veimariennes furent assurées à la France ; alors il lui donna un appui, que ce prince fut contraint d’accepter.

1640. Les progrès des Français et des Suédois continuent. Le duc de Longueville et le maréchal de Guébriant se joignent au général Bannier. Les troupes de Hesse et de Lunebourg augmentent encore cette armée.

Sans le général Piccolomini on marchait à Vienne ; mais il arrêta tant de progrès par des marches savantes. Il était d’ailleurs très-difficile à des armées nombreuses d’avancer en présence de l’ennemi, dans des pays ruinés depuis si longtemps, et où tout manquait aux soldats comme aux peuples.

La fin de cette année 1640 est encore très-fatale à la maison d’Autriche. La Catalogne se soulève, et se donne à la France. Le Portugal, qui depuis Philippe II n’était qu’une province d’Espagne appauvrie, chasse le gouvernement autrichien, et devient bientôt pour jamais un royaume séparé et florissant.

Ferdinand commence alors à vouloir traiter sérieusement de la paix ; mais en même temps il demande à la diète de Ratisbonne une armée de quatre-vingt-dix mille hommes pour soutenir la guerre.

1641. Tandis que l’empereur est à la diète de Ratisbonne, le général Bannier est sur le point de l’enlever, lui et tous les députés ; il marchait avec son armée sur le Danube glacé, et sans un dégel qui survint il prenait Ferdinand dans Ratisbonne, qu’il foudroya de son canon.

La même fortune qui avait fait périr Gustave et Veimar au milieu de leurs conquêtes délivre encore les Impériaux de ce fameux général Bannier : il meurt dans le temps qu’il était le plus à craindre ; une maladie l’emporte le 20 mai, à l’âge de quarante ans[4], dans Halberstadt. Aucun des généraux suédois n’eut une longue carrière.

On négociait toujours ; le cardinal de Richelieu pouvait donner la paix, et ne le voulait pas : il sentait trop les avantages de la France, et il voulait se rendre nécessaire pendant la vie et après la mort de Louis XIII, dont il prévoyait la fin prochaine ; il ne prévoyait pas que lui-même mourrait avant le roi. Il conclut donc avec la reine de Suède Christine un nouveau traité d’alliance offensive pour préliminaire de cette paix, dont on flattait les peuples oppressés ; et il augmenta le subside de la Suède de deux cent mille livres.

Le comte de Torstenson[5] succède au général Bannier dans le commandement de l’armée suédoise, qui était en effet une armée d’Allemands. Presque tous les Suédois qui avaient combattu sous Gustave et sous Bannier étaient morts, et c’était sous le nom de la Suède que les Allemands combattaient contre leur patrie. Torstenson, élève du grand Gustave, se montre d’abord digne d’un tel maître. Le maréchal de Guébriant et lui défont encore les Impériaux, près de Volflenbuttel.

Cependant, malgré tant de victoires, l’Autriche n’est jamais entamée ; l’empereur résiste toujours. L’Allemagne, depuis le Mein jusqu’à la mer Baltique, était toute ruinée ; on ne porta jamais la guerre dans l’Autriche. On n’avait donc pas assez de forces : ces victoires tant vantées n’étaient donc pas entièrement décisives ; on ne pouvait donc poursuivre à la fois tant d’entreprises, et attaquer puissamment un côté sans dégarnir l’autre.

1642. Le nouvel électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, traite avec la France et avec la Suède, dans l’espérance d’obtenir le duché de Jagerndorff en Silésie, duché donné autrefois par Ferdinand Ier à un prince de la maison de Brandebourg, qui avait été son gouverneur, confisqué depuis par Ferdinand II, après la victoire de Prague, et après le malheur de la maison palatine. L’électeur de Brandebourg espérait de rentrer dans cette terre dont son grand-oncle avait été privé.

Le duc de Lorraine implore aussi la faveur de la France pour rentrer dans ses États ; on les lui rend, en retenant les villes de guerre : c’est encore un appui qu’on enlève à l’empereur.

Malgré tant de pertes, Ferdinand III résiste toujours : la Saxe, la Bavière, sont toujours dans son parti ; les provinces héréditaires lui fournissent des soldats. Torstenson défait encore en Silésie ses troupes commandées par l’archiduc Léopold, par le duc de Saxe-Lavembourg et Piccolomini ; mais cette victoire n’a point de suite ; il repasse l’Elbe, il rentre en Saxe, il assiége Leipsick : il gagne encore une Lataille signalée dans ce pays où les Suédois avaient toujours été vainqueurs. Léopold est vaincu dans les plaines de Breitenfelt le 2 novembre. Torstenson entre dans Leipsick le 15 décembre. Tout cela est funeste à la vérité pour la Saxe, pour les provinces de l’Allemagne ; mais on ne pénètre jamais jusqu’au centre, jusqu’à l’empereur ; et après plus de vingt défaites il se soutient.

