Amours et priapées/À Priape

À Priape (1869)
Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 5-6).


À PRIAPE


Priape, dieu vivant, tombé d’un ciel impur,
Protecteur des jardins, j’ai dans un coin occulte
Gardé pieusement les rites de ton culte,
Et j’aime ton phallus qui monte vers l’azur !

Dégoûté des amours, dont le mensonge enivre,
L’imagination meurtrie et le cœur las,
Je suis venu vers toi, toi qui me révélas
Des plaisirs clandestins où l’on se sent revivre.


Moi qui veux deviner tout symbole inconnu,
Poëte agenouillé devant ton front cornu,
J’ai ceint de fleurs ton buste et ton ventre difforme.

Mais il est pour le cœur un autel plus sacré ;
Dans la joie ou les pleurs, sous le saule ou sous l’orme,
Tu peux m’attendre, Amour : demain je reviendrai.