Œuvres de Saint-Amant/Les nobles Triolets

LES NOBLES TRIOLETS.



Pour construire un bon triolet,
Il faut observer ces trois choses,
Sçavoir que l’air en soit folet,
Pour construire un bon triolet ;
Qu’il r’entre bien dans le rolet,
Et qu’il tombe au vray lieu des pauses ;
Pour construire un bon triolet
Il faut observer ces trois choses.

Ceux d’Albiran m’ont chatouillé,
J’en ay la ratte espanouye ;
Jusqu’en mon timbre tout brouillé
Ceux d’Albiran m’ont chatouillé ;
D’ennuy me voilà despouillé
Par leur gentillesse inouye ;
Ceux d’Albiran m’ont chatouillé
J’en ay la ratte espanouye.

Puis qu’il n’est point de mardy-gras
Il ne sera point de caresme ;
Je n’en feray jour en mes dras
Puis qu’il n’est point de mardy-gras ;
Je veux me refaire le bras,
En deust crever le jeusne mesme;
Puis qu’il n’est point de mardy-gras,
ll ne sera point de caresme.

La riviere, avec sa hauteur,
A fait un desordre incroyable ;
Tout craint, en son cours destructeur,
La riviere avec sa hauteur ;
Et j’en voy, d’un œil scrutateur,
Le pont Rouge et quelqu’un au diable ;
La riviere, avec sa hauteur,
A fait un desordre incroyable.

On a veu noyer des poissons,
Ce m’a dit Perrette la fauve ;
Ouy, dans sa rue en cent façons
On a veu noyer des poissons ;
Il s’en est pris sans hameçons
Qui sembloient crier : Sauve ! sauve !
On a veu noyer des poissons,
Ce m’a dit Perrette la fauve.

À force d’estre soufreteux,
Les quatre mendiants nous manquent ;
Plusieurs ont l’air maigre et honteux
À force d’estre soufreteux.
Voire en ce temps calamiteux.
Les Celestins mesmes s’esflanquent ;
À force d’estre soufreteux,
Les quatre mendiants nous manquent.

Il n’est ny figue ny raisin,
Il n’est amande ny noizette ;
Chés l’espicier nostre voisin
Il n’est ny figue ny raisin,
On a vuidé le magasin.
Quoy qu’en rapporte la Gazette,
Il n’est ny figue ny raisin,
ll n’est amande ny noisette.

Du ris, helas ! il n’en est plus,

Soit avec ou sans equivoque ;
Pois, febve et lentille ont fait flus.
Du ris, helas ! il n’en est plus ;
J’en voy pleurer jusqu’aux reclus.
Ne croyez pas que je me moque.
Du ris, helas ! il n’en est plus,
Soit avec ou sans equivoque.

Foin et paille sont achevez,
On n’en treuve pas pour un double ;
D’avoine nous sommes privez.
Foin et paille sont achevez ;
Mes chevaux s’en sont mal trouvez.
Cela me despite et me trouble.
Foin et paille sont achevez,
On n’en treuve pas pour un double.

On pourra manger de la chair,
Les curez l’ont permis au prosne ;
Cela fait rire le boucher,
On pourra manger de la chair ;
Dieu sçait comme il la vendra cher
Quand il se verra sur son trosne !
On pourra manger de la chair,
Les curez l’ont permis au prosne.

De l’asne du catholicon[1]
Revivra peut-estre l’histoire ;
On en rira sur le bacon[2]
De l’asne du catholicon,
Et l’on vuidera le flacon
Se rafraischissant la memoire.
De l’asne du catholicon
Revivra peut estre l’histoire.

Un pain qui couste deux escus !
Ha ! ma foy, c’est un mauvais ordre.
La peste creve le blocus !
Un pain qui couste deux escus !
Recompensons-nous sur Bacchus,
Puis qu’à Cerès on n’ose mordre.
Un pain qui couste deux escus !
Ha ! ma foy, c’est un mauvais ordre.

Dès qu’il vient du grain au marché,
I! est aussy-tost invisible ;
Pour le grand tout est ensaché
Dès qu’il vient du grain au marché ;
Et, comme à tout autre peché,
À l’uzure tout est loisible,
Dès qu’il vient du grain au marché,
Il est aussy-tost invisible.

