Album des missions catholiques, tome IV, Océanie et Amérique/Missions de l'ouest

Collectif
Société de Saint-Augustin (p. 98-104).

MISSIONS DE L'OUEST, DU CENTRE ET DU SUD.

San-Francisco. Oregon-City. Utah. Colorado. Nouvelle Orléans. Texas.


NE cité jeune et riche d’avenir, une des villes les plus cosmopolites et les plus prospères des États-Unis, San Francisco, se dresse à l’extrémité du long railway qui part de New-York et coupe en deux dans toute sa largeur l'Union américaine.

San Franciso. — Nulle part la foi n'a fait de plus rapides progrès que dans cette capitale de la Californie, l'Eldorado du Far-West. Plus de 150 prêtres desservent actuellement les nombreuses stations d'un archidiocèse qui date d'hier et compte déjà plus de 200.000 catholiques.

Il y a quelques mois, l'éminent archevêque de


ÉTATS-UNIS. — MISSION DE LA CONCEPTION, d'après un croquis de M. Domenec, l'un des premiers missionnaires du Texas. (Voir p. 102.)


cette ville, Mgr Riordan, posait la première pierre de la future cathédrale. Cette cérémonie eut lieu avec un éclat extraordinaire, la foule qui se pressait à la cérémonie, offrait le plus pittoresque coup d’œil : toutes les nations de l'Ancien et du Nouveau Monde étaient représentées dans l'assistance.

Le R. P. Sansia, supérieur du collège des RR. PP. Jésuites de San-Francisco, prononça à cette occasion un discours éloquent dont voici la péroraison :

«... O Amérique ! tu es bien la terre de Marie. Que de titres tu as à ce beau nom ! N'est-ce pas sous les auspices de la Vierge immaculée, sous sa direction maternelle, à l’ombre de sa bannière arborée au-dessus du pavillon castillan, que les caravelles espagnoles de Christophe Colomb s’élancèrent à ta découverte ? Ne se nommait-il pas Santa Maria, l’esquif qui porta l’immortel navigateur sur les rives du continent inconnu ? La première terre américaine où il descendit fut, il est vrai, baptisée du titre de San Salvador, en l’honneur du rédempteur de l’humanité ; mais le deuxième où il mit le pied reçut, en l’honneur de la Mère de Dieu, le nom de Santa Maria de la Conception... Et voici que la piété chrétienne, faisant écho à la voix du grand amiral, prodigue le nom béni de la Reine du ciel sur tous les points de cette moitié occidentale du monde, aux baies et aux rivières, aux plaines et aux montagnes, aux vallées et aux collines. Aujourd’hui, des glaces de l’Athabaska aux sables de la Patagonie, entre les deux Océans qui l’étreignent à droite et à gauche, notre jeune et glorieux hémisphère se couvre de sanctuaires : humbles oratoires, modestes chapelles, vastes églises, basiliques superbes ; et des millions d’âmes croyantes s’y groupent pour chanter les louanges de l’humble Vierge qui disait, il y a dix-neuf cents ans, la parole


ÉTATS-UNIS. — ANCIENNE MISSION DE SAN JOSÉ, AU TEXAS ; d'après un croquis de M. Domenec. (Voir p. 102.)


si extraordinaire et si merveilleusement accomplie : « Toutes les générations m'appelleront bienheureuse ! »

«Ah ! ce sera pour nous un jour de grande joie que le jour où nous ferons retentir de nos hymnes à la gloire de la Mère de Dieu les voûtes de cette cathédrale Sainte-Marie, qui bientôt, nous l'espérons, s’élèvera là où nous sommes, sur ce rivage de la Mer occidentale, dans cette grande cité du Far West, la reine de la Porte d’Or !... »

Orégon City. — La province de San - Francisco confine au nord à celle d’Orégon City, immense elle aussi, mais moins bien pourvue et appelée à un moins brillant avenir à cause de son éloignement du centre. Le diocèse ne compte encore que 32 prêtres et 30 églises. Nous avons vu précédemment que Mgr Seghers en fut quelque temps le premier pasteur. Mais le prélat dont la mémoire vivra le plus longtemps dans le cœur des diocésains de l’Orégon, est Mgr Blanchet, mort en 1883 avec le titre d’archevêque d’Amida.

