Imprimeries Réunies. S. A. (p. 20-24).

La chevalerie du sport.

C’est de Suède qu’est venue l’institution. On parle toujours de la gymnastique suédoise et on connaît fort mal l’organisation sportive de la Suède. En 1897 avait été fondée l’Association centrale pour l’avancement des sports. En 1903 se créa l’Union nationale des Sociétés suédoises de gymnastique et de sport. Chaque société relève à la fois d’une ou plusieurs Unions spéciales et d’une Union régionale. Il avait en 1912 vingt et une Unions régionales dont les délégués (un par 500 membres) formaient l’assemblée directrice de l’Union nationale. Sous le contrôle des Unions spéciales (gymnastique, escrime, patinage, natation, football, etc.) les Unions régionales assurent l’organisation des championnats locaux et gouvernent leurs districts, mais elles dépendent à tous égards de l’Union nationale. Celle-ci subventionnée par l’État perçoit en outre les cotisations des sociétés. C’est tout un réseau de garanties, de règlements et de surveillance qui se trouve tendu de la sorte sur le sport suédois. Chacun peut apprécier les inconvénients et les avantages de ce régime et se demander s’il serait avantageux ou nuisible à sa propre patrie de s’y trouver soumise.

Il est une institution suédoise fort originale et qui, applicable en tous pays, rendrait partout de signalés services. L’Union nationale a créé une sorte d’ordre de chevalerie d’un caractère sportif dans le but d’encourager à la pratique des sports et surtout d’inciter les adultes à poursuivre cette pratique aussi avant que possible dans la vie. L’ordre a trois grades correspondant à un insigne d’or, d’argent ou de bronze, Pour l’obtenir, il faut être citoyen suédois, appartenir à une société régulièrement inscrite et satisfaire à des épreuves dont voici le tableau :

1er groupe : épreuves de gymnastique
200 m. à la nage
2e groupe : saut en hauteur (1 m. 35 au moins)
saut en longueur (4 m. 75 au moins)

3e groupe : course à pied de 100 m. (en 13 secondes au plus)
course à pied de 400 m. (en 65 secondes au plus)
course à pied de 1 500 m. (en 5 min. 15 secondes au plus).
4e groupe : épreuve d’escrime
lancement du disque (à 40 m. au moins)
lancement du javelot (à 50 m. au moins)
lancement du poids (à 16 m. au moins)
5e groupe : 10 kilomètres à pied (en 50 minutes au plus)
1 kilomètre à la nage (en 28 minutes au plus)
10 kilomètres sur patins (en 25 minutes au plus)
20 kilomètres sur skis (en 2 heures 15 minutes au plus)
20 kilomètres à bicyclettes (en 50 minutes).

Celui qui satisfait à une des épreuves de chaque groupe au choix reçoit l’insigne de bronze ; celui qui y satisfait pendant quatre ans (consécutifs ou non) l’insigne d’argent ; celui qui satisfait pendant huit ans, l’insigne d’or. Reçoit d’emblée l’insigne d’or l’homme qui, âgé de plus de 32 ans, satisfait une seule fois à une des épreuves de chaque groupe. C’est en somme, un pentathlon qui rappelle le « Diplôme des Débrouillards » institué en France en 1904 et imité depuis en d’autres pays. Mais il manque — lacunes regrettables — l’équitation et l’aviron.

Telle quelle, cette institution n’en constitue pas moins une aide précieuse pour le développement des habitudes sportives. Elle est simple, compréhensive, d’exécution facile et point coûteuse, et son efficacité individuelle répond exactement aux besoins du jour.