Le cardinal de Richelieu meurt le 4 décembre ; sa mort donne des espérances à la maison d’Autriche.

1643. Les Suédois, dans le cours de cette guerre, étaient plusieurs fois entrés en Bohême, en Silésie, en Moravie, et en étaient sortis pour se rejeter vers les provinces de l’Occident. Torstenson veut entrer en Bohême, et n’en peut venir à bout, malgré toutes ses victoires.

On négocie toujours très-lentement à Hambourg, pendant qu’on fait la guerre vivement. Louis XIII meurt le 14 mai. L’empereur en est plus éloigné d’une paix générale ; il se flatte de détacher les Suédois de la France dans les troubles d’une minorité ; mais dans cette minorité de Louis XIV, quoique très-orageuse, il arriva la même chose que dans celle de Christine : la guerre continua aux dépens de l’Allemagne.

D’abord le parti de l’empereur se fortifie du duc de Lorraine, qui revient à lui après la mort de Louis XIII.

C’est encore une ressource pour Ferdinand que la mort du maréchal de Guébriant, qui est tué en assiégeant Rothveil ; c’est le quatrième grand général qui périt au milieu de ses victoires contre les Impériaux[6]. Le bonheur de l’empereur veut encore que le maréchal de Rantzau[7], successeur de Guébriant, soit défait à Dutlinge, en Souabe, par le général Merci.

Ces vicissitudes de la guerre retardent les conférences de la paix à Munster et à Osnabruck, où le congrès était enfin fixé.

Ce qui contribue encore à faire respirer Ferdinand III, c’est que la Suède et le Danemark se font la guerre pour quelques vaisseaux que les Danois avaient saisis aux Suédois. Cet accident pouvait rendre la supériorité à l’empereur. Il montra quelles étaient ses ressources en faisant marcher Galias, à la tête d’un petit corps d’armée, au secours du Danemark. Mais cette diversion ne sert qu’à ruiner le Holstein, théâtre de cette guerre passagère, et c’est dans l’Allemagne une province de plus ravagée. Les hostilités entre la Suède et le Danemark surprirent d’autant plus l’Europe que le Danemark s’était porté pour médiateur de la paix générale. Il fut exclu, et dès lors Rome et Venise ont seules la médiation de cette paix encore très-éloignée.

Le premier pas que fait le comte d’Avaux, plénipotentiaire à Munster, pour cette paix, y met d’abord le plus grand obstacle. Il écrit aux princes, aux états de l’empire assemblés à Ratisbonne, pour les engager à soutenir leurs prérogatives, à partager avec l’empereur et les électeurs le droit de la paix et de la guerre. C’était un droit toujours contesté entre les électeurs et les autres états impériaux. Ces états insistaient à la diète sur leur droit d’être reçus aux conférences de la paix, comme parties contractantes : ils avaient en cela prévenu les ministres de France. Mais ces ministres se servirent dans leur lettre de termes injurieux à Ferdinand. Ils révoltèrent à la fois l’empereur et les électeurs ; ils les mirent en droit de se plaindre, et de faire retomber sur la France le reproche de la continuation des troubles de l’Europe.

Heureusement pour les plénipotentiaires de France, on apprend dans le même temps que le duc d’Enghien, le grand Condé, vient de remporter à Rocroi, sur l’armée d’Autriche espagnole, la plus mémorable victoire, et qu’il a détruit dans cette journée la célèbre infanterie castillane et valonne qui avait tant de réputation. Des plénipotentiaires soutenus par de telles victoires peuvent écrire ce qu’ils veulent.

1644. L’empereur pouvait au moins se flatter de voir le Danemark déclaré pour lui. On lui ôte encore cette ressource. Le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, se hâte de réunir le Danemark et la Suède. Ce n’est pas tout : le roi de Danemark s’engage encore à ne secourir aucun des ennemis de la France.

