Amours et priapées/Les Lèvres

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 91-92).


LES LÈVRES


De sa bouche surtout une femme est parée :
C’est une rose rouge, où l’amour fait fleurir
Le sourire jouant dans sa conque adorée,
Qui s’ouvre, langoureuse, aux souffles du zéphyr.

Par la blancheur des dents la corolle est nacrée ;
Sa fraîche haleine exhale un parfum de plaisir ;
Sous ses humides plis, d’une teinte empourprée,
Va butiner gaîment l’abeille du désir.


Si l’on boit un baiser dans son tiède calice,
On goûte, volupté, ton enivrant supplice,
On y suspend son âme, et l’on se sent pâmer.

Ô femmes ! votre cœur sur vos lèvres soupire,
Et l’amant qui vous aime à la hâte respire
Cette fleur que l’oubli tôt ou tard doit fermer !