Amours et priapées/Miss Verveine

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 55-56).


MISS VERVEINE


Sur sa bouche qui semble une double cerise,
Glisse une fraîche voix, plus molle que la brise,
Et de son cou baigné de neigeuse pudeur,
S’exhale comme un flot de virginale odeur.

Miss Verveine a des airs d’ange et de tourterelle ;
La rose est moins fragile, et le lys est moins frêle ;
Quelle grâce ! on a peur que le poids d’un baiser
L’incline sur sa tige, et vienne la briser.


Jamais, dit-on, l’amour n’ose approcher son âme,
Et chacun se demande : Est-elle vierge ou femme ?
Tant son indifférence effarouche l’espoir !

Sous ce sein délicat veille un ardent supplice :
Savez-vous ce qu’elle aime ? Un taureau blanc et noir,
Qu’elle a vu dans les prés saillir une génisse.