Album de vers/Carmen Perpetuum : Prélude

CARMEN PERPETUUM

PRÉLUDE



L’aurore impériale et sa pourpre ont passé ;
Voici le chant des bois et la rumeur des plaines
Et le printemps mêlant ses sons et ses haleines
Grise d’amour mon âme éprise du passé.

L’herbe est joyeuse et vers le fleuve qui dévie
Majestueux et lent aux horizons perdus
S’élèvent des murmures doux, comme entendus
Par de là l’autre hiver, et par de là ma vie…

Ainsi qu’en ce matin d’avril prestigieux,
Humant la volupté des Choses surhumaines,
Je suis, inconscient, le sentier où tu mènes
Mon être vers un but inconnu de tous deux ;

Ainsi j’ai bu l’amour à tes lèvres diverses
Dès l’aurore première et dès l’éternité ;
Et jusqu’en cet avril où rit la nudité
J’ai tendu le cratère aux baisers que tu verses ;

Nos aveux oubliés me sont comme un remords,
Et j’ai suivi l’écho mystérieux des rires ;
Et dans mes yeux émerveillés ou tu te mires
S’est reflété l’éclat perdu des soleils morts.