Amours et priapées/La Chèvre blanche

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 111-112).


LA CHÈVRE BLANCHE


Promenant le trésor de ses mamelles pleines,
La chèvre svelte saute à travers les buissons ;
Sa robe est une neige errante sur les plaines,
Et les oiseaux pour elle ont gardé leurs chansons.

Cette chèvre appartient au troupeau de Sylvie,
Bergère qu’aime en vain Tircis, le beau berger ;
Elle a tout refusé, les fruits de son verger,
Ses lèvres et son cœur, et dans son cœur sa vie.


Sylvie, il t’aime encor, mais il ne t’aime plus :
Il lève sa tunique, il souffre, il a la fièvre ;
Il jette vers ton sein des soupirs superflus ;

Et, pour punir Eros dont la rigueur le sèvre,
Baisant son poil lustré dans l’eau de l’Ilyssus,
Sur la bruyère en fleurs il épousa la chèvre.