Album de vers/Carmen Perpetuum : « La belle Aude »

« La belle Aude »



L’énervante langueur des lents violoncelles
Redit que notre espoir d’aimer est enfantin ;
Le doux hautbois module un regret très lointain ;
Il frémit dans l’orchestre un bruit de grandes ailes ;

La flûte suraiguë aux strideurs sataniques
Raille un sanglot intermittent que dit le cor :
Et voici, n’est-ce pas, l’héroïque décor
Des gaves rugissants et des rocs titaniques :

Voici le choc des fers et les cris du carnage,
La rage cramponnée aux flancs des rocs sanglants,
Et la chute mortelle, et, vers les faîtes blancs,
Le vol prodigieux des vautours plonge et nage…

Et, là-bas, sur le Rhône, un chant de funérailles,
Immense et triste chant que pleure un peuple en deuil
Et les roses de sang sur le double cercueil ;
Et Durandal avec la gloire des batailles.