Les négociations et la guerre sont également malheureuses pour les Autrichiens. Le duc d’Enghien, qui avait vaincu les Espagnols l’année précédente, donne vers Fribourg trois combats de suite en quatre jours, du cinq au neuvième auguste[8], contre le général Merci ; et, vainqueur toutes les trois fois, il se rend maître de tout le pays, de Mayence jusqu’à Landau, pays dont Merci s’était emparé.

Le cardinal Mazarin et le chancelier Oxenstiern, pour se rendre plus maîtres des négociations, suscitent encore un nouvel ennemi à Ferdinand III. Ils encouragent Racoczi, souverain de Transylvanie depuis 1629[9], à lever enfin l’étendard contre Ferdinand. Ils lui ménagent la protection de la Porte. Racoczi ne manquait pas de prétextes, ni même de raisons. Les protestants hongrois persécutés, les priviléges des peuples méprisés, quelques infractions aux anciens traités forment le manifeste de Racoczi, et l’argent de la France lui met les armes à la main.

Pendant ce temps-là même, Torstenson poursuit les Impériaux dans la Franconie : le général Gallas fuit partout devant lui et devant le comte de Kœnigsmarck, qui marchait déjà sur les traces des grands capitaines suédois.

1645. Ferdinand et l’archiduc Léopold, son parent, étaient dans Prague. Torstenson, victorieux, entre dans la Bohême. L’empereur et l’archiduc se réfugient à Vienne.

Torstenson poursuit l’armée impériale à Tahor. Cette armée était commandée par le général Gœuts, et par ce même Jean de Vert racheté de prison. Gœuts est tué, Jean de Vert fuit. C’est une défaite complète.

Le vainqueur marche à Brünn, l’assiége, et Vienne enfin est menacée.

Il y a toujours, dans cette longue suite de désastres, quelque circonstance qui sauve l’empereur. Le siége de Brünn traîne en longueur ; et, au lieu que les Français devaient alors marcher en vainqueurs vers le Danube, et aller donner la main aux Suédois, le vicomte de Turenne, au commencement de sa route, est battu par le général Merci à Mariendal, et se retire dans la Hesse.

Le grand Condé accourt contre Merci, et il a la gloire de réparer la défaite de Turenne par une victoire signalée, dans la même plaine de Nordlingue où les Suédois avaient été vaincus après la mort de Gustave. Turenne contribua autant que Condé au gain de cette bataille meurtrière. Mais plus elle est sanglante des deux côtés, moins elle est décisive. L’empereur retire en hâte ses troupes de la Hongrie, et traite avec Racoczi pour empêcher les Français d’aller à Vienne par la Bavière, tandis que les Suédois menaçaient d’y aller par la Moravie.

Il est à croire que dans ce torrent de prospérités des armes françaises et suédoises, il y eut toujours un vice radical qui empêcha de recueillir tout le fruit de tant de progrès. La crainte mutuelle qu’un des deux alliés ne prît trop de supériorité sur l’autre, le manque d’argent, le défaut de recrues, tout cela mettait un terme à chaque succès.

Après la célèbre bataille de Nordlingue, on ne s’attendait pas que les Autrichiens et les Bavarois regagneraient tout d’un coup le pays perdu par cette bataille, et qu’ils poursuivraient jusqu’au Necker l’armée victorieuse, où Condé n’était plus, mais où était Turenne. De telles vicissitudes ont été fréquentes dans cette guerre.

Cependant l’empereur, fatigué de tant de secousses, pense sérieusement à la paix. Il rend la liberté enfin à l’électeur de Trêves, dont la prison avait servi de prétexte à la déclaration de guerre de la France ; mais ce sont les Français qui rétablissent cet électeur dans sa capitale. Turenne en chasse la garnison impériale ; et l’électeur de Trêves s’unit à la France, comme à sa bienfaitrice. L’électeur palatin eût pu lui avoir les mêmes obligations ; mais la France ne faisait encore pour lui rien de décisif.

Ce qui avait fait principalement le salut de l’empereur, c’était la Saxe et la Bavière, sur qui le fardeau de la guerre avait presque toujours porté. Mais enfin l’électeur de Saxe, épuisé, fait une trêve avec les Suédois.

Ferdinand n’a donc plus pour lui que la Bavière. Les Turcs menaçaient de venir en Hongrie : tout eût été perdu. Il s’empresse de satisfaire Racoczi, pour ne se pas attirer les armes ottomanes. Il le reconnaît prince souverain de Transylvanie, prince de l’empire, et lui rend tout ce qu’il avait donné à son prédécesseur Bethlem-Gabor. Il perd ainsi à tous les traités, et presse la conclusion de la paix de Vestphalie, où il doit perdre davantage.

