Œuvres de Louise Labé, édition Boy, 1887/II/14

Texte établi par Charles Boy, Alphonse Lemerre, éditeur (p. 133-153).


NOTES




P. 6, l. 5. — Toutes les recherches faites en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne pour trouver, avant 1550, l’expression par la plume ou par le dessin de l’idée mère du Débat de Folie et d’Amour sont demeurées sans résultat.

Dans le Journal de Jean Héroard (Soulié et Éd. de Barthélémy, à Paris, chez Didot, 1868) on lit, t. II, p. 115, le 5 janvier 1616 : « Le baron de Lux tué par M. le chevalier de Guise à l’entrée de la rue de Grenelle. Le roi fait jouer une comédie françoise De la Folie et de l’Amour aveugle ; il va en la salle de la comédie. »


P. 6, l. 20. — On connaît un Jean Dagoneau ou Dagonneau, protestant mâconnais, qui, avec ses frères, prit une part active aux guerres de religion. La paternité de la Légende de Domp Claude de Guyse lui est généralement attribuée ; mais, malgré les indications obligeamment fournies par M. Tamizey de Larroque, il m’a été impossible de savoir si cet ouvrage n’appartiendrait pas, au moins en partie, à Gibbert-Regnault, seigneur de Vaux. La discussion ouverte il y a longtemps sur cette question peut tenter encore quelque patient amoureux de bibliographie. (Voir l’article consacré à Jean Dagoneau par la France protestante, de Haag.)


P. 6, l. 24. — On lit dans le Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, par Celestin Port (t. III, p. 467), à l’art. Sancé : « La terre appartient, depuis au moins les dernières années du xvie siècle, à la famille Ridouet, dont un membre, Jacques Ridouet de Sancé, est auteur d’un dialogue allégorique La Folie et l’Amour, imprimé, dit-on. » Cette indication, conforme à celle du manuscrit de Dagoneau, est tout ce qu’on a pu découvrir sur Ridouet et sur ses œuvres.


P. 7, l. 27. — Dans ses Gemelles ou Pareilles, Pierre de Saint-Julien, attribuant le Débat de Folie et d’Amour, généralement si clair et si limpide, bien des fois si fin et si délicat, presque toujours si simple et si sensé, à « l’érudite gaillardise » de Maurice Scève, nous montre clairement qu’il n’y entendait rien. La Muse audacieuse qui avait besoin de quatre mille quatre cent quatre-vingt-dix vers pour célébrer la Delie objet de plus haulte vertu, était incapable non pas seulement d’écrire, mais encore de concevoir ce tout petit poème en prose.


P. 9, l. 26. — Il suffira, pour s’en convaincre, de lire les vingt-quatre sonnets dans l’ordre où ils sont imprimés et numérotés par Jean de Tournes, ou de jeter les yeux sur l’argument ci-après, d’une lecture beaucoup moins intéressante, mais un peu plus rapide :

