Amours et priapées/Honesta Meretrix

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 105-106).


HONESTA MERETRIX


« Mes cheveux sont à moi comme la feuille à l’arbre,
Et c’est un voile d’or qui rit sur mes pieds nus ;
Mes seins, que le corset n’a jamais contenus,
Sont ronds comme l’orange, et durs comme le marbre.

» De mes yeux nul pinceau n’a bruni le contour ;
Mon col, vierge de fard, est un cygne d’amour ;
Mes lèvres, rouge œillet, de perles sont nacrées.


» Le bain, que mon corps seul parfume, en s’y plongeant,
Ne lave aucune poudre ou de riz ou d’argent :
L’eau frissonne, en léchant mes formes désirées.

» Mes deux jambes, chemin d’un frais mont de Vénus,
Mènent, parmi les lys, à cette rose moite,
Prête aux baisers, qui n’a besoin, pour être étroite,
Ni de vinaigres fins, ni de sels inconnus, »