1646. Le pape Innocent X était le premier médiateur de cette paix, dans laquelle les catholiques devaient faire de si grandes pertes. La république de Venise était la seconde médiatrice. Le cardinal Chigi, depuis le pape Alexandre VII, présidait dans Munster au nom du pape ; Contarini, au nom de Venise. Chaque puissance intéressée faisait des propositions selon ses espérances et ses craintes ; mais ce sont les victoires qui font les traités.

Pendant ces premières négociations, le maréchal de Turenne, par une marche imprévue et hardie, se joint à l’armée suédoise vers le Necker, à la vue de l’archiduc Léopold. Il s’avance jusqu’à Munich, et augmente les alarmes de l’Autriche. Un autre corps de Suédois va encore ravager la Silésie ; mais toutes ces expéditions ne sont que des courses. Si la guerre s’était faite pied à pied, sous un seul chef qui eût suivi toujours opiniâtrement le même dessein, l’empereur n’eût pas été en état, dans ce temps-là même, de faire couronner son fils aîné Ferdinand à Prague, au mois d’auguste, et ensuite à Presbourg. Ce jeune roi mourut ensuite sans jouir de ces États[10]. D’ailleurs, son père ne pouvait donner alors que des trônes bien chancelants.

1647. L’empereur, en voulant assurer des royaumes à son fils, paraît plus que jamais près de tout perdre. L’électeur de Saxe avait été forcé, par les malheurs de la guerre, de l’abandonner. L’électeur Maximilien de Bavière, son beau-frère, est enfin obligé d’en faire autant. L’électeur de Cologne suit cet exemple. Ils signent un traité de neutralité avec la France. Le maréchal de Turenne met aussi l’électeur de Mayence dans la nécessité de prendre ce parti. Le landgrave de Hesse-Darmstadt fait le même traité par la même crainte. L’empereur reste seul, et aucun prince n’ose prendre sa querelle. Exemple unique jusque-là dans une guerre de l’empire.

Alors un nouveau général suédois, Vrangel, qui avait succédé à Torstenson, prend Égra. La Bohême, tant de fois saccagée, l’est encore. Le danger parut si grand que l’électeur de Bavière, malgré son grand âge et le péril où il mettait ses États, ne put laisser le chef de l’empire sans secours, et rompit son traité avec la France. La guerre se faisait toujours dans plusieurs endroits à la fois, selon qu’on y pouvait subsister. Au moindre avantage qu’avait l’empereur, ses ministres au congrès demandaient des conditions favorables ; mais au moindre échec ils essuyaient des propositions plus dures.

1648. Le retour du duc de Bavière à la maison d’Autriche n’est pas heureux. Turenne et Vrangel battent ses troupes et les autrichiennes à Summerhausen et à Lavingen, près du Danube, malgré la belle résistance d’un prince de Virtemberg, et de ce Montécuculli qui était déjà digne d’être opposé à Turenne. Le vainqueur s’empare de la Bavière ; l’électeur se réfugie à Saltzbourg.

En même temps le comte de Kœnigsmarck, à la tête des Suédois, surprend en Bohême la ville de Prague : ce fut le coup décisif. Il était temps enfin de faire la paix : il fallait en recevoir les conditions, ou risquer l’empire. Les Français et les Suédois n’avaient plus dans l’Allemagne d’autre ennemi que l’empereur. Tout le reste était allié ou soumis, et on attendait les lois que l’assemblée de Munster et d’Osnabruck donnerait à l’empire.

PAIX DE VESTPHALIE.

Cette paix de Vestphalie, signée enfin à Munster et à Osnabruck le 14 octobre 1648, fut convenue, donnée et reçue comme une loi fondamentale et perpétuelle : ce sont les propres termes du traité. Elle doit servir de base aux capitulations impériales. C’est une loi aussi reçue, aussi sacrée jusqu’à présent que la bulle d’or, et bien supérieure à cette bulle par le détail de tous les intérêts divers que ce traité embrasse, de tous les droits qu’il assure, et des changements faits dans l’état civil et dans la religion.