On ne peut lire sans émotion ce que l’on est tenté d’appeler les brillants états de service du saint pontife.

François-Norbert Blanchet, né à Saint-Pierre du Canada, le 3 septembre 1795, était parti en juillet 1838, pour l’Orégon. Il y arriva après un trajet de 1,800 lieues, accompagné de M. Demers, mort depuis évêque de Vancouvert. Il évangélisa d'abord les sauvages Cowlitz, puis il séjourna sur les bords de la rivière Wallamet, où son ministère, secondé par les heureuses dispositions des indigènes, recueillit d'abondantes bénédictions. S. S. Grégoire XVI le nomma, au commencement de l'année 1844, vicaire apostolique du vicariat nouvellement érigé de l'Orégon, et il fut sacré évêque de Drase in partibus, le 25 juillet 1845. Le Saint-Siège ayant choisi, en 1846, la ville d'Orégon-City, comme chef-lieu d'une province ecclésiastique, Mgr Blanchet en fut préconisé archevêque. Il ne cessa depuis de se dévouer au bien des âmes dans ce vaste territoire qui s'étend depuis le rivage de l'Océan Pacifique jusqu'à la rivière des Serpents, à 500 kilomètres dans l'intérieur des terres, et qui mesure 400 kilomètres du nord au sud. Vingt-cinq prêtres partageaient les travaux du vénérable prélat et donnaient, sous sa direction éclairée, leurs soins aux 20,000 catholiques, dispersés dans cet immense diocèse.

En 1882, l'auguste vieillard, affaibli par les travaux et le grand âge, donna sa démission. Rien n'est plus touchant que ses adieux à sa famille spirituelle :

« Après soixante-deux ans de prêtrise, dit-il, quarante-trois ans de travaux apostoliques dans cette


Pic de Peak. Place La veta École. Tribunal du
comté
Résidence du
lieutenant-gouvernement
Tabor.
Académie
Sainte-Marie.
Première église
protestante
congrégationaliste.
Cathédrale
catholique.
d'Arapahoé
ÉTATS-UNIS. — DENVER, CAPITALE DE L'ÉTAT DU COLORADO, QUARTIER DU SUD.


contrée, trente-six d'épiscopat, nous pouvons dire avec l'apôtre : « Le temps de ma dissolution approche... » Nous sommes venu en 1838 du Canada apporter l'Évangile de la paix à cette extrémité occidentale du continent américain, en même temps que feu Mgr Modeste Demers, premier évêque de Vancouver. Là où nous ne vîmes alors que « les ténèbres et l'ombre de la mort », fleurissent aujourd'hui des missions nombreuses, des communautés ferventes, un clergé zélé et un vaillant peuple catholique. Arrivé à l'âge de quatre-vingt-six ans, nous sentons que « notre génération touche à sa fin » (ISAIE, XXXVIII, 12). L'heure est donc venue de nous retirer dans la solitude « pour repasser devant Dieu toutes nos années dans l'amertume de notre âme. » (Id. 15.) Adieu donc à vous, nos bien-aimés et vénérés Frères dans le sacerdoce, qui avez été si souvent notre consolation et notre soutien dans les jours de trouble et de tribulation. Adieu, chères filles, vierges chrétiennes, épouses de JÉSUS-CHRIST, qui nous avez édifié et réjoui du parfum de vos vertus. Adieu, pieux chrétiens, objet de notre paternelle sollicitude. Adieu, jeunes gens, espoir de l'Église de notre pays, et vous, petits enfants, les biens-aimés du Christ, si chers à notre cœur. Nous vous quittons, mais avec la ferme confiance de vous retrouver éternellement dans le Ciel. N’oubliez pas votre vieux père qui vous aime tendrement ; pardonnez-lui ses fautes ; priez pour que ses péchés lui soient remis quand il sera appelé à rendre compte de sa gestion au Juge suprême... »

Utah. — Cette mission qui dépendit pendant longtemps du diocèse de San-Francisco, vient de recevoir son premier évêque. Le sacre de Mgr Scanlan, premier évêque de Salt Lake City (Utah), a eu lieu le 29 juin 1887 dans la cathédrale de San-Francisco. Mgr Riordan, archevêque consécrateur, était assisté de NN. SS. O’Connell et Manogue.

