Amours et priapées/Les deux Anneaux
Les deux Anneaux (1869)
LES DEUX ANNEAUX
Un faune, son phallus gonflé vers l’horizon,
Contre un arbre appuyé, se caressait lui-même ;
Une nymphe, le front ceint d’un vert diadème,
Non loin, avec des fleurs jouait sur le gazon.
Le chèvre-pied lui dit : « Lydé, par ton adresse
Tu peux (vois s’il est beau !) gagner cet anneau d’or,
Pourvu qu’en douze fois et douze fois encor
Tu couronnes d’ici mon phallus qui se dresse. »
Elle lançait l’anneau, mais le disque impuissant,
Comme un oiseau moqueur qui s’enfuit sous les branches,
Manquant son but, en vain volait de ses mains blanches.
— « Moi, je suis plus adroit, dit le faune enlaçant
La vierge ; ton anneau, Lydé, chère à Cybèle,
Au premier de mes coups ne sera point rebelle ! »