On travaillait dans Munster et dans Osnabruck, depuis six ans, presque sans relâche à cet ouvrage. On avait d’abord perdu beaucoup de temps dans les disputes du cérémonial. L’empereur ne voulait point donner le titre de majesté aux rois ses vainqueurs. Son ministre Lutzau, dans le premier acte de 1641, qui établissait les sauf-conduits et les conférences, parle des préliminaires entre sa sacrée majesté césarienne et le sérénissime roi très-chrétien. Le roi de France, de son côté, refusait de reconnaître Ferdinand pour empereur, et la cour de France avait eu de la peine à donner le titre de majesté au grand Gustave, qui croyait tous les rois égaux, et qui n’admettait de supériorité que celle de la victoire. Les ministres suédois au congrès de Vestphalie affectaient l’égalité avec ceux de France. Les plénipotentiaires d’Espagne avaient voulu en vain qu’on nommât leur roi immédiatement après l’empereur. Le nouvel État des Provinces-Unies demandait à être traité comme les rois. Le terme d’excellence commençait à être en usage. Les ministres se l’attribuaient, et il fallait de longues négociations pour savoir à qui on le donnerait.

Dans le fameux traité de Munster, on nomme sa sacrée majesté impériale, sa sacrée majesté très-chrétienne, et sa sacrée majesté royale de Suède.

Le titre d’excellence ne fut donné dans le cours des conférences à aucun plénipotentiaire des électeurs. Les ambassadeurs de France ne cédaient pas même le pas aux électeurs chez ces princes. et le comte d’Avaux écrivait à l’électeur de Brandebourg : Monsieur[11], j’ai fait ce que j’ai pu pour vous servir. On qualifiait d’ordinaire les états généraux des Provinces-Unies, les sieurs états, quand c’était le roi de France qui parlait ; et même quand le comte d’Avaux alla de Munster en Hollande, en 1644, il ne les appela jamais que messieurs. Ils ne purent obtenir que leurs plénipotentiaires eussent le titre d’excellence. Le comte d’Avaux avait refusé même ce nouveau titre à un ambassadeur de Venise, et ne le donna à Contarini que parce qu’il était médiateur. Les affaires furent retardées par ces prétentions et ces refus que les Romains nommaient gloriole, que tout le monde condamne quand on est sans caractère, et sur lesquels on insiste dès qu’on en a un.

Ces usages, ces titres, ces cérémonies, les dessus des lettres, les suscriptions, les formules, ont varié dans tous les temps. Souvent la négligence d’un secrétaire suffit pour fonder un titre. Les langues dans lesquelles on écrit établissent des formules qui passent ensuite dans d’autres langues où elles prennent un air étranger. Les empereurs, qui envoyaient, avant Rodolphe Ier, tous leurs mandats en latin, tutoyaient tous les princes dans cette langue qui admet cette grammaire. Ils ont continué à tutoyer les comtes de l’empire dans la langue allemande, qui réprouve ces expressions. On trouve partout de tels exemples, et ils ne tirent plus aujourd’hui à conséquence.

Les ministres médiateurs furent plutôt témoins qu’arbitres, surtout le nonce Chigi, qui ne fut là que pour voir l’Église sacrifiée. Il vit donner à la Suède luthérienne les diocèses de Brême et de Verden ; ceux de Magdebourg, d’Halberstadt, de Minden, de Cammin, à l’électeur de Brandebourg.

Les évêchés de Ratzbourg et de Schverin ne furent plus que des fiefs du duc de Mecklenbourg.

Les évêchés d’Osnabruck et de Lubeck ne furent pas à la vérité sécularisés, mais alternativement destinés à un évêque luthérien et à un évêque catholique ; règlement délicat qui n’aurait jamais pu avoir lieu dans les premiers troubles de religion, mais qui ne s’est pas démenti chez une nation naturellement tranquille, dans laquelle la fureur du fanatisme était éteinte.

La liberté de conscience fut établie dans toute l’Allemagne. Les sujets luthériens de l’empereur en Silésie eurent le droit de faire bâtir de nouvelles églises, et l’empereur fut obligé d’admettre des protestants dans son conseil aulique.

Les commanderies de Malte, les abbayes, les bénéfices dans les pays protestants, furent donnés aux princes, aux seigneurs, qu’il fallait indemniser des frais de la guerre.

Ces concessions étaient bien différentes de l’édit de Ferdinand II, qui avait ordonné la restitution des biens ecclésiastiques dans le temps de ses prospérités. La nécessité, le repos de l’empire, lui firent la loi. Le nonce protesta, fulmina. On n’avait jamais vu encore de médiateur condamner le traité auquel il avait présidé ; mais il ne lui seyait pas de faire une autre démarche. Le pape, par sa bulle, « casse de sa pleine puissance, annule tous les articles de la paix de Vestphalie concernant la religion » ; mais s’il avait été à la place de Ferdinand III, il eût ratifié le traité, qui subsista malgré les bulles du pape : bulles autrefois si révérées, et aujourd’hui si méprisées !

