Amours et priapées/La Ceinture de Chasteté

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 39-40).


LA CEINTURE DE CHASTETÉ


Un comte de Nevers, qu’on appelait aux armes,
Comme en un coffre-fort on cache ses bijoux,
Sous l’or d’une ceinture et d’un fermoir jaloux
Scella le clitoris de la comtesse en larmes.

À quelques jours de là, sous les murs du château,
Un troubadour passa, qui venait de Provence.
Sa viole soupira sa plus tendre romance,
Qui vers la dame ouvrit ses deux ailes d’oiseau.


Le beau chanteur, au soir, est assis auprès d’elle :
— « Madame, vous pleurez ! contez-moi votre ennui ? »
Elle baisse les yeux et se penche vers lui.

— « Je t’aime ! dit l’enfant ; ta ceinture rebelle
Tombera sous mes dents qui sauront la briser… »
Et l’aube les surprit, perdus dans un baiser.