I. Après un prologue dans la langue du chantre de Laure, — II. Louise Labé s’adresse à l’être aimé : lui qui sut inspirer tant d’amour, pourquoi n’aime-t-il pas ? — III. Elle se consume en longs désirs et en espérances déçues, et c’est en vain que l’amour vient faire rage contre son cœur, il n’y a déjà plus de place pour une blessure nouvelle. — IV. Mais plus le Dieu cruel nous assaille, plus il nous donne de force pour combattre avec lui. — V. Invocation à l’astre des nuits, confident de ses soupirs et de ses larmes. — VI. Béni soit cependant le retour du soleil qui lui fera voir celui qu’elle aime ! et, le voyant, elle emploiera si bien le pouvoir de ses yeux qu’elle ne tardera pas à faire sa conquête. — VII. Tendre appel à « l’âme bien aymée, » et, toute tremblante à l’idée de sa venue, douce prière pour se la rendre favorable. — VIII. Fidèle peinture de l’état de son âme, qui vit, qui meurt, qui brûle et se noie, et que l’amour mène sans trêve de la peine à la joie pour la remettre bien vite en son premier malheur. — IX. Dès qu’elle commence à prendre un repos désiré, elle croit posséder le bien après lequel elle soupire. Ô douces nuits, si elle ne doit avoir de bonheur en vérité, faites au moins qu’elle en ait en songe ! — X. Quand elle le voit, le front couronné de lauriers « au chef d’honneur plus haut que nul atteindre, » son cœur passionnément épris se demande si, à tant de qualités, il ne pourrait pas joindre celle de lui être « pitoyable. » — XI. Tout, autour d’elle, réjouit sa vue, et ses petits jardins pleins de fleurs amoureuses, et les beaux yeux aux doux regards de celui qu’elle aime, mais le plaisir que reçoivent ses yeux ne sert qu’à attacher davantage son cœur. — XII. Aussi quand elle essaye quelque chanson joyeuse, son luth qui pleura si souvent avec elle, ne produit sous ses doigts qu’un accompagnement de soupirs et de larmes. — XIII. Ah ! que l’envie ne l’empêche pas de s’unir à lui, qu’à lui elle puisse s’attacher comme le lierre à l’arbre, la mort envieuse de son bonheur pourra alors venir la prendre, et si son esprit sur ses lèvres s’enfuit elle mourra « plus que vivante, heureuse. » — XIV. « Tant que ses yeux pourront larmes épandre, » tant que sa main saura toucher le luth pour le chanter, tant que son esprit sera content de ne comprendre que lui, elle ne saurait désirer mourir ; mais quand elle sentira sa main impuissante, sa voix cassée, ses yeux taris et son esprit sans grâce, elle priera la mort de « noircir » le plus clair de ses jours. — XV. Pour fêter le retour du soleil, Zéphir éveille la terre, les fleurs se parent de mille couleurs, et dans les arbres les oiseux font merveille. Que Zéphir fasse vers elle revenir son soleil, et il verra s’il ne la rend pas plus belle. — XVI. Après l’orage, le beau temps ; après le grand jour, la nuit sombre ; après le combat, le repos. Elle Va vu et consolé dans ses peines, craignant de ne pas faire assez pour lui ; mais à présent qu’il l’a embrassée, i présent qu’elle est comme il la voulait, elle le trouve plus froid qu’elle n’aurait désiré. — XVII. Elle fuit la ville où tout sans lui lui devient ennuyeux, où rien sans lui ne saurait la distraire ; et il pourra la contraindre à lui donner ce qu’elle estime le mieux, car il lui faudrait vivre hors d’elle-même pour parvenir à ne plus penser à lui. — XVIII. Et mêlant à ceux de son ami ces « baisers tant heureux, » elle s’écrie : « Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise, lors double vie à chacun en suivra. » — XIX. À Diane, qui la rencontre en l’épaisseur des bois et lui demande ce qu’elle a fait de son arc et de ses flèches, elle répond : « Le passant à qui je les ai jetées les a ramassées, et il s’en est servi contre moi pour me faire cent et cent bresches. » — XX. On lui avait prédit qu’elle aimerait un homme dont on lui fit la peinture, et le jour où elle le rencontra, elle crut que le ciel avait formé cet amour ; mais aujourd’hui « je croy, dit-elle, qu’étaient les infernaux arrêts que de si loin m’ourdissaient ce naufrage. » — XXI. « Quelle grandeur rend l’homme vénérable ? » et « Quel naturel est le plus aimiable ? » Elle l’ignore, mais elle sait bien que toutes les ressources de l’art ne sauraient accroître sa passion. — XXII. La puissante harmonie du ciel lie ensemble les esprits divins, mais si ce qu’ils aiment se trouvait loin d’eux, que deviendrait leur bonheur ? — XXIII. Que sont-ils devenus les serments d’autrefois et les louanges dont il la comblait si souvent ? C’est la douleur qui la fait ainsi parler, mais elle se console en pensant que lui-même aussi souffre quelque martyre. — XXIV. Ne reprenez, dames, si j’ai aimé, dit-elle en terminant son poème, et Dieu vous garde d’être plus malheureuses que moi.


P. 10, l. 29. — Il est de mode aujourd’hui de chercher la vie d’un auteur dans ses œuvres. Pour les biographes futurs, éclairés par les critiques, les correspondances et les préfaces dans lesquelles on ne craint pas de s’autobiographier, ce travail sur nos contemporains sera moins périlleux ; mais quand on le fait sur d’anciens auteurs dont il ne reste à peu près rien, on s’expose à commettre d’étranges erreurs.