Les commissaires des quartiers
Ont part à la regraterie ;
Ils font leur bourse des setiers,
Les commissaires des quartiers ;
Les orfevres sont leurs pintiers ;
Ils ont de bonne argenterie.
Les commissaires des quartiers
Ont part à la regraterie.

Quelque chose qu’on m’en eust dit,
Je n’aurois jamais creu ce siege ;
Mon cœur en est tout interdit,
Quelque chose qu’on m’en eust dit.
Je n’y donnois point de credit ;
Cependant je suis pris au piege.
Quelque chose qu’on m’en eust dit,
Je n’aurois jamais creu ce siege.

Si j’avois esté bon devin

J’eusse bien-tost plié bagage ;
Je humerois l’air poitevin
Si j’avois esté bon devin,
Et, pour avoir et pain et vin ;
Mes gregues n’yroient pas en gage.
Si j’avois esté bon devin
J’eusse bien-tost plié bagage.

Ce gouverneur que j’ayme tant
Au point du jour troussa ses quilles ;
ll ne me put voir en partant,
Ce gouverneur que j’ayme tant ;
Or près de l’onde, au sein flottant,
Je croyr qu’il cherche des coquilles.
Ce gouverneur que j’ayme tant
Au point du jour trousse ses quilles.

Le diable emporte les tambours
Qui m’estourdissent la cervelle !
Dans la ville et dans les fauxbours,
Le diable emporte les tambours !
Ces maraux font tout à rebours
Avec leur main sotte et nouvelle.
Le diable emporte les tambours
Qui m’estourdissent la cervelle !

Ouy, je voudrais estre au Japon
Quand j’entens tout ce tintamarre ;
Ce n’est pas parler en fripon,
Ouy, je voudrois estre au Japon.
Mon hoste en renasque en jupon,
Et sa femme en hurle en simarre.
Ouy, je voudrois estre au Japon
Quand j’entens tout ce tintamare.

Au lieu de prier à l’autel,
On caquette à langue affilée ;

On chapitre monsieur un tel
Au lieu de prier à l’autel ;
Et de ce temps aspre et mortel
Chascune dit sa ratelée.
Au lieu de prier à l’autel,
On caquette à langue affilée.

Le cas se met sur le tapis
Dès que deux badauts sont ensemble ;
Soyent debout ou soyent accroupis,
Le cas se met sur le tapis ;
L’un dit : Tant mieux ; l’autre : Tant pis ;
Et moy je dy ce qu’il me semble.
Le cas se met sur le tapis
Dès que deux badauts sont ensemble.

L’espoir nous en est donc osté[3]
De la foire et de ses negoces !
On perdra donc cette beauté !
L’espoir nous en est donc osté !
Et l’on verra d’un seul costé
Charlatans et bestes feroces !
L’espoir nous en est donc osté
De la foire et de ses negoces !

Chacun se trouve pris sans vert
En cette estrange conjoncture.
De Janus le temple est ouvert ;
Chacun se trouve pris sans vert.
C’est jouer à qui gaigne pert
Exposant tout à l’adventure.
Chacun se trouve pris sans vert
En cette estrange conjoncture.

Les partisans sont estonnez,
Ainsy que des fondeurs de cloches ;
De se voir par tout mal-menez
Les partisans sont estonnez ;
À bon droit, ils sont condamnez
De rendre gorge par les poches.
Les partisans sont estonnez
Ainsi que des fondeurs de cloches.

Pour m’eriger en amiral,
J’entens en amiral d’eau douce,
L’ordre a bien esté liberal
Pour m’eriger en amiral.
J’en rendrois grace au general ;
Mais on n’a pas joué du pouce
Pour m’eriger en amiral,
J’entens en amiral d’eau douce.

Il se voit en ce regne-cy
Bien des sottises d’importance !
J’en suis tout confus et transy ;
Il se voit en ce regne-cy,
Maistre Destin le veut ainsy
Pour exercer dame Constance,
ll se voit en ce regne-cy
Bien des sottises d’importance.