Mgr Scanlan, né en 1842, a été ordonné prêtre au collège d’All-Hallows au mois de juin 1866. Les trois premières années de sa vie de missionnaire se passèrent dans la capitale de la Californie où il était recteur assistant de l’église Saint-Patrice. De là, il fut envoyé dans le pays des Mormons où son zèle, sa patience, son énergie furent visiblement bénis de Dieu. Mgr Scanlan a donc la gloire d’être le premier évêque d’une mission qu’il a créée lui-même et qui lui doit tout son développement.

Colorado. — Cet État se trouve près du centre des États-Unis, plus rapproché cependant de l’Océan Pacifique que de l’Océan Atlantique. La capitale est Denver, siège de l’évêché, grande et belle ville sur la rive droit de la Platte, à environ vingt kilom. de


Grand-Opéra. Église des Unitariens. École supérieure. École presbytérienne. Hôtel Windsor. Pic de Long. Église luthérienne suédoise. Cathédrale St-Jean. Hall Jarvis. Église du Sacré-Cœur.
ÉTATS-UNIS. — DENVER, QUARTIER DU NORD.


la base orientale des Montagnes Rocheuses, sur un embranchement du grand chemin de fer du Pacifique. Fondée en 1858, Denver n’avait que 4,750 habitants en 1870 ; aujourd’hui, elle en compte plus de 60,000. C’est une des villes des États-Unis d’où l’on jouit du plus beau panorama : au-dessus des champs, des bois, des rochers et des neiges, on voit se dresser les grands sommets où le Colorado et l’Arkansas prennent leurs sources.

Denver est remarquable par la largeur et le mouvement de ses rues, ses édifices, dont quelques-uns peuvent rivaliser avec ceux qui ornent les plus grandes cités américaines ; citons, en passant, l’Université, l'École supérieure, l’hôtel Windsor, le Tabor block, immense construction qui a coûté plus d’un million, le grand Opéra, etc., etc.

Les protestants y possèdent de beaux temples. Les catholiques ont construit une pro-cathédrale dédiée à l’Immaculée Conception et trois églises : celle du Sacré-Cœur, appartenant aux PP. Jésuites, celle de Sainte-Élisabeth et celle de Saint-Patrice,

La ville est sillonnée par les tramways, et son importance devient si considérable que l'on va prochainement établir un chemin de fer de ceinture.

Les autres villes principales du Colorado sont Leadville, 20,000 habitants, Silver-Cliff, Peublo Georgetown, etc.

La population se compose d'Anglo-Américains, d’Allemands et d’Espagnols qui forment un total de 260,000 habitants. Sur ce nombre il y a 35,000 catholiques dont 10,000 à Denver ; le reste de la population appartient aux différentes sectes protestantes ; mais l’Église catholique a la majorité sur chaque secte séparée.

Sous le rapport religieux, le Colorado est administré par un évêque qui est suffragant de l'archevêché de Santa-Fé. Le clergé se compose d’une quarantaine de prêtres. Les PP. Jésuites se préparent à y bâtir un collège. On compte trente-cinq églises ou chapelles. Les Sœurs de Lorette ont plusieurs établissements dans le vicariat et les Sœurs de Charité desservent les hôpitaux.

L’évêque actuel est Mgr Joseph Machebeuf. Ce vénérable prélat, originaire du diocèse de Clermont, quitta la France en 1839, pour se rendre aux États-Unis. C’est à Cincinnati qu’il débuta dans le saint ministère. À l’époque de la création du diocèse de Santa-Fé (novembre 1850), lorsque M. Lamy, curé de Covington, en fut nommé évêque, M. Machebeuf suivit son compatriote au Nouveau Mexique et fut chargé par lui d’administrer d’abord la paroisse d’Albuquerque, puis celle de Denver ; il reçut aussi des lettres de vicaire général. En 1868, lorsque le Saint-Siège détacha du diocèse de Santa-Fé et du vicariat de Marysville les territoires du Colorado et de l’Utah, pour en former un vicariat distinct, Mgr Lamy proposa à la Propagande son infatigable et zélé collaborateur pour diriger l’Église nouvelle.