À l’occasion du Ve centenaire de la mort de Pétrarque, il a été imprimé, en France et en Italie, quelques douzaines de : Vie de Pétrarque d’après ses vers. Tous les auteurs de ces ingénieux travaux y ont trouvé les traces marquées de l’amour de Pétrarque pour Laure de Noves, femme de Hugues de Sade, qui, fidèle à son mari et respectueuse de ses onze enfants, ne succomba jamais, malgré l’avalanche de rimes qui tomba sur elle. Cependant M. de Berluc-Pérussis vient de démontrer jusqu’à l’évidence que toute cette histoire est une légende, dont l’inventeur est le marquis de Sade. La Laure chantée par Pétrarque était une jeune fille, sœur et non pas femme de Hugues de Sade. Le pape, qui voyait de bon œil l’alliance du poète avec Laure de Sade, était prêt non seulement à lui laisser ses revenus ecclésiastiques malgré son mariage, mais encore à le doter convenablement. Malheureusement Pétrarque était boiteux, peut-être même sujet à des crises qui ressemblaient a l’épilepsie, et la jeune fille n’en voulut pas.

Combien faudra-t-il de temps pour que cette histoire, autrement vraisemblable que la légende, et du reste appuyée sur les témoignages les plus sérieux, remplace le récit que l’on trouve partout ? Sans doute autant qu’il en faudra pour détruire l’invention récente de la collaboration d’Olivier de Magny aux vers de la Belle Cordière, collaboration découverte dans les vers mêmes de Louise Labé. Il est à propos de remarquer ici que les trois derniers biographes de Louise Labé ont cherché son histoire dans ses sonnets et dans ses élégies. Cochard y a découvert un seul amour, qui remplit à peu près toute son existence ; M. Monfalcon y en a trouvé deux, presque d’égales dimensions ; quant à M. Blanchemain, il y en a vu deux grands entre deux petits.


P. 13, l. 4. — Antoine du Verdier, sieur de Vauprivas, né à Montbrison le 31 novembre 1544 mort à Duerne le 25 septembre 1600, d’après M. Delaroa. Il a composé une Bibliothèque françoise, dans laquelle sont décrits la majeure partie des livres qui furent publiés au XVIe siècle en France et surtout à Lyon.

P. 13, l. 5. — Claude de Rubys, historien et homme politique lyonnais, dont il sera question plus loin.


P. 14, l. 19. — Voici le titre de ce rare volume : L’Art poétique, de Jacques Peletier du Mans déparsi en deux livres. À Lyon, par Iean de Tournes et Guil. Gazeau, 1555.

Ce titre est incomplet, en ce qu’il n’annonce pas qu’à la suite de l’Art poétique il y a une série de pièces en vers qui composent le second livre. C’est aux pages 108 et 109 de cette seconde partie que se trouve l’Ode à Louise Labé Lionnoise.


P. 14, l. 28. — La Chanson nouvelle de la Belle Cordière, dont l’auteur nous est inconnu, et l’Ode à Sire Aymon, par Olivier de Magny.


P. 15, l. 16. — Guillaume Paradin, doyen du chapitre de Beaujeu, historien lyonnais, né vers 1510, mort le 19 janvier 1590, d’après le Catalogue des Lyonnais dignes de mémoire.


P. 17, l. 10. — À la date du 9 novembre 1588, c’est-à-dire vingt-deux ans après la mort de Louise Labé et trente-trois après l’époque où elle « florissait, » le Consulat délivre à noble homme Me  Antoine du Verdier, seigneur de Vauprivas, un certificat portant qu’il est habitant de Lyon depuis plus de dix ans, « attendu que, pour son habitation ordinaire, il y a acquis une maison, et, quoique pour ses affaires particulières il fasse séjour hors la ville, il ne laisse par d’aller ou envoyer au guet et garde, et de contribuer aux affaires de la ville comme vray habitant. »


P. 18, l. 22. — Le premier article de Sainte-Beuve a paru dans la Revue des Deux-Mondes du 15 mars 1854 et, dans les œuvres complètes du grand critique, on l’a imprimé au milieu des Portraits contemporains. Le second article a été publié par le Constitutionnel du 23 février 1863, et il a été reproduit dans la Bibliographie des livres relatifs à l’amour, aux femmes et au mariage, etc., Turin, 1872, t. IV, art. L. Labé. Seulement — et je signale cette singulière citation aux auteurs qui signent le comte d’I… — l’article est donné comme tiré du Journal des Débats et dû à la plume de Jules Janin.