Que n’en disent les estrangers

De nostre horrible tripotage ?
Se peut-il voir plus de dangers
Que n’en disent les estrangers ?
Ha ! François ! Ha ! monstres legers !
Mais n’en disons pas davantage
Que n’en disent les estrangers
De nostre horrible tripotage.

Aux armes, ô pauvres bourgeois !
On trouve cent sujets de larmes ;
On meurt de froid au bout des doigts :
Aux armes, ô pauvres bourgeois !
Et Mars mesme, en son propre mois,
Met par force la main aux armes.
Aux armes, ô pauvres bourgeois !
On trouve cent sujets de larmes.

Par la mort de nos bons soudars
Nostre party souffre une injure ;
Nous replions nos estendars
Par la mort de nos bons soudars ;
Mais fussions-nous percez de dars,
Il ne faut pas pourtant qu’on jure :
Par la mort de nos bons soudars
Nostre party souffre une injure.

Lors que l’on parle de Clanleu[4],
Chascun aux plaintes je convie :
Quelle pitié de dire feu
Lors que l’on parle de Clanleu !
Il perdit la main et le jeu,
Et je voudrois perdre la vie.

Lors que l’on parle de Clanleu,
Chascun aux plaintes je convie.

La fin du brave Chastillon[5]
À mon grand regret nous en paye ;
Elle est dure à maint bataillon
La fin du brave Chastillon,
Et sa belle, en noir cotillon[6],
La pleure à Saint-Germain-en-Laye.
La fin du brave Chastillon
À mon grand regret nous en paye.

Cette rare et triste beauté
Au desespoir s’en abandonne ;
Elle en est dans l’impiete
Cette rare et triste beauté,
Et non plus qu’au sort detesté
À soy-mesme elle ne pardonne.
Cette rare et triste beauté
Au desespoir s’en abandonne.

Pardonne-moy pourtant, Iecteur,
Si contre mes regles je peche ;
Ces vers sentent le grave autheur ;
Pardonne-moy pourtant, lecteur.

Je suis un habile docteur,
À mon propre mur je fay breche.
Pardonne-moy pourtant, lecteur,
Si contre mes regles je peche.

Je n’offence ny Dieu, ny roy,
Car devant eux je m’humilie ;
Peu le diront, comme je croy.
Je n’offence ny Dieu, ny roy ;
Je suis sage en despit de moy
Au beau milieu de ma folie ;
Je n’offence ny Dieu, ny roy,
Car devant eux je m’humilie.

Je ne me vante point ycy
D’estre homme, et grec, et philosophe ;
Quoy que plein d’un noble soucy,
Je ne me vante peint ycy ;
Je me connoy bien, Dieu mercy :
Si je ne suis de bonne estoffe,
Je ne me vante point ycy
D’estre homme, et grec, et philosophe.

Qu’un chascun l’imite en ses pas,
Le digne prelat de Corinthe[7] ;
Bien que chez luy plus de repas,
Qu’un chascun l’imite en ses pas ;
Son fil ne nous manquera pas
Pour sortir de ce labyrinthe.
Qu’un chascun l’imite en ses pas,
Le digne prelat de Corinthe.

Si l’hyver nous estoit plus dous,
L’estat courroit bien plus de risque ;

Leopolde[8] fondroit sur nous
Si l’hyver nous estoit plus dous,
Ou du moins, nous tastant le pous,
Sur un fort il prendroit sa bisque.
Si l’hyver nous estoit plus dous,
L’estat courroit bien plus de risque.

La neige conserve les lys,
Leur blancheur commune la touche ;
En nos jardins ensevelis
La neige conserve les lys ;
Ils n’en seront pas moins jolis.
J’en ay tousjours ces mots en bouche :
La neige conserve les lys,
Leur blancheur commune la touche.

Courage ! voycy des convois[9]
Et de la Beauce, et de la Brie !
Cela tonne de vois en vois.
Courage ! voycy des convois !
Voisin, compere, tu le vois,
Enfin le bon Dieu nous abrie.
Courage ! voycy des convois
Et de la Beauce, et de la Brie !

Il vient avecques force veaux,
Force asnes chargez de farine,
Des choux, des oignons, des naveaux ;
Il vient avecques force veaux.
Ce nous seront des fruits nouveaux,
Dit une bonne pelerine.

