Œuvres posthumes (Verlaine)/Voyage en France par un Francais/Chapitre 3

Œuvres posthumesMesseinSecond volume (p. 54-70).

CHAPITRE III

du suffrage universel et du concordat de 1801


Il allait de soi que l’abaissement social procuré par les événements de la fin du XVIIIe siècle dût trouver son terme en un système qui est le dernier mot de la dégradation individuelle.

L’an de sottise 1818 vit éclore cette chose la plus insensée de toutes les insanités de l’époque. Un tribun retentissant, sans l’ombre de politique dans la tête, se fit l’homme du Suffrage Universel et le gouvernement de l’émeute donna tête baissée dans l’enthousiasme naïf que souleva la proposition, jugée populaire par ces bourgeois détraqués. Un reste de bon sens, non encore évaporé, fit voter les masses, désormais « actives », pour une assemblée absolument hostile à l’expérience, et l’année suivante voyait le suffrage censitaire — d’ailleurs détestable lui aussi, bien qu’un peu moins — rétabli par ceux-là mêmes qu’avaient nommés les nouveaux collèges.

Il serait aussi superflu que fastidieux de suivre en des développements que chacun connaît la comédie du Suffrage Universel depuis son rétablissement en 1851.

Ce serait, aussi bien, prendre encore un coup sur le fait la sempiternelle bêtise humaine, cubée cette fois et agissant sur ce théâtre déplorable, la Patrie ! Nous préférons extraire de la contemplation d’un tel prodige d’avachissement toutes les mélancoliques moralités qu’elle implique.

