Amours et priapées/La Lecture

La Lecture (1869)
Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 13-14).
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LA LECTURE


Une enfant de quinze ans, une rose entr’ouverte,
À l’ombre d’un buisson en fleurs, lisait, un jour,
Un conte du vieux temps, une histoire d’amour,
Et sa jambe lascive irritait l’herbe verte.

De sa poitrine ronde un soupir s’envola ;
Elle serra les dents, et sa bouche de fraise
Sous des baisers absents sembla se pâmer d’aise ;
Son œil, clos à demi, soudain étincela.


Sur son cœur frémissant, comme un être qu’on aime,
Vaincue, elle pressa le cher et doux poëme,
Que son désir avait lu d’une seule main.

On eût vu sur ses pieds tomber sa jupe blanche,
Lorsque son cri charma les oiseaux sur leur branche :
— « Conteur, je relirai ton beau conte demain ! »