Amours et priapées/La Louve. — I. Léona

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 57-58).


LA LOUVE

I

LÉONA


Les yeux creux, Léona, plus pâle que la lune,
Tout le jour, erre seule, au hasard, et remplit
Les sentiers et les bois de sa plainte importune.

La solitude accroît encor son infortune ;
La nuit, elle soupire et déserte son lit,
Pour rafraîchir au vent sa gorge ardente et brune.


Quel est son mal ? Elle aime ! Elle aime, et veut mourir,
Car elle sait le gouffre où se débat son âme :
L’objet de son amour, horreur ! c’est une femme,
Dont pour elle les bras ne doivent pas s’ouvrir.

Elle sèche et languit, elle crie aux étoiles :
« Toi que j’aime aujourd’hui, que j’aimerai demain,
Vierge, oh ! viens, sois à moi ! Mes lèvres et ma main
De ta virginité déchireront les voiles ! »