D’abord ne vous saute-t-il pas aux yeux que ces deux mots Suffrage Universel, comparés avec la chose, mentent impudemment ? — En effet, la masse des électeurs étant un composé d’ignorance et d’étroit égoïsme, comment ne pas voir que ses votes seront toujours entachés, portassent-ils sur un seul nom, d’une insolente préoccupation de pur intérêt individuel, influencée par tel ou tel agent artificiel, corruption ou propagande. L’esprit de corps, sans lequel il n’est pas de société possible, à tel titre que le seul énoncé de cette vérité amène un sourire sur les lèvres les plus étourdies, l’esprit de corps, l’union, manquant dans les opérations électorales, quel gouvernement espérer d’un parlement ainsi nommé ? Et c’est en vain que l’on objectera que les partis tels que les événements les ont constitués chez nous n’existent que grâce à l’union et peuvent suppléer à ce besoin incontestable de cohésion nationale avec même cette supériorité qu’ils se meuvent dans le libre arbitre et dans une concurrence féconde. La réponse est trop facile et nul ne pourra nier que nos partis ne sont, sans exception, mais en faisant naturellement abstraction des individualités plus ou moins désintéressées (et ici encore nous retombons dans l’éparpillement fatal), que de misérables coalitions d’intérêts individuels, puisque, avec le scrutin en question, rien ne marche sans ces masses sordides, nos maîtresses absolues, et que ce n’est qu’en en appelant aux intérêts individuels qu’on peut espérer de les avoir de son côté. Si à ces considérations vous ajoutez pour mémoire que la pulvérisation de nos libres provinces en départements asservis n’a fait que préparer le mal et généraliser l’esprit de division et de non-gouvernement éclos en Quatre-vingt-neuf, si vous comparez les Chambres et les hommes d’Etat du suffrage restreint (bien médiocre pourtant, surtout dans sa dernière période) à ceux du Suffrage Universel depuis quinze ans qu’il est à peu près émancipé, vous frémirez de prévoir les ruines où il nous traîne, lancé comme il l’est aujourd’hui sur sa pente logique et dirigé par les hommes que vous savez. L’ancienne constitution de la France, la seule sérieuse, la seule pratique, la seule qui ait eu durée et seule a chance de résurrection, quoique et parce que non écrite, n’a eu garde de manquer — formée qu’elle était par les siècles et amendée par les lentes évolutions d’une autorité légitime — de se conformer au principe unique de tout gouvernement destiné à demeurer. Elle reposait sur cet esprit de corps dont l’immense Joseph de Maistre a donné cette magnifique définition, à propos précisément des mêmes Jésuites qui nous occupaient tout à l’heure et qui tiendront une place considérable dans la suite de cet ouvrage : « L’anéantissement des volontés particulières pour établir la volonté générale et cette raison commune qui est le principe générateur et conservateur de toute institution quelconque, grande ou petite. » La division de la nation en trois Ordres investis, chacun pour sa part, de ces trois droits primordiaux : vote et conservation des lois du royaume (règlement de la succession à la couronne dans l’absence d’héritier mâle, élection d’un roi en cas d’extinction de la dynastie), établissement des impôts, consentement nécessaire pour la validation de toute aliénation perpétuelle du domaine ou tout démembrement partiel du royaume, donnait toute garantie de sécurité et de dignité au pays et avait cet autre avantage d’exonérer l’exécutif — pour employer ce mot que l’envie républicaine a cru diminuant pour l’autorité suprême et qui ne l’est que pour la bribe de pouvoir que le système laisse aux mains de ses « délégués » à la mise en action des lois, de toute responsabilité d’ordre purement collectif, le laissant libre et puissant pour tout le reste du bien à faire. De plus, observons et retenons que chacun des trois Ordres, renfermé dans l’examen et la revendication de ses besoins, toute jalousie ou ambition en dehors de ce cercle vénéré étant inconnue de ces assemblées dès lors vouées à un seul objectif, l’avancement et l’honneur du Corps pour le bien de la Chose publique, ne pouvait que faire d’utile et de belle besogne quant à ce qui le concernait. De compétitions et de rivalités entre eux, nul exemple jusqu’en Quatre-vingt-neuf ; le Catholicisme imposait son joug léger à ces fronts consacrés et baptisés, et la justice prévalait parmi les quelques dissentiments inséparables de tout débat humain. La parole du Roi écoutée avec respect, celle de ses représentants, légistes et sénéchaux, discutée en toute indépendance nationale comme en toute courtoisie chrétienne, dominaient la discussion et ramenaient quand il le fallait les esprits aux lins de la réunion : l’intérêt de tous et la gloire du pays. Jamais plus augustes assises n’ont décidé de plus vastes questions, sans que — grâce à la sage économie de la règle (on dirait aujourd’hui du règlement) établie, non par tels ou tels hommes, tel ou tel amendement, à la garde de questeurs amovibles quelconques, mais par la suite des âges selon les opportunités ou les dangers généraux survenant, et placée sous la foi du serment et la tutelle de la Tradition, — s’y produisissent les discordances d’égoïsme et de vanité qui rendent si mesquines, si stériles et souvent si odieuses les délibérations, on peut le dire, de tous nos parlements modernes qui n’ont pour base qu’un suffrage variable comme le sable, sous l’aléa de constitutions tumultuaires et folles, comme le vent.

Que quelques abus aient parfois éclaté dans ces majestueuses Cortès, tentatives d’usurpation, complicité avec la rue ou l’étranger déguisé en prétendant, comme par exemple sous le règne de Charles le Sage, il faudrait méconnaître l’humanité pour s’en étonner outre mesure ; mais aussi l’autre côté de la Constitution venait faire contre-poids et l’autorité royale, investie d’un respect séculaire non moins que des puissants privilèges indispensables à son immense responsabilité, et forte de la conscience de son mandat sublime, réussissait toujours à procurer de nouveau l’équilibre sauveur. En Quatre-vingt-neuf, le Tiers rompit l’ordre ancien. Les deux autres Ordres, énervés de Jansénisme et pourris de philosophisme, manquèrent de reins pour réagir ; la royauté, qu’avaient aux trois quarts suicidée l’aveugle bonté et la faiblesse capricieuse d’un prince mal conseillé, devait d’ailleurs disparaître pour qu’on pût juger de l’horreur du gouiïre qu’elle comblait et de sa place providentielle en notre pays. Tout s’écroula[1].