Ce choix fut agréé, et, le 3 mars 1868, M. Machebeuf fut préconisé évêque d’Épiphanie in partibus et député vicaire apostolique du Colorado et de l’Utah.

Le 16 août suivant, il reçut à Cincinnati l’onction épiscopale des mains du vénérable archevêque qui l’avait accueilli au début de sa carrière apostolique, Mgr Purcell. Dès le lendemain de son sacre, il s’empressait de porter à son peuple ses premières bénédictions de pontife. Le nouvel évêque d’Épiphanie défricha ce désert. En quelques années une église nouvelle était fondée ; elle compte aujourd’hui un nombreux clergé séculier et régulier et ses enfants par milliers.

Le 16 décembre 1886, une foule immense emplissait la cathédrale de Denver.

Dans les nefs, dans les tribunes, dans le sanctuaire, à genoux, debout, assis, protestants et catholiques étaient confondus dans un même sentiment de reconnaissance et d'amour. Mgr Machebeuf célébrait ses noces d'or sacerdotales.

Quand le vieil évêque, la mitre en tête et la crosse à la main, sortit de la sacristie pour se rendre à l'autel, son cœur s'émut, ses lèvres tremblaient et sur ses joues amaigries et sillonnées par les ans, on voyait rouler des larmes de joie. A l'issue de la messe pontificale, un missionnaire exalta en termes pathétiques et éloquents ses cinquante années de prêtrise dont trente-six passées dans le Far-West, au milieu des plaines monotones du Nouveau Mexique et du Colorado et dans les Montagnes rocheuses, portion stérile de la vigne du Seigneur changée en un paradis où s'épanouissent les plus belles fleurs d'innocence et de vertu. Il rappela le zèle infatigable, les travaux incessants qui ont couvert le vicariat d'églises et d'écoles, d'asiles et d'hôpitaux.

Les laïques s'avancent à leur tour. L'un d'eux prend la parole :

« Évêque titulaire d'Épiphanie, une des plus anciennes villes du monde, vous avez établi votre trône épiscopal dans une des plus jeunes. Vous êtes le vicaire apostolique du Colorado, l'évêque de Denver. Vrai fils de la catholique France, de toutes les nations la plus féconde en missionnaires et en martyrs, vous vous êtes senti appelé aux premiers jours de votre ministère à porter l'Évangile sur une terre étrangère et à des peuples d'une autre langue. Dans cette ville historique de Clermont, où, il y a huit siècles, fut prêchée la première croisade, vous avez senti passer en vous l'esprit des Croisés et vous êtes venu dans ce Nouveau-Monde faire de nouvelles conquêtes pour la Croix... »

Idaho. — Montana. — Nebraska. — Arizona. — Nouveau-Mexique. — Territoire Indien. — Le chapitre suivant, consacré aux Indiens des États-Unis, nous offrira un tableau complet des mœurs et coutumes de la population indigène qui domine dans ces divers territoires. Mais, avant de faire connaissance avec eux, disons un mot de la grande Mission de la Louisiane et du Texas, aujourd’hui divisée en huit diocèses différents.

Nouvelle-Orléans. — Un des premiers titulaires de ce siège métropolitain de la Louisiane porte un nom familier aux bienfaiteurs de la Propagation de la Foi. Mgr du Bourg, qui présida durant huit années aux destinées de ce beau diocèse, reçut les premières offrandes de notre Œuvre. Un de ses successeurs, Mgr Odin, mort en France en 1870, mérite une mention spéciale parmi les neuf prélats qui ont occupé ce siège depuis sa création en 1793.

