Amours et priapées/Le dernier Vêtement
Le dernier Vêtement (1869)
LE DERNIER VÊTEMENT
Demi-nue, elle dort, et sa chemise fine
De plis capricieux l’enlace mollement,
Sans cacher les rondeurs de sa ferme poitrine,
Peut-être vierge encor des baisers d’un amant.
La hanche s’épaissit, et la chair se devine
Sous le tissu léger du jaloux vêtement
Qui moule de ses reins la courbe florentine ;
Sa jambe se replie et dort nonchalamment.
Sur sa bouche entr’ouverte un paisible sourire
Voltige ; son sein rond s’enfle, tremble et respire ;
Ses cheveux dénoués baisent ses blancs genoux.
C’est le sommeil divin d’une déesse antique,
D’un marbre revêtu d’une blanche tunique…
Ô mortelle ! ô Diane ! a-t-il neigé sur vous ?