L’édifice, détruit par la faute du Tiers, a mis quelque temps à s’effondrer tout à fait, et aujourd’hui voici que les dernières catastrophes l’atteignent, ce Tiers de malheur, et vont l’ envoyer rejoindre Noblesse et Clergé au fond de l’abîme révolutionnaire, admirable punition de son premier mot quand il partit en guerre : « Le Tiers doit être tout ! » Lisez aujourd’hui les journaux rouges ou simplement les Tricolores, et rappelez-vous les premiers succès de ceux-là en mars 1871. N’est-il pas impossible de ne pas prédire : la bourgeoisie va ne plus être rien ? — Oui, grâce à l’infatuation anti-patriotique du dernier Ordre, à une époque où les États Généraux eussent dû tout sauver, en inaugurant de patientes réformes par une vigoureuse et offensive résistance à la révolution montante, nous en sommes arrivés, en moins de cent ans, à la honte d’être une cohue bêlante menée à l’abattoir par un mensonge !

Des résultats en quelque sorte physiques de cet immense changement dans notre vie constitutionnelle, résultats que nous venons d’essayer de résumer en quelques lignes, si nous passions aux résultats que j’appellerais chimiques, aux mœurs nouvelles, aux accidents journaliers de la vie privée, ce ne serait pas un volume, ce serait une bibliothèque de détails et d’exemples qu’il faudrait écrire. Aussi bien la plupart des chapitres qui vont suivre ne sont qu’un essai d’abrégé d’un pareil travail, et nous n’y perdrons jamais de vue, non plus que le moindre symptôme rassurant, ainsi que nous en avons pris plus haut l’engagement, l’influence néfaste, latente ou étalée du dissolvant suffrage en question. Pour l’instant, il nous suffira de constater l’énorme aplatissement du peuple français depuis qu’il s’est forgé les chaînes de Quatre-vingt-neuf et a passé par tous les maîtres qui ont bien voulu s’en faire craindre et servir. Un des traits de cet aplatissement, c’est la patience toute nouvelle avec laquelle ce peuple accepte et subit les plus lourdes charges à lui imposées par ses élus. Tous les impôts possibles sur les matières les moins vraisemblablement imposables, un service militaire de plus en plus écrasant et qui leur répugne, l’administration s’alourdissant et se relâchant chaque année davantage, tout cela passe sur nos Français comme un chien dans un troupeau. On se range et on s’aligne avec une soumission qu’on refuse au bon Pasteur lui-même. Et la raison m’en était donnée tout à l’heure par un futur électeur, un jeune homme plein d’ailleurs de bon sens, de cœur et de jugement pour son âge, et qui reviendra certainement sur son opinion d’aujourd’hui que je vous livre dans toute sa verdeur de la vingtième année française : « Que voulez-vous ? Au moins ces gens-là, s’ils me tyrannisent, JE LES NOMME ! » Folie partagée par la majorité des gens, même des vieillards. (Quels étranges vieillards que ceux-ci et que ceux qui vont suivre !) Ah ! en l’an II d’exécrable mémoire, l’homme du peuple, certes bien égaré, bien fou, participait du moins à la tyrannie et tablait sur sa propre violence : il pillait, labourait des champs par lui volés le jour d’auparavant, et quand il fallait défendre ce bien mal acquis, donnait son sang aux armées ou prenait celui des légitimes possesseurs ou des héritiers, soit de vive force, la hache à la main, soit par une bonne dénonciation publique à sa section. Parfois aussi le sentiment du juste l’emportait en d’héroïques insurrections. Il revendiquait les franchises anciennes et mêlait la vieille foi monarchique aux tentatives fédéralistes du Centre et du Midi. En Bretagne, en Vendée, la persécution religieuse et la réquisition militaire soulevèrent la population tout entière et il s’ensuivit une guerre gigantesque, sans égale dans les annales d’aucune nation. Ces nobles fils du sillon puisèrent dans leur forte simplicité et dans la rectitude de leur conscience l’énergie de vingt armées pour résister au mal tout-puissant, le tenir en haleine et en échec pendant des années et sauver aux yeux du monde et de l’avenir l’honneur de la fidélité et du bon sens français ! Ils eurent toute raison comme ils eurent tout courage, ces Vendéens têtus, ces Chouans obstinés. Ce qu’ils défendirent si âprement avec leur Foi et leur Roi, c’était l’indépendance de leur foyer et de leur travail, que Foi et Roi leur avaient garantie depuis des siècles ; c’était l’impôt équitable, dîme et gabelle, jusque-là gaîment cédées par leur reconnaissance et que prétendaient remplacer des taxes cent fois plus vexatoires, d’ailleurs déplorablement établies et odieusement perçues ; c’était l’esprit des ancêtres pieusement recueilli et obéi ; c’était la vie et l’avenir, l’âme et le cœur des enfants que menaçaient des lois terroristes, œuvre des rebelles assassins de Paris ? Par une splendide intuition de leur brûlant catholicisme, ils avaient mis sur leurs enseignes et portaient au-dessus de leurs vêtements l’image du Sacré-Cœur de Jésus[2], comme pour attester qu’ils étaient bien la France de l’Eglise, comblée des grâces du ciel et dévorée d’une immense gratitude, les soldats du Dieu d’amour et de pureté en lutte contre la France criminelle de l’Encyclopédie et des plus sales faubourgs d’une Gomorrhe nouvelle, eux, fiers paysans hâlés au soleil paternel, contemplateurs et familiers des grandes aurores et des grands flots, sourds comme leurs rochers à la démence parisienne, et comme eux gardiens et témoins d’un sol dur, dévorant, vierge, dernier refuge, citadelle terrible de la Tradition !