Mgr Odin était né le 25 février 1801 ; il partit de Lyon pour la Louisiane, bien jeune encore, l’année même où l’Œuvre de la Propagation de la Foi était fondée, et arriva le 30 août 1822 au séminaire des Barrens ; il fut ordonné prêtre par Mgr du Bourg évêque de la Nouvelle-Orléans, le 4 mai 1823. Il était entré quelque temps auparavant dans la Congrégation de la Mission.

Le jeune prêtre brûlait du désir de se consacrer aux missions indiennes. Mais la confiance de son évêque le maintint au séminaire des Barrens, dont il eut pendant plusieurs années la direction. En 1833, il accompagna, comme théologien au second concile provincial de Baltimore, Mgr Rosati, évêque de Saint-Louis : après le concile il fut chargé d’en porter les actes et les décrets au Souverain Pontife. 508 évêque écrivait alors à M. l’abbé Cholleton, vicaire général de Lyon : « M. Odin, prêtre de la Congrégation de la Mission, est un des présents les plus précieux que le diocèse de Lyon, pépinière féconde de missionnaires, ait fait à celui de Saint-Louis. M. l’abbé Odin ne fut pas moins apprécié à Rome qu’en Amérique. En 1841, il avait été nommé coadjuteur de Mgr Rézé, évêque de Détroit ; mais il refusa les honneurs de l'épiscopat. L'année suivante, il dut pourtant se soumettre et accepter ke vicariat apostolique


TEXAS. — ÉGLISE FERDINAND, A SANT-ANTONIO. (Voir p. 101.)


du Texas, avec le titre d'évêque de Claudiopolis in partibus.

Lorsqu'en 1847, le Texas fut érigé en évêché avec Galveston pour ville épiscopale, Mgr Odin en devint le premier évêque, et, le 15 février 1861, il fut transféré à l'archevêque de la Nouvelle-Orléans, où il succéda à un autre missionnaire du diocèse de Lyon, Mgr A. Blanc.

Quoique sa santé fût très mauvaise, Mgr Odin n’hésita pas, en 1869, à répondre à l’appel du Pape et il se rendit à Rome pour le Concile ; mais il fut obligé de quitter cette ville et de venir demander au climat natal une santé qui ne lui a malheureusement pas été rendue. Le Souverain Pontife, afin de lui permettre de se rétablir, lui avait, sur sa demande, donné pour coadjuteur son ancien vicaire général, Mgr Perché, évêque d’Abdère in partibus.

Mgr Jean-Marie Odin avait soixante-neuf ans. Il comptait quarante-huit années de mission, et les travaux du missionnaire usent vite, surtout lorsqu’on y déploie tout le dévouement que n’avait cessé de montrer le vénérable prélat.

Mgr Perché, qui succéda en 1870, à Mgr Odin, était né à Angers, le 10 janvier 1805. Il fit toutes ses études et reçut la prêtrise dans son diocèse natal. En 1836, il partit pour l’Amérique à la suite de Mgr Flaget et demeura quatre ans à Portland. Étant venu prêcher à la Nouvelle-Orléans, il fut retenu par Mgr Blanc et nommé aumônier des Dames Ursulines. Dans cette modeste position, qu’il occupa jusqu’à sa promotion à l’épiscopat, M. Perché se révéla comme écrivain et comme orateur. Mgr Perché a occupé pendant treize ans le siège métropolitain de la Louisiane. En 1879, Mgr Leray fut nommé coadjuteur avec future succession du vénérable archevêque, et lui succéda en décembre 1883.

Mgr Leray est mort dernièrement en Bretagne. Il a rendu son âme à Dieu au sein de sa famille près de laquelle il était venu prendre un peu de repos.

François-Xavier Leray était né à Chateaugiron, petite ville de 2,000 habitants à quatorze kilomètres au sud de Rennes. Le désir de prêcher l’Évangile dans le Nouveau-Monde le fit partir pour les États-Unis. Ordonné prêtre le 19 mars 1852, il exerça son ministère dans l’État du Mississipi, au diocèse de Natchez. L’évêque, Mgr Guillaume-Henri Elder, aujourd’hui archevêque de Cincinnati, le nomma curé de Wicksburg, paroisse du comté de Waren. À la mort du regretté Mgr Martin, décédé le 29 septembre 1875, évêque de Natchitoches, il fut appelé à le remplacer. Quatre ans après, son vénérable métropolitain, Mgr Perché, qui l’estimait et connaissait ses mérites, se l’associait comme coadjuteur.

