Vivante image de la mort,
Perrette à la mine de plastre,
De qui la gueule sent plus fort
Que ne fait quelque vieille emplastre,
Vous qui n’osez marcher de jour,
Osez-vous bien parler d’amour !
Et quoy ! vous n’avez plus de dents
Que pour manger de la moustarde,
De nez que pour les accidents
D’un pet ou bien d’une nazarde,
De voix que pour faire du bruit,
Ny plus d’yeux que pour voir la nuict.
Songez à partir de ce lieu :
Vostre temps a plié bagage ;
Assurez-vous qu’il est un Dieu,
Puisque je vous tiens ce langage,
Et que mon cœur peut consentir
De vous voir dans le repentir.
Enfermez-vous dans un couvent ;
Laissez vos desirs à la porte ;
Veillez et priez si souvent
D’une oraison qui vous transporte,
Qu’ainsi vous puissiez voir sans yeux
Qu’en la terre on peut estre aux cieux.
Faites vostre lit d’un rocher,
Prenez la haire et le cilice,
Gourmandez si bien vostre chair,
Que vous fassiez mourir le vice ;
Bref, que pour gaigner paradis,
Tous vos jours soient des vendredis.
Mais quoy ! vous ne m’escoutez pas,
Vous riez en hochant la teste !
Je voy bien que je pers mes pas.
Par la morgoy ! je suis bien beste !
Rien ne sert de vous exhorter :
Le diable vous puisse emporter !