Il vient avecques force veaux,
Force asnes chargez de farine.

On voit entrer de toutes pars
Quantité de bestes à corne ;
Porcs et moutons, aux champs espars,
On voit entrer de toutes pars ;
On en dance sur nos rempars.
Il ne faut donc plus estre morne :
On voit entrer de toutes pars
Quantité de bestes à corne.

Le capitaine, en les voyant,
Saute et rit sous son beau pennache ;
Il en a l’œil tout flamboyant.
Le capitaine, en les voyant,
Est d’un appetit foudroyant ;
ll dit : Bon, bon pour ma ganache.
Le capitaine, en les voyant,
Saute et rit sous son beau pennache.

Les braves Normans sont pour nous,
Ils ne s’en veulent point desdire ;
Ne craignons plus tigres ny lous,
Les braves Normans sont pour nous.
On en boira du sidre dous
À la grandeur de nostre sire.
Les braves Normans sont pour nous,
Ils ne s’en veulent point desdire.

Les rares chansons du Pont-Neuf
Espousent les rares libelles.
On les oit entre huit et neuf,
Les rares chansons du Pont-Neuf ;
Leur papier est moins blanc qu’un œuf,
Mais mon laquais les trouve belles.

Les rares chansons du Pont-Neuf
Espousent les rares libelles.

Pour maintenir sa liberté,
Paris souffre ses propres chaisnes ;
Il se porte à l’extremité
Pour maintenir sa liberté ;
Et, respectant la Majesté,
À sa bouche il lasche les resnes.
Pour maintenir sa liberté,
Paris souffre ses propres chaisnes.

Par ce juste et sage moyen
Aux Masaniels[10] on fait la nique
Le chanoine ronfle en doyen
Par ce juste et sage moyen ;
Et chez le riche citoyen
On berne la terreur panique ;
Par ce juste et sage moyen
Aux Masaniels on fait la nique.

Quand on amene un espion[11],
On croit avoir fait des merveilles ;
On dit : Le vaillant champion !
Quand on amene un espion ;
C’est donner eschec d’un pion,
C’est meriter mille bouteilles.
Quand on amene un espion,
On croit avoir fait des merveilles.

Un courrier d’Espagne est venu[12],

Mais il ne tient rien, le faux draule ;
On va voir nostre cœur à nu.
Un courrier d’Espagne est venu,
Et tout sera bien-tost connu
Du costé de la vieille Gaule.
Un courrier d’Espagne est venu,
Mais il ne tient rien, le faux draule.

Il n’est plus, l’enfant incertain[13] ;
Sa mort est seure et veritable ;
Soit la mere ou d’or ou d’estain,
Il n’est plus, l’enfant incertain ;

Il n’estoit ny bas, ny hautain.
Est-ce une chose lamentable ?
Il n’est plus, l’enfant incertain ;
Sa mort est seure et veritable.

Tous les grans semeurs de billets[14]
Ont mal espandu leur semence ;
Ils n’ont pas cueilly des œillets
Tous les grans semeurs de billets,
Et pour leurs severes fueillets
Ils ont eu besoin de clemence.
Tous les grans semeurs de billets
Ont mal espandu leur semence.

Les maux croissent de jour en jour,
Les choses vont de pire en pire ;
En l’une comme en l’autre cour
Les maux croissent de jour en jour.
Garde[15] quelque diable de tour
Au detriment de cet empire !
Les maux croissent de jour en jour,
Les choses vont de pire en pire.

Aux bons François des deux costez
La propre palme est une ortie ;
Les secours sont des cruautez
Aux bons François des deux costez ;

Mais Mars, en termes effrontez,
Dit : Qui bien ayme bien chastie.
Aux bons François des deux costez
La propre palme est une ortie.

Le mot d’ennemy se suspent,
On confond les leurs et les nostres ;
Dès qu’il eschape on s’en repent,
Le mot d’ennemy se suspent ;
Cependant est rougy l’arpent
Et par les uns et par les autres.
Le mot d’ennemy se suspent,
On confond les leurs et les nostres.