P. 18, l. 24. — Jacques Pernetti, chevalier de l’Église de Saint-Jean, né à Chazelles-en-Forez vers 1696, mort à Lyon le 16 février 1777, d’après Breghot du Lut et Péricaud. C’était un de ces laborieux compilateurs d’autrefois qui ont commis quelques inexactitudes parce qu’ils ont beaucoup travaillé, mais dont quelques modernes redresseurs de torts sont les premiers à consulter les travaux. Les Lyonnais dignes de mémoire parurent en 1757.

Quelques années avant, C.-J. de Ruoltz avait lu à l’Académie de Lyon (août 1746) un Discours sur la personne et les ouvrages de Louise Labé Lyonnoise, imprimé à Lyon, chez Delaroche, en 1750.


P. 19, l. I. — Entre autres ouvrages, M. Monfalcon a écrit, avec toutes les apparences extérieures d’une vaste érudition, une Histoire monumentale (sic) de la ville de Lyon, 8 vol. gr. in-4o. Cette lourde, sèche et souvent inexacte compilation est magnifiquement imprimée.


P. 19, l. 5. — Voir, par exemple, dans les Œuvres romantiques de M. le vicomte de Chateaubriand avec une notice sur sa vie politique et littéraire et des nouvelles historiques servant d’annotations à ses ouvrages, par M. D*** de S. E***. Paris, chez les marchands de nouveautés, pet. in-8o, tome Ve, pp. 39 à 84.


P. 19, l. 24. — Paris, 1860, pp. 1637 et suivantes.


P. 20, l. I. — Déjà en 1831, dans ses Nouveaux Mélanges, Breghot du Lut avait indiqué dans Olivier de Magny un des plus grands admirateurs de Louise Labé. C’est lui aussi qui a découvert l’Ode à Sire Aymon et quantité de détails très menus, mais très intéressants, utilisés sans indication de source dans les notices publiées depuis. Il est à propos de se servir des recherches de Cochard, de Péricaud et de Breghot du Lut, mais il n’est pas moins à propos de les remercier de la peine qu’ils ont évitée à leurs successeurs.


P. 20, l. 28. — « C’est à peu prés tout ce dont la félicitent les poètes qui l’ont d’abord célébrée, » dit M. Blanchemain. Mais à quel moment fut composée chacune des vingt-six poésies à la louange de Louise Labé qui nous sont parvenues ? Il est impossible de répondre à cette question, parce que toutes ces poésies, dont aucune ne porte de date, ont été imprimées en 1555 du vivant de leurs auteurs. Et cependant, à moins d’y avoir répondu, comment distinguer les vers « qui l’ont d’abord célébrée, » et, par conséquent, reconnaître si les éloges donnés à son talent de musicienne sont antérieurs à 1550, et si les louanges prodiguées à son talent de poète sont de trois ou quatre ans plus voisines de nous ?


P. 21, l. II. — Les recherches les plus minutieuses pour trouver la moindre trace de ce passage de Jean d’Avanson à Lyon ou dans le voisinage sont demeurées sans résultat.


P. 21, l. 14. — La première publication d’Olivier de Magny est, si je ne me trompe, un hymne sur la naissance de la fille d’Henri II en 1553. Je ne vois pas ce qu’avait fait Olivier vers 1550, pour pouvoir, à cette époque, éclipser les Scève et les Taillemont, « ces grands poètes, » comme on disait alors.


P. 22, l. 13. — L’intervention de Claude de Rubys en cette histoire est fondée uniquement sur les deux strophes suivantes de l’Ode à Sire Aymon :

Ô combien je t’estime heureux
Qui vois les trésors plantureux
De ton espouze ma maistresse !
............
Qui la vois si souvent baler
Et qui l’ois si souvent parler !