Mais le peuple d’aujourd’hui ! Il accepte tout préjudice lui venant de ceux qu’il élève sur ses pavois d’un an ou deux, il assiste paisible à l’injustice qui frappe le prochain, — car l’envie lui dévore le cœur, — et si elle l’attrape au passage, non moins paisible il se tait, rit jaune, tout en se jurant de mieux voter « aux prochaines » et, aux prochaines, du soliveau passe à la grue. Ceci, nous l’avons vu vingt fois et nous le reverrions cent, si Dieu ne devait nous prendre en pitié que très tard. Toute dignité, tout courage civil, tout effort public un peu généreux est mort au moment précis où le Suffrage Universel entrait dans les mœurs. Qu’on ne me parle pas de juin Quarante-huit ou de la Commune de Soixante et onze : émeutes fabriquées de toutes pièces et de longue main par la Franc-Maçonnerie et sa branche récente, l’ Internationale, à coups de journaux, d’argent et d’un recrutement par tous pays, en des temps de faim et d’affolement extraordinaire dans des cerveaux étroits surchauffés de misère avinée ; nulle spontanéité dans ces deux sorties des forces socialistes : mot d’ordre et compulsion ! — Non, pour l’instant et pour quelque temps la platitude nous tient, villes et campagnes, bourgeois et autres ! — La platitude méchante et plus bête que méchante, parce qu’affreusement méchante ! Une lâcheté féroce faisant crédit à une tyrannie à la fois sournoise et cynique, le sens même des mots faisant défaut à ceux qui parlent comme à ceux qui écoutent dans ce gouvernement de bavards, si bien que liberté, dans leur argot, veut dire, pour les premiers droit de tout faire et, droit de mal faire, pour les autres ; tout principe quelconque, moral ou politique, absolument absent des esprits et des cœurs, l’animalité pure et simple, et la bestialité tapie derrière, prête à bondir, — tels nous voici, Français de 1881, après quatre-vingt-onze ans de démocratie et trente-deux ans de Suffrage Universel direct !

Il pouvait y avoir un remède, il n’y avait qu’un remède, remède qui, bien appliqué, eût tout remis, pourrait encore tout remettre en place, et, vous m’avez deviné, c’est la religion, c’est son action générale. Or, l’action religieuse en France, nation, c’est le Concordat de 1801 — celui de 1817 étant resté à l’état de lettre morte — , et quand on l’examine en lui-même, le Concordat de 1801 présente le minimum de garantie pour l’Église, et à cela rien d’étonnant, étant donné le contractant qui représentait l’État français tout puissant alors et assez fort pour abuser de l’empressement naturel du Saint-Siège à aller au-devant d’un rétablissement immédiat du catholicisme en France, fût-ce un peu à tout prix. (Mais Rome fait toujours bien ce qu’elle fait, et le mal qui a pu s’ensuivre des concessions papales en cette circonstance est le fait des hommes d’Etat de ce pays-ci.) Quoi qu’il en soit, ce Concordat, considéré comme instrument de propagande religieuse, est une machine des plus défectueuses, meilleure que rien, oui, mais guère davantage, ne craignons pas de le reconnaître.

