Analyse du Kandjour/Mdo/15

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 259-261).


VOLUME XV — (Ba)

Dix-neuf ouvrages distincts :

1. Panca-pâramitâ-nirdeça, tib. Pha-rol-tu-phyin-pa-lnga-bstan-pa, ཕ་རོལ་ཏུ་ཕྱིན་པ་ལྔ་བསྟན་པ, folios 1-121. Enseignement sur les cinq vertus transcendantes ou éminentes : la charité ou le don des aumônes ; la moralité ou les bonnes mœurs ; la patience ; l’application diligente, et la méditation. Discussion entre Çàradwatihibu et Gang-po deux des principaux disciples de Çâkya, pourvus de sou autorisation et de ses directions, pendant qu’il était à Mñan-yod (Çrâvastî) en Koçala, traduit par Jina Mitra et Ye-çes-sde.

2. Dâna-pâramitâ, tib. Sbyin-pahi-pha-rol-tu phyin-pa, སྦྱིན་པའི་ཕ་རོལ་ཏུ་ཕྱིན་པ, folios 121-151. Sûtra renfermant une instruction sur les dix vertus morales et spécialement sur la charité, prononcé par Çâkya, étant à Ser-skya (Sk. Kapila), à la requête d’un Bodhisattva. Traduit par Prajña-varma et Ye-çes-sde.

4. Bodhisattvâcarya-nirdeça, tib. Byang-chub-sems-dpahi spyod-pa bstan-pa བྱང་ཆུབ་སེམས་དཔའི་སྤྱོད་པ་བསྟན་པ (folios 153-167). Sur la conduite morale d’un Bodhisattva (ou d’un homme vertueux), traduit par Jina Mitra, Prajnâ-varma et Ye-çes-sde[1].

5. Tathâgata-guna-jnâna acintya visaya avatâra nirdeça, tib. De bjin gçegs-pahi yon-tan-dang-ye-çes-bsam-gyis-mi-khyab-pahi-yul-la-hjug-pa-bstan-pa. དེ་བཞིན་གཤེགས་པའི་ཡོན་ཏན་དང་ཡེ་ཤེས་བསམ་གྱིས་མི་ཁྱབ་པའི་ཡུལ་ལ་འཇུག་པ་བསྟན་པ, folios 167-228. Sur les diverses perfections du Tathâgata. Les sept premières feuilles contiennent une longue énumération d’auditeurs de toute sorte : prêtres, Bodhisattvas, dieux et démons, avec leurs grandes qualifications. Ensuite Çâkya, s’adressant à Manjuçri, lui dit combien sont infinies la sagesse et les autres perfections du Tathâgata. Traduit par Jnâna garbha et Ye-çes-sde.

6. Buddha balad [var-]dhana pratihârya vikurvâna nirdeça, tib. Sangs-rgyas-kyi-stobs bskyed-pahi cho-hphrul-rnam-par-hphrul-va-bstan-pa སངས་རྒྱས་ཀྱི་སྟོབས་བསྐྱེད་པའི་ཆོ་འཕྲུལ་རྣམ་པར་འཕྲུལ་བ་བསྟན་པ (folios 228-257). Enseignement de la façon miraculeuse dont les facultés du Buddha sont produites ou engendrées, et des différents moyens qu’il emploie pour amener les êtres animés à maturité ou à perfection. Adressé par Çâkya à Sbyan-ras-gzigs et Lag-na-rdo-rje, (Sk. Avalokiteçara et Vajrapani).

7. Buddha-dharma-açintya-nirdeça, tib. Sangs-rgyas-kyi-chos-bsam-gyis-mi khyab-pa-bstan-pa, སངས་རྒྱས་ཀྱི་ཆོས་བསམ་གྱིས་མི་ཁྱབ་པ་བསྟན་པ folios 257-307. Enseignement des actions inconcevables du Buddha.

8. Dipankara-vyâkarana, tib. Mar-me-mdzad-kyis-lung bstan-pa, མར་མེ་མཛད་ཀྱིས་ལུང་བསྟན་པ, folios 307-321. Çâkya dit à Kun-dgah-vo : Comment Dipankara naquit, comment il devint Buddha, et comment il avait prédit d’un brahmane, qu’il naîtrait dans l’avenir sous le nom de Çâkya-Thub-pa. Traduit par Viçuddha-Siddha et Dge-va-dpal.

9. Brahmâçrî vyâkarana, tib. Ts’angs pahi-dpal-lung-bstan-pa, ཙངས་པའི་དཔལ་ལུང་བསྟན་པ ; folios 321-324. Çâkya prédit d’un jeune brahmane, Brahmâ Çri qu’il deviendra un parfait Buddha[2].

