Admirant voz beaux yeux, je raisonnois ainsi

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 255).


SONNET.


 Admirant voz beaux yeux ie raiſonnois ainſi :
Quel miracle eſt ceci ? ie ne le puis comprendre,
Mon cœur est un glaçon & ſe reduit en cendre,
Ie n’ai point offencé, & ie crie merci :
 Ie ſuis d’un ſeul regard & joyeux & tranſi,
Amour, enſeigne moi, que ie le puiſſe entendre :
C’eſt raiſon, dit Amour, ie te le veux apprendre.
Eſleue ton penſer & eſcoute ceci.
 Ie ſuis le dieu des dieux, qui couvai tout le monde,
Qui aſſemblai le feu, la terre, l’air & l’onde,
Qui domptai le deſordre auec mes dards pointus ;
 Ie ſuis celui qui tiens la paix & les allarmes,
Qui me pais de plaiſirs & me ſaoule de larmes,
Et les yeux que tu vois ſont toutes mes vertus.


A. D. V.