Cette révolution pacifique dans la religion était accompagnée d’une autre dans l’État. La Suède devenait membre de l’empire. Elle eut toute la Poméranie citérieure, et la plus belle, la plus utile partie de l’autre, la principauté de Rugen, la ville de Vismar, beaucoup de bailliages voisins, le duché de Brême et de Verden. Le duc de Holstein y gagna aussi quelques terres.

L’électeur de Brandebourg perdait à la vérité beaucoup dans la Poméranie citérieure, mais il acquérait le fertile pays de Magdebourg, qui valait mieux que son margraviat. Il avait Cammin, Halberstadt, la principauté de Minden.

Le duc de Mecklenbourg perdait Vismar, mais il gagnait le territoire de Ratzbourg et de Schverin.

Enfin on donnait aux Suédois cinq millions d’écus d’Allemagne, que sept cercles devaient payer. On donnait à la princesse landgrave de Hesse six cent mille écus ; et c’était sur les biens des archevêchés de Mayence, de Cologne, de Paderborn, de Munster, et de l’abbaye de Fulde, que cette somme devait être payée. L’Allemagne, s’appauvrissant par cette paix, comme par la guerre, ne pouvait guère payer plus cher ses protecteurs.

Ces plaies étaient adoucies par les règlements utiles qu’on fit pour le commerce et pour la justice ; par les soins qu’on prit de remédier aux griefs de toutes les villes, de tous les gentilshommes qui présentèrent leurs droits au congrès, comme à une cour suprême qui réglait le sort de tout le monde. Le détail en fut prodigieux.

La France s’assura pour toujours la possession des Trois-Évêchés, et l’acquisition de l’Alsace, excepté de Strasbourg ; mais au lieu de recevoir de l’argent comme la Suède, elle en donna : les archiducs de la branche du Tyrol eurent trois millions de livres pour la cession de leurs droits sur l’Alsace et sur le Sundgau. La France paya la guerre et la paix, mais elle n’acheta pas cher une si belle province ; elle eut encore l’ancien Brisach et ses dépendances, et le droit de mettre garnison dans Philipsbourg. Ces deux avantages ont été perdus depuis ; mais l’Alsace est demeurée, et Strasbourg, en se donnant à la France, a achevé d’incorporer l’Alsace à ce royaume.

Il y a peu de publicistes qui ne condamnent l’énoncé de cette cession de l’Alsace dans ce fameux traité de Munster ; ils en trouvent les expressions équivoques : en effet, céder toute sorte de juridiction et de souveraineté, et céder la préfecture de dix villes libres impériales, sont deux choses différentes. Il y a grande apparence que les plénipotentiaires virent cette difficulté, et ne voulurent pas l’approfondir, sachant bien qu’il y a des choses qu’il faut laisser derrière un voile que le temps et la puissance font tomber.

La maison palatine fut enfin rétablie dans tous ses droits, excepté dans le haut Palatinat, qui demeura à la branche de Bavière. On créa un huitième électorat en faveur du palatin[12]. On entra avec tant d’attention dans tous les droits et dans tous les griefs qu’on alla jusqu’à stipuler vingt mille écus que l’empereur devait donner à la mère du comte palatin Charles-Louis, et dix mille à chacune de ses sœurs. Le moindre gentilhomme fut bien reçu à demander la restitution de quelques arpents de terre ; tout fut discuté et réglé : il y eut cent quarante restitutions ordonnées. On remit à un arbitrage la restitution de la Lorraine et l’affaire de Juliers. L’Allemagne eut la paix après trente ans de guerre, mais la France ne l’eut pas.

Les troubles de Paris, vers l’an 1647, enhardirent l’Espagne à s’en prévaloir ; elle ne voulut plus entrer dans les négociations générales. Les États-Généraux, qui devaient, ainsi que l’Espagne, traiter à Munster, firent une paix particulière avec l’Espagne, malgré toutes les obligations qu’ils avaient à la France, malgré les traités qui les liaient, et malgré les intérêts qui semblaient les attacher encore à leurs anciens protecteurs. Le ministère espagnol se servit d’une ruse singulière pour engager les États à ce manque de foi : il leur persuada qu’il était prêt de donner l’infante à Louis XIV, avec les Pays-Bas en dot. Les États tremblèrent, et se hâtèrent de signer ; cette ruse n’était qu’un mensonge, mais la politique est-elle autre chose que l’art de mentir à propos ? Louis XI n’avait-il pas raison quand, son ambassadeur se plaignant que les ministres du duc de Bourgogne mentaient toujours, il lui répondait : Eh ! bête, que ne mens-tu plus qu’eux ?

