Texte établi par Henri d’Arles, J.-A. K.-Laflamme (Tome 3p. vii-viii).


NOVISSIMA VERBA




Avec ce tome troisième, se termine le grand travail que nous avions commencé en 1913, et auquel nous avons donné, depuis ce temps, le meilleur de nos jours et de nos nuits. Au moment de dire adieu à ce labeur ingrat et passionnant, que nous a impose notre rôle d’annotateur et d’éditeur d’un manuscrit souvent défectueux dans la forme, et plus souvent inquiétant quant à la substance des idées, nous éprouvons un sentiment assez complexe et contradictoire : de la joie d’avoir fini une œuvre très longue, et qui a demandé beaucoup de patience ; de la peine, car nous nous étions habitué à cette tâche, et elle faisait partie de notre vie.

La critique scientifique est trop peu avancée chez nous pour qu’on ait généralement compris et apprécié notre genre de travail, nos méthodes de discussion et de redressement des textes, l’impartialité avec laquelle nous nous sommes efforcé de résoudre les problèmes qui se présentaient, en faisant totalement abstraction des personnes et des liens du sang, et en nous tenant uniquement sur le terrain des principes. Une élite cependant a rendu hommage à l’esprit indépendant de toute attache, politique ou autre, avec lequel nous avons exécuté notre entreprise. Nous en appelons à l’avenir, d’ailleurs ; et c’est en toute confiance que nous soumettons d’avance à la postérité le résultat de nos recherches.

Nous croyons avoir réglé, de façon définitive, la grosse question du partage des responsabilités dans l’affaire de la Déportation des Acadiens. Il faut laisser maintenant à la Justice Immanente le soin d’apporter les sanctions nécessaires, pour que l’ordre éternel, violé par la main des puissances humaines, soit rétabli et vengé. Ces sanctions arriveront à l’heure marquée. Si nous ne les voyons pas se produire, nous aurons eu une foi invincible en leur réalisation. Les crimes des nations se paient ici-bas.

De tout ce que nous avons écrit dans les trois tomes dont se compose cet ouvrage, il n’y a qu’une page, une toute petite page, que nous voudrions déchirer, et c’est la première. Nous prions tous nos lecteurs de vouloir bien la regarder désormais comme non-avenue.

Henri d’Arles.
Montréal, 15 mai 1921.