Et qui vois si souvent encor
Entre ces perles et cet or,
Un rubys qui luyt en sa bouche,
Pour adoucir le plus farouche.
Mais un rubys qui sçait trop bien
La rendre à soy sans estre sien !

Ce n’est des rubys qu’un marchant
Avare aux Indes va cerchant.
Mais un rubys qu’elle décore
Plus que le rubys ne l’honnore.
Fuyant ingrat à sa beauté
Les apastz de sa privaulté.


Évidemment ce mot de ruhys n’est pas répété avec tant d’insistance sans une raison qui nous échappe peut-être. Cependant je suis prêt à confesser ma naïveté grande devant toute personne qui m’expliquera comment ces deux vers :

Un rubys qui luyt en sa bouche
Pour adoucir le plus farouche


peuvent renfermer une allusion au futur historien de Lyon.

Quant à l’épithète de brillant qui lui est donnée, je ne vois rien qui la justifie. À cette époque, c’est-à-dire antérieurement à 1559, Claude de Rubys n’avait encore rien publié. Il me semble que sa première publication est un petit pamphlet cité par Du Verdier avec la date de 1566.

Il est encore permis de se demander si vraiment, à l’époque où M. Blanchemain place la « liaison » de Louise Labé avec Claude de Rubys, c’est-à-dire peu après 1555 — supposons 1557 — le futur pèlerin de Notre-Dame-de-Lorette était d’âge à être un rival pour Olivier de Magny.

Plusieurs écrivains lyonnais disent que Rubys est né en 1533, et pour donner cette date ils se fondent sur une phrase de son Histoire de Lyon parue au commencement de 1604, phrase dans laquelle il se dit « ja tantost » septuagénaire. Mais puisqu’il dit « ja tantost, » c’est qu’il ne l’est pas encore, et comme il cherche, dans cette circonstance, à se rendre intéressant, il faut supposer que le « ja tantost » signifie dans quelques années. Un homme qui fait argument de sa vieillesse peut bien, à soixante-cinq ans, se dire « ja tantost septuagénaire. »

D’ailleurs, Péricaud, qui a le tort de ne pas citer ses sources, mais qui doit être cru sur parole jusqu’à preuve du contraire, nous dit qu’en 1566, date, selon lui, de la mort de Louise Labé, il avait environ vingt-sept ans. Il serait donc né, non pas en 1533, mais en 1539, et il aurait non pas vingt-quatre ans, mais dix-huit en 1557 ; à mon humble avis, la Belle Cordière n’était alors ni assez jeune ni assez mûre pour s’éprendre — si elle voulait s’éprendre — d’un « petit garsonneau, » suivant une de ses expressions.

Enfin, Claude de Rubys lui-même, à propos de la mort de Clémence de Bourges arrivée peu après le 30 septembre 1562, nous dit qu’il était à cette époque un « jeune escolier, » et il donne à entendre assez clairement qu’il était du même âge que Mlle  de Bourges. Malheureusement nous ignorons la date de la naissance de cette charmante jeune fille. (Voir la note sur la famille de Bourges, ci-après.)

De tous les témoignages recueillis, il résulte cependant que Clémence de Bourges mourut très jeune, vers 1563, et que Rubys était à peu près de son âge ; il est donc probable que la date indiquée par Péricaud se rapproche de la vérité et que le jeune escolier de 1563 n’était pas encore, en 1557, de taille à tenir le rôle qu’on lui attribue.


P. 23, l. 12. — Louise Labé a écrit dans son XXIIIe sonnet :

Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée
Et de mes yeux la beauté comparée
À deux soleils…


M. Blanchemain rapproche ces vers des vers suivants d’Olivier de Magny :

Elle est à vous, belle maîtresse,
Cette belle et dorée tresse,
Qui ferait honte aux mêmes ors
Et ces yeux deux astres ensemble…

Ne pourrait-on pas tout aussi bien rapprocher la strophe de Louise Labé de ces vers de Melin de Saint-Gelais :

Ceux là diront que les rays de vos yeux
Font devenir le soleil envieux
Et que ce sont deux astres reluisants.
...............
De vos cheveux, c’est moins que de raison
De faire d’eux à l’or comparaison…


Rien de plus banal que ces deux images. Tous les poètes du XVIe siècle, et même fort avant dans le XVIIe, les ont prodiguées, témoins encore ces vers que l’on a tant reprochés à Laugier de Porchères, sur les yeux de Gabrielle d’Estrées :

Ce ne sont pas des yeux…
Mais deux soleils clairement radieux,
Dont les rayons brillans nous offusquent la veue.