Dans cet important traité de Vestphalie il ne fut presque point question de l’empire romain. La Suède n’avait d’intérêt à démêler qu’avec le roi d’Allemagne, et non avec le suzerain de l’Italie ; mais la France eut quelques points à régler, sur lesquels Ferdinand ne pouvait transiger que comme empereur. Il s’agissait de Pignerol, de la succession de Mantoue, et du Montferrat : ce sont des fiefs de l’empire. Il fut réglé que le roi de France payerait encore six cent mille livres à monsieur le duc de Mantoue, à la décharge de monsieur le duc de Savoie, moyennant quoi il garderait Pignerol et Casal en pleine souveraineté indépendante de l’empire. Ces possessions ont été perdues depuis pour la France, comme Brême, Verden, et une partie de la Poméranie ont été enlevés à la Suède. Mais le traité de Vestphalie, en ce qui concerne la législation de l’Allemagne, a toujours été réputé et est toujours demeuré inviolable.


TABLEAU DE L’ALLEMAGNE,
DEPUIS LA PAIX DE VESTPHALIE JUSQU’À LA MORT DE FERDINAND III.

Ce chaos du gouvernement allemand ne fut donc bien débrouillé qu’après sept cents ans, à compter du règne de Henri l’Oiseleur ; et avant le temps de Henri il n’avait pas été un gouvernement. Les prérogatives des rois d’Allemagne ne furent restreintes dans des bornes connues, la plupart des droits des électeurs, des princes, de la noblesse immédiate et des villes ne furent fixés et incontestables, que par les traités de Vestphalie. L’Allemagne fut une grande aristocratie, à la tête de laquelle était un roi, à peu près comme en Angleterre, en Suède, en Pologne, et comme anciennement tous les États fondés par les peuples venus du Nord et de l’Orient furent gouvernés. La diète tenait lieu de parlement. Les villes impériales y eurent droit de suffrage pour résoudre la paix et la guerre.

Ces villes impériales jouissent de tous les droits régaliens comme les princes d’Allemagne : elles sont États de l’empire, et non de l’empereur ; elles ne payent pas la moindre imposition, et ne contribuent aux besoins de l’empire que dans les cas urgents ; leur taxe est réglée par la matricule générale. Si elles avaient le droit de juger en dernier ressort, qu’on appelle de non appellando, elles seraient des États absolument souverains ; cependant avec tant de droits elles ont très-peu de puissance, parce qu’elles sont entourées de princes qui en ont beaucoup. Les inconvénients attachés à un gouvernement si mixte et si compliqué, dans une si grande étendue de pays, ont subsisté ; mais l’État aussi. La multiplicité des souverainetés sert à tenir la balance, jusqu’à ce qu’il se forme dans le sein de l’Allemagne une puissance assez grande pour engloutir les autres[13].

Ce vaste pays, après la paix de Vestphalie, répara insensiblement ses portes : les campagnes furent cultivées, les villes rebâties ; ce furent là les plus grands événements des années suivantes dans un corps percé et déchiré de toutes parts, qui se rétablissait des blessures que lui-même s’était faites pendant trente années.

Quand on dit que l’Allemagne fut libre alors, il faut l’entendre des princes et des villes impériales ; car pour les villes médiates, elles sont sujettes des grands vassaux auxquels elles appartiennent, et les habitants des campagnes forment un état mitoyen entre l’esclave et le sujet, mais plus approchant de l’esclave, surtout en Souabe et en Bohême.

La Hongrie était comme l’Allemagne, respirant à peine après ses guerres intestines et les invasions si fréquentes des Turcs, ayant besoin d’être défendue, repeuplée, policée, mais toujours jalouse de son droit d’élire son souverain, et de conserver sous lui ses priviléges. Quand Ferdinand III fit élire, en 1654, son fils Léopold, âgé de dix-sept ans[14], roi de Hongrie, on fit signer à sa sérénité (car le mot de majesté n’était pas donné par les Hongrois à qui n’était pas empereur ou roi des Romains), on lui fit signer, dis-je, une capitulation aussi restreignante que celle des empereurs ; mais les seigneurs hongrois n’étaient pas aussi puissants que les princes d’Allemagne. Ils n’avaient point les Français et les Suédois pour garants de leurs priviléges ; ils étaient plutôt opprimés que soutenus par les Ottomans : c’est pourquoi la Hongrie a été enfin entièrement soumise de nos jours, après de nouvelles guerres intestines[15].

