Amours et priapées/À l’Amour

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 3-4).
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À L’AMOUR


Amour, supplice heureux, rêverie enflammée,
Toi qui sous le soleil tiens la terre pâmée,
Dieu de la volupté, des sanglots et des pleurs,
Sur tes brûlants autels coule le sang des cœurs.

N’es-tu pas, dans les mains de l’homme et de la femme,
Un miroir où chacun vient regarder son âme ?
N’es-tu qu’un vaste abîme, où nous courons jeter
Notre moëlle, nos jours, nos nuits, sans rien compter ?


Je fus longtemps, Amour, ta proie et ta victime ;
Un ver piqua les fruits de ma jeunesse intime,
Et mon cœur est blessé par sa maturité.

Rêvant les voluptés multiples d’un satrape,
J’orne le front cornu de l’antique Priape
Des myrtes délicats de la perversité.