10. Stri-virvata-vyâkarana, tib. Bud-med-hgyur-va-lung-bstan-pa, བུད་མེད་འགྱུར་པ་ལུང་བསྟན་པ ; folios 324-363. Entretien de Rab-hbyor (Sk, Subhûtî) avec un Bodhisattva sous forme de femme, sur plusieurs articles de la doctrine bouddhique. Prédiction de Çâkya au sujet de cette femme.

11. Candrottarâ dârikâ vyâkarana, tib. Bu-mo-zla-mchog-lung-bstan pa, བུ་མོ་ཟླ་མཆོག་ལུང་བསྟན་པ, folios 363-393. Prédiction de Çâkya au sujet de Çandrottarâ, jeune fille qui deviendra Buddha.

12. Nemavatî-vyâkarana, tib. Vde-ldan-ma-lung-bstan-pa, བདེ་ལྡན་མ་ལུང་བསྟན་པ folios 393-397. Prédiction relative à Xemavati, l’épouse de Bimbasâra, roi de Magadha. Instruction religieuse que Çâkya lui adresse[3].

13 Çrî-mahâ-devî-vyâkarana, tib. Lha-mo-chen-mo-dpal lung-bstan-pa, ལྷན་མོ་ཆེན་མོ་དཔལ་ལུང་བསྟན་པ, folios 397-403. À la demande de Spyan-ras-gzigs, Çâkya expose les mérites moraux antérieurs de Çri-mahâ-devi et annonce qu’elle sera dans l’avenir un Tathâgata.

14. Jayamati (paripṛccha), tib. Rgyal-vahi-blo gros-kyis j̈us-pa, རྒྱལ་བའི་བློ་གྲོས་ཀྱིས་ཞུས་པ, folios 403-404. Çâkya lui enseigne ce qu’il faut faire pour arriver à telle ou telle perfection ou félicité, ambitionnées.

15. Avalokanam, tib. Spyan-ras-gzigs, སྤྱན་རས་གཟིགས​, folios 404-427. Indication des divers avantages qui naissent de l’acquisition de certains mérites religieux et moraux déterminés.

16. Manjuçrî-vihâra, tib. Hjam-dpal-gnas-pa, འཇམ་དཔལ་གནས་པ, folios 427-436. Conversation de Manjuçri avec Çârihibu sur l’existence du monde.

17. Amṛta-dâna. tib. Bdud-rtsi-brjod-pa, བདུད་རྕི་བརྗོད་པ, folios 436-440. À la demande de Maitreya, Çâkya lui enseigne le moyen d’empêcher l’interruption de sa doctrine dans l’avenir.

18. Maitreya prasthânam, tib. Byams-pa hjug-pa, བྱམས་པ་འཇུག་པ, folios 440-475. Sur les agissements ou la conduite de Maitreya, relativement à ses mérites moraux antérieurs, prononcé par Çâkya, à la demande d’un Bodhisattva.

19. Lokânusamânâvatâra, tib. Hjig-rten-gyi-rjes-su-mthun-par-hjug-pa, འཇིག་རྟེན་གྱི་རྗེས་སུ་མཐུན་པར་འཇུག་པ, folios 475-483. « L’action de marcher (ou d’agir) à la manière du monde ». — Çâkya, à la demande de Manjuçri, son fils spirituel, dit en vers les raisons pour lesquelles les Tathâgatas ou Buddhas s’accommodent, dans leurs agissements, aux idées des hommes (ou aux conceptions humaines), traduit par Jina-mitra, Dânaçila et Ye-çes-de.

  1. Introduction dans le domaine inconcevable des mérites et de l’intelligence du Buddha. Le Buddha consiste proprement en un corps spirituel, qui n’est pas né, ne provient de rien, n’est limité pas rien : mais il se présente aux êtres vivants, sous des formes diverses, dans des actions diverses, enseignant, etc. Tout cela est proprement inconnu du Buddha, on ne peut pas admettre qu’il ait eu la pensée d’être ceci ou cela. C’est ainsi que le précieux Vaidûrya (cristal) prend une couleur verte, rouge, etc., selon qu’un le met sur une étoffe verte, rouge, etc. ; qu’un magicien opère diverses transformations dans lesquelles il ne voit rien de réel ; de même encore le soleil paraît levé pour les uns, couché pour les autres, au midi pour d’autres. Ainsi les uns disent que l’enseignement du Buddha grandit, les autres qu’il décline ; mais la lune ne sait rien elle-même de la croissance ou de la décroissance qu’on lui attribue. (Vassilief, le Bouddhisme, etc., p. 161-2.
  2. [illisible] L. F.
  3. J’ai publié la traduction de ce texte en même temps que celle du n° 9 ci-dessus (Revue orientale 1866.) (L. F.)