L’empereur, après la paix de Vestphalie, se trouva paisible possesseur de la Bohême, devenue son patrimoine ; de la Hongrie, qu’il regardait aussi comme un héritage, mais que les Hongrois regardaient comme un royaume électif ; et de toutes ses provinces jusqu’à l’extrémité du Tyrol. Il ne possédait aucun terrain en Italie.

Le nom de Saint Empire romain subsistait toujours. Il était difficile de définir ce que c’était que l’Allemagne, et ce que c’était que cet empire. Charles-Quint avait bien prévu que si son fils Philippe II n’était pas sur le trône impérial, si la même tête ne portait pas les couronnes d’Espagne, d’Allemagne, de Naples, de Milan, il ne resterait guère que ce nom d’empire. En effet, quand le grand fief de Milan fut, aussi bien que Naples, entre les mains de la branche espagnole, cette branche se trouva à la fois vassale titulaire de l’empire et du pape, en protégeant l’un, et en donnant des lois à l’autre. La Toscane, les principales villes d’Italie, s’affermirent dans leur ancienne indépendance des empereurs. Un césar qui n’avait pas en Italie un seul domaine, et qui n’était en Allemagne que le chef d’une république de princes et de villes, ne pouvait pas ordonner comme un Charlemagne et un Othon.

On voit, dans tout le cours de cette histoire, deux grands desseins soutenus pendant huit cents années : celui des papes, d’empêcher les empereurs de régner dans Rome, et celui des seigneurs allemands, de conserver et d’augmenter leurs priviléges.

Ce fut dans cet état que Ferdinand III laissa l’empire à sa mort en 1657, pendant que la maison d’Autriche espagnole soutenait encore contre la France cette longue guerre qui finit par le traité des Pyrénées, et par le mariage de l’infante Marie-Thérèse avec Louis XIV.

Tous ces événements sont si récents, si connus, écrits par tant d’historiens, qu’on ne répétera pas ici ce qu’on trouve partout ailleurs. On finira par se retracer une idée générale de l’empire depuis ce temps jusqu’à nos jours.


  1. Le comte de Guébriant ne reçut le bâton de maréchal qu’en mars 1642.
  2. Ce grand capitaine, né à Veimar, le 6 auguste 1604, était le neuvième fils de Jean, duc de Saxe-Weimar.
  3. Amélie-Élisabeth de Hanau, née en janvier 1602, veuve, en 1637, de Guillaume V, landgrave de Hesse, morte à Cassel le 8 auguste 1651.
  4. Il était âgé d’environ quarante-cinq ans, étant né en 1596.
  5. Voyez, sur Torstenson, tome XIV, une note au chapitre iii du Siècle de Louis XIV.
  6. Voyez les années 1633, 1639, 1641.
  7. Rantzau ne fut nommé maréchal que le 16 juillet 1645.
  8. Le P. du Londel, dans ses Fastes des rois de France, 1697, in-8°, dit, page 186, que les combats eurent lieu les 3, 4, 5 et 9. Voyez aussi le chapitre iii du Siècle de Louis XIV.
  9. George Racoczi Ier ne fut élu qu’en 1631 ; mais il est considéré comme successeur de Bethlem-Gabor, mort en novembre 1629. (Cl.)
  10. Ferdinand IV mourut le juillet 1654.
  11. Ce monsieur était Frédéric-Guillaume Ier, bisaïeul du roi de Prusse Frédéric II. (Cl.)
  12. C’était Charles-Louis, fils de Frédéric V, qui avait été dépossédé en 1623.
  13. Voltaire semble prévoir ici la puissance de la Prusse. (G. A.)
  14. Léopold-Ignace, né le juin 1640, avait quinze ans seulement quand il fut élu roi de Hongrie le 22 juin 1655 ; ce qui s’accorde avec l’âge de dix-huit ans que Voltaire donne plus bas à ce prince, en juillet 1658. (Cl.)
  15. Voyez les chapitres v et vi du Précis du Siècle de Louis XV.