Allumez vos lampes, s’il vous plaît !!!/02

Texte établi par Association de La Salle, Éditeurs Dussault & Proulx (p. 8-9).

« LA PRESSE », du 24 septembre 1920

Protestation des Anciens Élèves des Frères


Québec, 24. — Les lettres parues dans un journal sous la signature de Mgr Ross, ont donné lieu à des protestations de la part des anciens élèves des Frères des Écoles Chrétiennes. Une lettre a été envoyée au comité catholique du Conseil de l’Instruction Publique, mais elle n’est pas parvenue assez tôt pour être lue. Voici le texte de cette lettre de protestations :

Nous, soussignés, contribuables aux fonds scolaires de la province de Québec, et anciens élèves des Frères des Écoles Chrétiennes, soumettons respectueusement au Conseil de l’Instruction publique que nous avons été douloureusement affectés par la série d’articles tendancieux publiés, ces jours derniers, dans le journal « LE DEVOIR », sous la signature de Mgr Ross.

« C’est pourquoi nous avons résolu de protester devant votre très honorable conseil, malgré le peu de temps qu’il nous reste pour vous communiquer nos sentiments communs et pour rédiger nos griefs, au moment où Mgr le principal de l’École Normale de Rimouski vient de publier son dernier article.

« Nombre d’affirmations de Mgr le principal nous paraissent très discutables et nous désirons savoir s’il va être interdit aux éducateurs de nos villes de donner un commencement d’anglais à nos fils, dès le bas âge.

« Nous ne croyons pas que ce soit bouleverser notre système d’éducation ni compromettre l’avenir de nos enfants, que de les appliquer durant environ une demi-heure par jour à l’étude de la langue anglaise. Pourquoi ne pas nous donner ici les mêmes avantages qu’en Belgique où, au dire de Mgr Ross lui-même, la langue seconde est facultative dès le cours élémentaire.

« Pourquoi aussi toutes ces insinuations contre les Frères enseignants, dans le but évident de les rendre responsables de la désertion du sol et de la désaffection pour la langue française ? Pourquoi encore assimiler nos académies commerciales à de simples “business colleges” où l’on façonne le cerveau dans ce moule nécessairement aride entre les bornes étroites de l’anglais et de la comptabilité » ? De tels avancés sont injurieux pour les éducateurs qui ont été nos formateurs. Ils nous paraissent surtout très injustes et c’est pourquoi nous avons voulu protester.

C’est presque toujours sur la demande des contribuables, M. le curé en tête, que ces académies commerciales ont été ouvertes et les fondateurs de ces établissements ont dit aux Frères quel enseignement ils voulaient pour leurs enfants. N’est-il pas injuste d’incriminer maintenant les religieux qui n’ont jamais fait que leur devoir de bons serviteurs de la patrie ?

« Nous rappellerons que nos académies commerciales ont préparé nombre de citoyens remarquables par leur développement intellectuel, non moins que par l’élévation de leur caractère, et nous trouvons étrange qu’un personnage de la qualité de Mgr Ross ait commis de pareilles affirmations, avant de s’être mieux enquis des faits.

« Nous voulons que la langue française fleurisse de mieux en mieux en notre pays et nous ne connaissons pas d’éducateurs plus qualifiés que les Frères des Écoles Chrétiennes pour enseigner cette belle langue à nos enfants.

« Et nous avons signé. Fait, à Québec, ce 21 septembre 1920. »

Ce document est signé par M. P.-N. Verge, président de l’Association de La Balle des Anciens Élèves de l’Académie Commerciale ; par le maire de Québec et plusieurs hommes d’affaires de Québec.