Analyse du Kandjour/Le Dulva/10

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 192-195).
VOLUMES X ET XI — (Tha et Da) &

60 livres, desquels le Xme volume en contient 17 en 324 feuilles et le XIme, 33 en 708 feuilles.

Ces volumes ont pour titre en tibétain : Hdul-va phran-ts’egs-kyi-Gji, sk. Vinaya Xudraka Vastu). « Menus détails sur la discipline religieuse[1]. »

VOLUME X — (Tha)

Aussitôt après l’intitulé de ces deux volumes, le dixième, commence ainsi : « Adoration à celui qui sait tout ». Le sujet est alors exposé en trois stances annonçant qu’il s’agit de choses relatives à la discipline et à la conduite des religieux ou religieuses de la secte bouddhique, ainsi qu’aux mœurs et coutumes des peuples de l’Inde centrale, théâtre des diverses actions rapportées dans le Duha.

Feuille 2. — Sangs-rgyas-Bchom-ldan-hdas[2] (Çâkya) à Yangs-pa-can (Sk. Vaiçâli ou Viçâli, Prayâga des anciens, la moderne Allahabad)[3]. (Cette ville est habitée par la race Licabyi. — Description de ses jardins ou vergers, musique, exercices gymnastiques, bains. Les disciples de Çâkya causent du scandale en se frottant avec des tuiles ou des briques d’une façon trop bruyante. Çâkya leur défend de se frotter avec des tuiles, excepté les pieds.

Feuille 5. — Çâkya à Mñan-yod (Sk. Çrâvasti). Défense de se frotter avec des ouïes de poisson en guise de tuiles ou briques ; de s’oindre avec des substances odoriférantes, à moins d’ordonnance du médecin. Ce qu’il faut faire des substances odoriférantes offertes par de pieux sectateurs.

Feuille 7. — Mention de quelques petits temples ou chapelles (Sk. Caïtya, tib. Mchod-rten) où les cheveux et les ongles du Buddha sont déposés et respectés comme des objets sacrés.

Feuille 11. — Il est permis aux prêtres d’avoir des sceaux : abus à l’occasion des anneaux à cachet. (Tib. Sor-Gdub-rgya.) Défense d’avoir des cachets en or, argent ou pierres précieuses. Défense déporter des anneaux. Permission d’avoir des sceaux ou cachets en cuivre, airain, métal de cloche, ivoire, corne. — Abus relativement aux figures gravées sur ces cachets.

Feuille 12. — Un membre de l’ordre religieux doit avoir sur son sceau ou cachet un cercle avec deux daims se faisant vis-à-vis et au-dessous le nom du fondateur du Vihâra (tib. Gtsug-lag-khang). — Un laïque peut avoir l’image d’une figure humaine en pied ou d’une tête gravée sur son cachet.

Feuille 25. — Prédictions par Çâkya et par un gymnosophiste au sujet d’un enfant à naître. — Sa naissance miraculeuse. — On lui donne le nom de « né du feu » (Me-skyes) ; — son éducation et ses aventures.

Feuille 28. — La véracité du Buddha est caractérisée en ces termes : « La lune avec l’armée des étoiles peut tomber ; la terre avec ses montagnes et ses forêts peut s’élever dans les régions supérieures ; le vaste océan peut se dessécher ; mais il est impossible que le grand Ermite (Mahâ-Çramaṅa) dise une fausseté ».

Feuilles 58 à 61. — Plusieurs fausses accusations ou calomnies débitées à Yangs-pa-can, spécialement de la part de Licabyi-chen-po. Les prêtres de Çâkya, quand ils mettaient une personne ou une famille en interdit, observaient la cérémonie suivante : réunis en assemblée, ils commençaient par prendre connaissance des faits, puis retournaient un vase à aumônes ou un gobelet l’ouverture en bas ; déclarant par cet acte que nul ne devait avoir communication avec cette personne ou sa maison (d’après le texte, nul ne devait entrer chez elle, ni s’y asseoir, ni accepter d’elle des aumônes, ni lui donner l’instruction religieuse). La réconciliation une fois faite, pour lever l’interdit on replaçait le vase à aumône dans sa position naturelle.

Feuilles 64 à 66. — Çâkya défend à ses disciples d’apprendre la musique, la danse et le chant, ou de se rendre dans les endroits où on se livre à ces exercices. — Récit de plusieurs histoires relatives aux pratiques des religieux et des religieuses.

Feuille 105. — Défense de faire usage de l’ail, si ce n’est comme médicament ordonné. — Comment on doit l’employer dans ce cas.

Feuille 111. — Permission d’avoir des parasols. — Abus résultant de ce qu’on emploie des étoffes coûteuses, — de ce qu’on y met trop de garnitures, — ou de ce qu’on orne les manches de pierreries, de perles et de métaux précieux.

Feuilles 141-144. — Le roi de Koçala Gsal-rgyal, détrôné par son fils, Hphags-skyes-po, va à Râjagṛha près de Ma-skyes dgra, roi de Magadha, descend dans un parc ou jardin voisin de cette ville et appartenant au roi, puis l’informe de son arrivée. Le roi de Magadha donne ordre de faire des préparatifs pour le recevoir solennellement. Mais, dans l’intervalle, il meurt subitement dans le jardin d’une indigestion causée par un usage immodéré de navets et d’eau fraîche. — Ses funérailles. — Instructions de Çâkya au roi de Magadha.

Feuilles 145-160. — Hphags-skyes-po, roi de Koçala, poussé par Mala Gnod, attaque à plusieurs reprises la race Çâkya à Ser-Skya (sk. Kapila). À la fin il prend leur ville et en fait un grand massacre. Ceux qui échappent se dispersent dans les collines ; on prétend que beaucoup d’entre eux se réfugièrent au Népâl. Durant cette guerre, un certain Çâkya, du nom de Çampaka, est banni de Kapila. En partant, il demande à Çâkya, qui les lui accorde d’une façon magique, des cheveux de sa tête, des rognures de ses ongles et des dents. Il se rend au pays de Bagud ou Vagud : on l’y fait roi, et il bâtit pour ces reliques sacrées un petit temple ou chapelle (sk. Caïtya, tib. Mchod-rten), appelé depuis « le temple ou la chapelle de Çampaka » (Feuilles 149, 150).

Feuille 160. — Mort de Hphags-Skyes-po dans un incendie. Relation des circonstances qui ont précédé cet événement.

Feuilles 182-183. — Mort de Gautami (Skye-dguhi-Bdag-Chen-Mo) et de cinq cents autres nonnes. — Tremblements de terre et autres miracles qui accompagnèrent cet événement. — Conte moral sur leurs mérites religieux antérieurs par Çâkya. Feuille 185.

Feuilles 202-248. — Çâkya donne à Dgah-vo (Sk. Nanda) des instructions et des leçons sur plusieurs sujets, notamment sur les conditions d’existence dans la matrice et sur la formation graduelle du corps humain.

Feuille 273. — Instructions sur la manière de construire et de couvrir une belle maison. — À partir de là jusqu’à la fin, ou feuille 324, il y a plusieurs courtes histoires relatives à la conduite, à l’habillement, à la nourriture des religieux ou des religieuses.

  1. On pourrait traduire : « le petit Vinaya ». (L. F.) 
  2. En sanscrit : Bhagavat Buddha. (L. F.) 
  3. L’identification de Prayâga avec Allahabad est admise. — Nous avons déjà dit que celle de Vaiçâli avec Allahabad ne l’est pas ; et par conséquent celle de Vaiçâli avec Prayâga doit être repoussée. (L. F.)