Battre celuy qui n’en peut mais,
Vrayment, c’est une belle affaire !
Il ne le faut plus desormais
Battre celuy qui n’en peut mais.
Soit pour un car, soit pour un mais,
La raison deffend de le faire.
Battre celuy qui n’en peut mais,
Vrayment, c’est une belle affaire !

Autant qu’un autre en sa maison,
Louys en la sienne doit estre ;
ll veut Paris, il a raison :
Autant qu’un autre en sa maison,
Et ce grand mot est de saison,
ll faut que le roy soit le maistre.
Autant qu’un autre en sa maison,
Louys en la sienne doit estre.

C’est assez, noble Parlement,
Faisons la paix, je vous en prie ;
Saint-Germain parle doucement[16].

C’est assez, noble Parlement.
Beuvons ensemble vistement ;
Aussy bien tout le peuple crie :
C’est assez, noble Parlement,
Faisons la paix, je vous en prie.

De peur d’estre en plus mauvais point.
Rendons-nous au roy qu’on adore ;
Je tremble sous mon vieux pourpoint
De peur d’estre en plus mauvais point.
Ne disons plus tant : Point, point, point ;
Clion vous en conjure encore.
De peur d’estre en plus mauvais point,
Rendons-nous au roy qu’on adore.

En doit-on esperer du bien.
De cette illustre conférence ?
Parlez, vous ne respondez rien ?
En doit-on esperer du bien ?
Chascun sera-t’il sur le sien ?
Y voyez-vous quelque apparence ?
En doit on espérer du bien
De cette illustre conference ?

Mais cela s’entend sans parler,
L’œil sert d’oreille en cette enqueste ;
Vostre voix le voudroit celer,
Nais cela s’entend sans parler.
Tout yra bien, il faut baler,
Vous en respondez de la teste,
Mais cela s’entend sans parler,
L’œil sert d’oreille en cette enqueste.

Avec les grimaces d’esprit

Fardez-vous point ce qui se couve ?
Le siecle cet art nous apprit,
Avec les grimaces d’esprit ;
La morale vous en reprit,
Mais la politique l’approuve.
Avec les grimaces d’esprit
Fardez-vous point ce qui se couvre ?

Non, non, fideles deputez,
Le vray s’estale en vostre mine ;
À tout de l’œil vous repartez :
Non, non, fideles deputez.
Les bons frondeurs sont bien traitez.
Et l’on ne craint plus la famine.
Non, non, fideles deputez,
Le vray s’estale en vostre mine.

Nostre olive est nostre laurier,
La paix triomphe de la guerre ;
Adieu le fol aventurier,
Nostre olive est nostre laurier ;
Adieu le bruit de l’armurier,
Puisque l’on chante au son du verre.
Nostre olive est nostre laurier,
La paix triomphe de la guerre.

Quand l’an qui court se fermera[17]
J’ouvriray mon douziesme lustre.
J’ignore ce qu’on tramera
Quand l’an qui court se fermera ;
Mais je sçay qu’à qui rimera
Je pourray passer pour illustre.
Quand l’an qui court se fermera
J’ouvriray mon douziesme lustre.

Du monde que j’ay veu partout,
Ma foy, je ne sçay plus que dire ;
Parlons-en pourtant jusqu’au bout
Du monde que j’ay vau partout.
L’un est……, l’autre me…… ;
L’un me fait pleurer, l’autre rire.
Du monde que j’ay veu partout.
Ma foy, je ne sçay plus que dire.

    février au 14 mars, une deuxième conférence, ouverte à Saint-Germain-en-Laye le 16 mars et close le 2 avril, amena la fin de la première période des guerres de la Fronde.

