Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses/00-1

Tome 1. Préface.

T. 1.                                                                                          FRONT.
Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788, Figure Tome 1 Frontispice
Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788, Figure Tome 1 Frontispice
CONFESSION DE L’ABBESSE.

PRÉFACE.



Entrer difficilement en religion doit et eût dû toujours être le principe d’un État bien gouverné ; en effet, la religion exige de l’homme une très-grande pureté dans les mœurs. Il faut donc que toute personne religieuse ait des mœurs pures, et, à bien plus forte raison, les hommes et les femmes qui font une profession de l’état religieux. Mais pour pouvoir atteindre ce degré de perfection il ne faut pas que celui qui se voue à cet état soit contraint ; on doit lui laisser une parfaite liberté ; il convient qu’il essaie ses forces en combattant ses passions pendant plusieurs années. Or, c’est ce qui n’était pas au temps où les institutions monastiques existaient. Lorsqu’un père de famille avait beaucoup d’enfants, il se croyait en droit de faire entrer par un moyen quelconque son fils ou sa fille dans un cloître pour y passer sa vie tout entière. Cette contrainte produisait de grands désordres, que l’on connaîtra en lisant l’histoire des amours des capucins et des religieuses contenue dans cet ouvrage, et celle des moines en général, qui fait l’objet d’un ouvrage séparé. (Il se vend à Paris chez le même libraire). On est assez porté à excuser les amours des religieux et des religieuses qui ont été forcés de faire vœu de chasteté ; mais est-on enclin à la même indulgence en faveur des paresseux, hommes ou femmes, qui entraient dans les cloîtres pour se soustraire à l’indigence, et qui ensuite se livraient à tous les débordements de la débauche ? Et d’ailleurs les couvents sont-ils essentiels à la constitution d’un État ? Jésus-Christ a-t-il institué des moines et des religieuses ? L’Église ne peut-elle absolument s’en passer ? Dieu, qui a créé l’homme pour la société, approuve-t-il qu’il se renferme dans un lieu solitaire ? Où est donc l’utilité des institutions monastiques ? La loi qui les abolit fut une loi sage ; mais il ne faudrait pas rétrograder, rétablir un abus absurde détruit pour de justes motifs. Néanmoins, chose dont on ne put se rendre raison, il était question dernièrement, à la Chambre des députés, du rétablissement de certains couvents ; plusieurs journaux en ont fait mention. Nous avons cru que ces circonstances étaient très-opportunes pour dévoiler au public l’histoire des amours claustrales. Notre but est de faire savoir au public, en lui procurant une agréable récréation, que les moines et les religieuses n’étaient pas toujours occupés dans leurs retraites aux exercices de piété auxquels ils se livraient ordinairement par routine et qui ne valaient pas une obole que l’homme vraiment pieux donne aux pauvres. Ces faux dévots étaient souvent si éloignés de la pureté prescrite par les lois canoniques, que les laïques séculiers les moins intéressés à passer pour scrupuleux rougiraient quelquefois de s’être livrés aux excès du libertinage dans lesquels se sont vautrés un grand nombre de moines impudiques et de vierges folles.