Amours et priapées/La Pauvresse

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 37-38).


LA PAUVRESSE


Tu vas par les chemins, chantant sur ta guitare
Les airs et les chansons d’un pays inconnu ;
Tes cheveux crespelés, qu’une tresse sépare,
Tombent en noirs anneaux qui baisent ton bras nu.

Ton œil vif ouvrirait le coffre d’un avare,
Et l’adolescent rêve à ton rire ingénu ;
Moi, j’aime ton allure et ta grâce barbare,
Et tes haillons flottant sur ton torse charnu.


Les frissons de la chair courent sous ta guenille
Qui moule tes contours et qui te déshabille,
Comme un voile léger couvre un marbre sculpté.

Bohémienne au front brun, par le soleil dorée,
Tu portes fièrement ta robe déchirée,
Qui, sous ses plis fanés, ébauche ta beauté !