Et ceux-ci, du même, sur les cheveux de la même beauté :

Beau poil, n’êtes-vous pas la rivière pactole
Qui flotte précieuse en riches ondes d’or ?


P. 34, l. 7. — Ce renseignement, à propos de la date du départ de Jean d’Avanson, m’est obligeamment fourni par M, Joseph Roman, si fort au courant des hommes et des choses du Dauphiné. Mon ami J. Favre, dans son travail si complet sur Olivier de Magny, arrive par une autre voie à une conclusion presque analogue. Il écrit : « L’année même (1553) où il accepta la dédicace de la traduction de Salel, d’Avanson, sur la demande de Diane de Poitiers peut-être, fut envoyé à Rome en mission secrète auprès du pape Jules III. Ce fut probablement vers la fin de cette année. En effet, il emmenait avec lui en qualité de secrétaire Olivier de Magny. Or le poète n’était entré définitivement dans la maison de d’Avanson qu’après avoir fait imprimer la traduction de l’Iliade dont le Privilège est du 25 juillet 1553. » (Voir Olivier de Magny, par Jules Favre. — Paris, Garnier, 1885.)


P. 26, l. 7. — Dans les actes relatifs au père, aux frères et aux neveux de Louise Labé, on trouve Charlieu, de Charlieu, Charlin ou Charliu, Charly, Charlie, Cheylieu et Chirrieu. La forme généralement usitée par les biographes modernes est Charly. J’ai cru devoir adopter celle de Charlieu, la plus ancienne et la plus fréquente. Le nom de Labé est écrit également de diverses manières : Labhé, Labé, L’Abbé et même Labe. Toutefois on ne saurait hésiter sur l’orthographe de ce nom, Louise ayant signé son livre et sa lettre à Clémence de Bourges Labé.

Voir à l’Appendice les renseignements complémentaires sur la famille de Louise Labbe.


P. 26, l. 13. — « Un acte de 1524, dit Cochard, m’apprend que Charlieu était veuf d’Antoinette Deschamps alias Compagnon ; qu’il en avait trois fils, Barthélémy, François et Mathieu ; ainsi Louise n’est née que postérieurement et d’un second mariage. » (Œuvres de Louise Labé. Éd. de 1824, note de la page XXVIII.)

Le savant et consciencieux Lyonnais doit être cru sur parole, quand il nous dit avoir vu cet acte, que je n’ai pas retrouvé ; mais je m’explique difficilement, de la part d’un chercheur aussi prudent, la dernière partie de sa note. Puisqu’il connaissait seulement le mariage de Charlieu avec Étiennette et puisqu’il en supposait un autre, cet autre pouvait être antérieur, aussi bien que postérieur. Ensuite, de ce qu’un acte mentionne les trois fils d’une femme, il ne s’ensuit pas absolument que cette femme n’ait pas eu de fille, surtout à une époque où les filles tenaient si peu de place, du moins dans les actes.


P. 26, l. 16. — D’une part, dans l’acte de 1524, cité par Cochard, la femme dont Pierre Labé était veuf à cette époque et que ce biographe croit être la première s’appelle Étiennette Deschamps alias Compagnon. Cette Étiennette est évidemment la « femme en deuxièmes noces, » qui est appelée Étiennette Roybet dans l’accord de 1558, puisque la première, c’est-à-dire la veuve de Jacques Humbert inconnue à Cochard, était prénommée Guillermie ou Guillermette en latin Guillerma. D’autre part, en 1515, nous trouvons Labé propriétaire d’une vigne « qui fut de Benoît Compagnon » et qui est confinée par deux parcelles de terre relevant de deux directes différentes, parcelles dites l’une de Benoît Deschamps, l’autre de Benoît Compagnon. Benoît Deschamps et Benoît Compagnon forment évidemment une seule personne dénommée différemment dans chacun des deux registres de Directes.

