Veuve Duchesne (p. 56-57).


LXVIIIme LETTRE.

Miſtreſs Goodness,
à Betsy Goodness, ſa Fille ;
à Londres.

L’oiseau eſt pris dans nos filets, ma chère Belle. Tout a réuſſi au gré de nos déſirs. Ravelin a plu à la Fille, & ſa fortune & ſon rang prétendu, conviennent parfaitement à la Mère. Mylord vouloit qu’on fit des informations, le conſeil étoit aſſez bon, mais il ne ſera pas ſuivi, & l’épithète de ſot a été prodiguée au donneur d’avis. Le mariage ſe fera dans peu de jours : les bijoux que nous a prêtés notre Parent, ont ébloui toutes les Femmes ; ſon effronterie a fait le reſte. La dot de la Demoiſelle eſt fixée à douze mille livres,[1] qui ſeront exactement remiſes à ſon Époux après la célébration du mariage. Mylord Barwill (Je ris de ce titre pompeux) lui aſſure un douaire de huit mille livres, hypothéqué ſur la Terre dont il porte le nom, ſituée en Irlande, à ſeize milles de Dublin. Le couple heureux doit partir dans quinze jours pour aller paſſer quelques mois en Irlande : tel eſt l’arrangement pris avec la Famille Ridge. Voici préſentement le nôtre. Ravelin conduira ſa Femme à Londres, il la dépoſera dans notre maiſon, dont elle ne ſortira qu’à bonnes enſeignes. Des douze mille livres de dot, il en prendra trois mille, le reſte ſera pour nous. On verra enſuite ce qu’il faudra faire de Miſtreſs Ravelin. Par ce coup hardi nous nous trouverons, ma chère Belle, en état de voyager en France ; car nous ſommes à préſent trop connues en Angleterre pour y rien eſpérer de notre induſtrie. Adieu, ma Belle, je ſuis ta Mère & ton Amie,

Sophie Goodness.

De Raimbow, ce … 17

  1. Ce ſont toujours des livres ſterlings.