D’ailleurs, les résultats sont là. Dans la pensée de Bonaparte, l’Eglise devait être l’auxiliaire, sans plus, de l’Administration ; qu’elle dépendît du Pape, il le fallait bien pour qu’elle restât catholique, et ce détestable homme de génie était trop intelligent pour ne pas apprécier tout ce que l’Eglise Catholique, et l’Église Catholique seule, pouvait faire pour l’ordre moral et même matériel en France, — mais du moins elle en dépendrait le moins possible, et pour cela, entre autres mille précautions « gallicanes », le rusé Corse se garda bien d’omettre soigneusement, dans la nouvelle organisation des milices saintes, les congrégations religieuses, avant et arrière-garde du clergé séculier, et l’on vient de voir à quoi cette omission peut servir en des mains scélérates. L’épiscopat se voyait presque assimilé au fonctionnarisme et sujet à mille contraintes mesquines. Le « culte » — d’ailleurs « salarié » chichement, de compagnie avec l’hérésie et le déicide, n’était dans l’esprit du maître qu’une pièce de ce vaste empire dont il avait fait le plus puissant des engins de guerre, et si ce maître se voyait forcé d’admettre le Pape comme arbre de couche et les cardinaux du Sacré Collège comme gonds, c’est le cas de le dire, il entendait avoir la haute main sur eux et faire se mouvoir l’Eglise dans l’Etat, à la façon d’un mécanicien, ni plus ni moins ! Le nouveau clergé, composé d’éléments hétérogènes, pauvre, inexpérimenté, qui avait à assumer cette tâche devant Dieu, la restauration de l’Eglise française et l’éducation d’un peuple à demi-sauvage, mal rétribué, non encouragé mais au contraire harcelé de soupçons par en haut et d’impopularité par en bas, ne pouvait qu’être admirable dans l’accomplissement de son devoir et n’y manqua pas, mais, sans moyens sérieux (recrutement insuffisant, gêne pécuniaire dans les besoins de l’apostolat, tant d’autres causes de faiblesse encore !) il ne fit de progrès que trop lentement dans les esprits, et la famille venait souvent détruire son œuvre pour ce qui concernait l’enfant, par exemple, la famille païenne et pire, depuis dix mortelles années d’oubli de toute religion et de furieux préjugés amassés. Qu’est-ce, pour résumer en un seul exemple tout le vice du système, qu’une heure de catéchisme par semaine au prix des exemples paternels dans les trois quarts des cas, et de l’ignorance maternelle, là même où la mère a quelque religion et quelque souci d’éducation ? Aussi, voyez quelle indifférence du peuple des campagnes et quelle hostilité de celui des villes à l’endroit des choses catholiques ! Nous n’insisterons pas en ce moment sur ce lamentable résultat du triste Concordat de 1801. Une bonne partie de ce livre en traitera.

D’ailleurs, nos prolégomènes ont pris fin, et nous allons dans le cœur du sujet, désormais ouvert à notre examen libre et en apparence capricieux, bien que nous prétendions y apporter une méthode sévère, en raison précisément de laquelle nous avons cru devoir commencer par des observations qui commanderont tout le reste.

  1. Note de l’auteur. — L’esprit de corps ne se résumait pas tout entier dans les Etals Généraux, mais avait de profondes racines par tout le pays : jurandes, corporations, assemblées de la paix, communes, formaient, en quelque sorte, la base de cette grande représentation nationale, ce « quatrième État », le peuple, robuste cariatide de l’État proprement dit.

    Il sera parlé, en son lieu, de cette forte assise de l’ancienne France. Cette note n’est que pour ordre.
  2. Note de l’auteur. — Ce n’est que dans ces dernières années qu’on a appris que la Bienheureuse Marguerite-Marie avait reçu des révélations concernant la France et la Maison royale. Pour l’histoire de ces dernières révélations et leur connexité avec la guerre de Vendée, ainsi que pour celle de plus récentes et non moins belles manifestations, lire le bel ouvrage de M. l’abbé Bougaud sur les Origines de la dévotion au Cœur de Jésus.