En rapprochant ces indications, on a le droit de penser que la vigne de Labé lui venait de sa seconde femme, Étiennette Roybet, alias Deschamps, alias Compagnon, et par conséquent que son mariage avec elle existait déjà en 1515 ; mais, comme dans les dénombrements antérieurs à 1515, la terre de la Gela ne figure pas parmi ses propriétés, il faut croire qu’il ne la possédait que depuis peu.


P. 38, l. 28. — Bien qu’à cette époque le tènement de Bellecour fût encore une propriété privée, il se prêtait tout particulièrement à ces exercices. Dans le Dialogue de deux escoliers, imprimé en 1583 à la suite de la Pratique de l’orthographe françoise, avec la manière de tenir livre de raison, etc., par Claude Mermet, on lit : « Je m’en voy jusques en la place de Belle-Cour, pour y voir piquer des chevaux par un écuyer italien nouvellement venu en ceste ville, lequel s’en acquitte fort dextrement. » (P. 109.)


P. 39, l. 29. — Mellin de Saint-Gelais, fit des vers « Pour des chevaliers que des masques vestus en amazones menoyens sur les rangs au tournoy de la royne Catherine, en 1548. »

Mon ami, M. de Berluc-Pérussis, veut bien me faire remarquer qu’un siècle plus tard eut lieu à Die un tournoi en tous points semblable à celui que je crois avoir été tenu à Lyon en 1542 :

« En juin 1681, m’écrit-il, la noblesse protestante de Die simula le siège de la maison de Chamarges, appartenant à M. Ducros, petit-fils d’un conseiller au Parlement.

« On feignit une lettre de cachet, que M. de Sallières, commissaire d’artillerie au fort Barreaux, vêtu en courrier, porta à Mme  d’Arbalestrier-Montclar, général, lui donnant l’ordre d’assembler ses troupes pour le siège.

« Les troupes s’assemblèrent. Mme  le général était assistée de Mmes  de Gilliers, capitaine, et de Chalvet, intendant ; Mlles  de Chabrières et de Saint-Auban, capitaines de dragons ; Mmes  de Lantaret et de Clelles, Mlles  de Chalvet et de Rochefort, avec leurs compagnies ; Mlles  de Lantaret et d’Ambel, commandant un détachement de piquiers ; Mlle  de Giliiers, capitaine de grenadiers. Le tout soutenu par des officiers du régiment de Crillon, qui tenait garnison à Die.

« Le gouverneur de Die permit de tirer quelques pièces de campagne de la citadelle ; on composa des feux pour simuler les bombes, grenades et pétards.

« Le siège eut lieu dans toutes les formes. Chamarges capitula. Les violons, les haut-bois et un dîner clôturèrent la fête.

(Voir Mercure galant (sept. 1681) ; Bulletin de l’Académie delphinale, 1879, article de M. le conseiller Accarias sur les Chalvet ; Journal de Die, janvier 1879, article de M. Rochas.)


P. 41, l. 25. — Ces deux noms ont été prononcés très sérieusement plusieurs fois et notamment dans la discussion que souleva, en 1828, l’exposition du buste de Louise Labé, commandé par la ville de Lyon à Foyatier.


P. 44, l. 2. — De ce que dans son jardin de la rue Confort, au milieu de petits quartiers de buis et de marjolaine dans le goût du temps, Louise avait fait dessiner le chiffre du Roi, c’est-à-dire les Lys de France et le Croissant de Diane de Poitiers, on a imaginé de voir dans cet « homme de guerre » le Dauphin Henri qui commanda l’armée sous les murs de Perpignan. L’argument est d’autant plus singulier qu’autour du chiffre étaient « plantés » six vers dans lesquels on souhaitait que le Croissant devînt « un plein rond. » Louise Labé aurait été vraiment de bien bizarre composition si, pour marquer le souvenir de ses amours, elle avait eu l’idée de prendre l’emblème de celles du Roi avec Diane de Poitiers, et surtout de souhaiter que le Croissant devînt un plein rond.