  1. Voy. Sat. Ménippée, Ratisb., 1712, t. 1er, p. 215.
  2. Bacon, vieux mot qui signifie du lard fumé. (S.-A)
  3. La foire Saint-Germain ouvroit le 3 février et duroit jusqu’au dimanche des Rameaux. Elle se tenoit sous des halles que l’on pourroit comparer aux halles actuelles du Temple ; dans l’enceinte se trouvaient deux rues tirées au cordeau qui se coupoient à angle droit et la partageoient en vingt-quatre parties. Ces allées étoient garnies de marchands de toutes sortes d’objets, excepté de livres et d’armes. La foire étoit franche, et les marchands du dehors, comme les marchands de l’intérieur, même qui n’étoient pas maîtres, y étoient reçus. Dames et gentilshommes s’y rendoient à l’envi, et l’on s’y faisoit des cadeaux. Voy. les Mémoires de Mlle de Montpensier, et le Roman bourgeois (Bibliothèque elzevirienne).
  4. Le marquis de Clanleu périt lors de l’attaque de Charenton par le prince de Condé, qui alors soutenoit le parti de Mazarin. — Voy. les détails dans les Mem. de Retz, 1, 303, éd. de Genève.
  5. Le duc de Châtillon, qui combattoit dans l’armée de Condé, fut tué à ce même combat de Charenton. En lui s’éteignit la branche aînée de Coligny. — 9 février 1649.
  6. La duchesse de Châtillon étoit belle comme un ange, disent les Mémoires de Mademoiselle, qui lui est assez peu favorable. Après la mort de son mari, elle fit la coquette avec le prince de Lorraine, qui la dédaigna. On trouve son portrait par elle-même a la fin des Mémoires de Mademoiselle, Maestricht, 1776, t. 8, p. 302. Elle se donne un singulier éloge : « On ne peut pas, dit-elle, avoir la jambe ni la cuisse mieux faite que je l’ai, ni le pied mieux tourné. »
  7. Le cardinal de Retz. Saint-Amant s’étoit attaché à lui comme à toute sa famille.
  8. L’archiduc Léopold, généralissime de l’armée des Impériaux depuis 1640.
  9. La Gazette burlesque de la guerre de Paris donne à chaque page des détails sur ces convois sans cesse attaqués, disputés, ris et repris.
  10. Masaniels, à cause de Masanielo, autheur des premiers mouvemens de Naples. (S.-A.)
  11. La plus importante de ces arrestations fut celle du partisan La Rallière, 26 janvier. — Voy. Gazette burlesque.
  12. La Gazette burlesque, au vendredi 19 février, rapporte longuement l’arrivée de l’agent espagnol envoyé par l’archiduc. Voy. sa harangue dans le Journal de tout ce qui c’est passé au Parlement, p. 201.
  13. Saint-Amant désigne ici Tancrède de Rohan. On sait le scandaleux procès soulevé contre Mme de Rohan au sujet de cet enfant, que Patru, dans son plaidoyer, regarde « comme un vil garçon de boutique, et peut-être le fruit du libertinage de quelque valet », suppose par sa mère « sans autre dessein que de perdre sa propre fille, dont le mariage, agreé du roy, de la reyne et de M. le duc d’Orleans, applaudi de toute la cour, avoit perverti en elle toutes les affections d’une mère, et lui avoit inspiré toute l’amertume d’une marâtre. » — Voy. dans Tallemant, éclaircie par de curieuses notes, toute l’histoire de Tancrède. Sa vie a été écrite par le P. Griffet. — La Gazette burlesque en parle longuement. — Voici, à ce sujet, quelques vers, que nous croyons inédits, de Mme de Sévigné ; ils se trouvent dans la collection Maurepas, année 1649, f° 139 :
    Chanson sur l’air : Il a battu son petit frère, par Mme de Sévigné, sur Tancrède, à Mme de Rohan.

    Ouy, vous étiez de la partie
    Lorsque l’on fit cette sortie.
    Et l’on peut dire avec raison
    Que pour terminer cette affaire
    Vous payâtes la garnison
    Qui tua votre petit frère.

  14. Peut-être s’agit-il de billets comme ceux dont parle Guy Patin dans sa 231e lettre :

    « Il court ici un bruit que l’on a semé quelque billet dans la chambre du cardinal Mazarin, qui contient ces paroles : « Vous estes prié d’assister aux convoy, service et enterrement de feu monseigneur l’eminentissime cardinal Mazarin. » Il me semble que ces gens-là sont bien hardis ; je ne voudrois point m’exposer a un tel hazard : il n’en peut arriver que du mal. »

  15. Gare !
  16. À la suite d’une première conférence tenue à Ruel, du 28
  17. Ces vers sont l’acte de naissance de Saint-Amant ; ils autorisent à placer sa naissance à la fin de 1593.