Texas. — L’évangélisation des Indiens du Texas présente de très grandes difficultés. Les succès des anciens missionnaires franciscains prouvent cependant que ces difficultés ne sont pas insurmontables. Le plus grand obstacle, c’est le manque d’ouvriers et de fonds ; les catholiques texiens subviennent aux dépenses du culte et à l’entretien du clergé dans les paroisses, mais les missions indiennes sont à la charge de l’évêque.

Dans les premières années du XVIIe siècle, les rois d’Espagne envoyèrent au Texas vingt-huit familles espagnoles des îles Canaries. Ces émigrants étaient conduits par des Franciscains et accompagnés de soldats pour défendre leurs établissements.

Les Religieux formèrent une série de stations dont la première était, sur le golfe du Mexique, la mission del Refugio, et la dernière, sur l’Océan Pacifique, à San Francisco (Californie). Beaucoup d’Indiens furent convertis au catholicisme et vinrent se grouper autour de ces stations dont quelques-unes, notamment celles de San-José, de la Conception, de Nacogdoches, de Saint-Sabas, acquirent une assez grande importance.

Ces missions se maintinrent dans une situation florissante jusque dans les premières années du XIXe siècle. Mais les révolutions politiques, commencées en 1812, et qui aboutirent, pour l’Espagne, à la perte de ses colonies, enlevant tout appui aux missionnaires. Les stations furent détruites pour les Comanches ou par les Apaches ; les Indiens convertis furent obligés de se disperser, et l’on voit encore au nord-ouest du Texas, sur le pic de Saint-Sabas, les ruines qui furent baignées du sang des derniers missionnaires.

Aujourd’hui, de tous ces établissements jadis prospères, il ne reste que les deux églises de de San-José et de la Conception. (Voir les gravures p. 96 et 97).

Il n’y a pas encore trente ans, que les tribus indiennes des Comanches, des Apaches, des Cherokées, des Lépans, des Créeks, etc., couvraient le Texas de leurs 600,000 sauvages. Leur nombre a diminué, tout en restant très considérable. Malgré eur croyance générale à un Être souverain, — le Grand-Esprit qui a fait toutes choses, — beaucoup d’entre eux rendent un culte au soleil qui les éclaire, les réchauffe et les brûle.

Le pays qu’ils habitent est très fertile ; mais, sans civilisation, pas de culture possible, et pas de civilisation pour les peuples tombés à l’état sauvage, en dehors de l’action vivifiante du catholicisme. Les sectes protestantes, qui n’ont plus la sève divine, ont prouvé toute leur impuissance pour greffer ces rudes sauvageons.

En 1845, le Texas entra dans la grande confédération américaine, malgré l’opposition des Mexicains, et vit, à la suite de cette annexion volontaire, les émigrants européens venir en grand nombre s’établir dans ses plaines fertiles.

À mesure que la population blanche s’augmentait, des villes se fondaient. On voyait s’élever presque simultanément au bord de la mer, Galveston dans l’île de ce nom, aujourd’hui siège d’un évêché et qui compte de 35 à 40,000 habitants, Indianola, Corpus-Christi, Brownswille, où réside un vicaire apostolique, Houston, qui a pris le nom du premier président de la république texienne, San Antonio, etc.

Lorsque Mgr Odin vint, avec trois missionnaires, prendre possession de cet immense vicariat long de six cents lieues et large de quatre cents, il n’existait que trois petites églises. Mais le sang de JÉSUS-CHRIST ne coule jamais en vain ; il fit naître les vertus qui rendent les hommes frères, en même temps qu’elles les unissent à leur créateur. Aujourd’hui, grâce aux prières et à l’obole de la Propagation de la Foi, 250,000 catholiques se réunissent dans plus de 300 églises ou chapelles ; 84 missionnaires s’y répartissent dans trois diocèses, et la part de chacun d’eux a l’étendue d’un département français.