P. 45, l. 2. — À la demande de M. Henrich, le bienveillant doyen de la Faculté des Lettres de Lyon, M. Vignon a fait cette traduction de l’ode grecque. En l’écrivant, M. Vignon a dû se rappeler l’incident dont il fut le héros à l’École normale, incident que M. Sarcey a rappelé (Revue politique et littéraire, 1882) dans Comment je devins journaliste. M. Vignon avait rompu une lance en faveur de la vertu de la belle Lyonnaise, sa compatriote, et Gérusez avait dit gravement : « Il faut une grande hardiesse pour répondre de ces choses-là. » Huit jours après, M. Ordinaire, qui tournait très joliment le vers et qui excellait aux pastiches, apporta deux madrigaux, qu’il avoua avoir trouvés à la Bibliothèque nationale dans un manuscrit des poésies inédites de Louise Labé ; et il résultait de ces madrigaux que la dame avait « dénoué sa ceinture. » Vignon protesta contre cette ceinture dénouée mal à propos et déclara que les vers ne pouvaient pas être de Louise. Gérusez répondit doucement : « Je le crois comme vous, et je le regrette. Mais si elle n’est pas l’auteur de ces deux pièces, il me semble qu’il ne vaut plus la peine de parler d’elle. » Soulary me disait un jour la même chose, et, comme Vignon, je n’ai pas voulu le croire.


P. 49, l. 3. — Un des témoins qui, en 1552, déposèrent dans le procès de Genève, nous dit que le demandeur, Jean Yvard, avait renvoyé sa femme depuis six ans, par conséquent depuis 1546 ; un autre nous dit qu’il a connu les époux Yvard alors qu’ils vivaient encore ensemble — par conséquent antérieurement à 1546 — et qu’en ce temps-là la femme d’Yvard « hantoit bien privément avec une nommée la Belle Cordière. » Du Verdier nous apprenant qu’on avait donné ce surnom à Louise Labé « parce qu’elle étoit mariée à un bonhomme de cordier, » il faudrait alors conclure qu’elle était mariée avant 1546, puisqu’elle portait déjà ce surnom à cette date. On ne peut cependant rien affirmer en se fondant sur ce raisonnement, parce que le témoin de Genève a pu désigner la Belle Cordière par le surnom qu’elle portait au moment où il parlait, et ensuite parce que Louise Labé, étant la fille d’un cordier, a pu être surnommée Belle Cordière avant son mariage avec un cordier.


P. 55, l. 25. — Il existe à la Bibliothèque nationale un exemplaire du portrait de Louise Labé gravé en 1555 par Woëiriot. Ce portrait cité par le P. Le Long était inconnu à Lyon, où on a représenté la Belle Cordière de diverses façons très fantaisistes. C’est M. Brouchoud qui a révélé son existence en 1871 ; et, depuis cette date, quelques figures ont été peintes d’après la reproduction de l’original qu’il a fait graver par Dubouchet.

Un sculpteur lyonnais, M. Devenet, a exposé au Salon de l’année 1886 un buste d’après la gravure de Woëiriot : la ville de Lyon devrait bien le placer dans son musée à la place de la fantaisie exécutée par Foyatier en 1828.


P. 58, l. 6. — L’existence de cette édition de 1552 a été contestée. Cependant un exemplaire des Rymes de gentile et vertueuse dame D. Pernette du Guillet Lyonnaise, de nouveau augmentées (Lyon, par Jean de Tournes, 1552, in-8 de 84 pages), figure dans le Catalogue de la bibliothèque du marquis de Canay. Ce bel exemplaire, le seul connu jusqu’à présent, provient, dit Porquet, de la vente R. Hébert.


P. 59, l. 23. — Voir à l’Appendice la note sur la famille de Bourges.


P. 60, l. 15. — Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire de la République des lettres depuis Homère jusqu’à nos jours, Paris, chez Durand, 1761, vol. I, p. 157.


P. 69, l. 24. — On lit dans les comptes de François Coullaud : « Recepte faicte par le présent recepveur à cause des aultres deniers levez extraordinairement à cause des troubles et saisye d’icelle ville par ceulx de la nouvelle religion… Ledit quatriesme juillet mil V LXII (reçu) de Louise Labé XXV l. t, pour la moitié de sa cotisation. » Le second paiement a lieu le 3 novembre. