Texte établi par (Charles Bally ; Léopold Gautier), Payot/Droz (p. 412).


ΝΥΣΤΑΖΩ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 76. — 1889.)

Νυστάζω « s’assoupir, être somnolent » semble, il est vrai, ne pouvoir se séparer de νεύω, et M. Veitch (Greek Verbs) voudrait même en faire une simple doublure de νευστάζω « incliner ou hocher la tête ». Cependant une autre possibilité doit être signalée : le lituanien su-snústi uż-snústi (présent -snústu, prétérit snúdau) signifie, exactement comme νυστάζειν, « s’endormir involontairement, être surpris par le sommeil » par opposition à uż-mìgti « s’endormir en cherchant volontairement le repos ». Cf. encore snáusti, snaudżu « sommeiller légèrement ». Si le rapprochement est juste, νυστάζω dériverait d’un ancien participe passé *σνυστός « assoupi » (= σνυδ-τό-ς ou σνυθ-τό-ς). L’υ peut avoir été long, comme l’u du mot lituanien.

En germanique, trois radicaux commençant par snū- expriment l’idée de « souffler bruyamment, renifler, ronfler, etc. » : 1o Vieux h.-all. snūdan « respirer avec bruit, ronfler » ; 2o vieux h.-all. snūzen (aujourd’hui schneuzen) « moucher » ; 3o moyen h.-all. snūben « ronfler » (aujourd’hui schnauben « souffler, haleter ») ; à ce dernier se rattache moyen h.-all. snupfe « rhume ». Nous ne citons ces mots que pour mémoire ; s’ils paraissent trop éloignés du sens de νυστάζω, ils ne le sont pas moins de celui de su-snústi : le grec et le lituanien restent en parfaite harmonie.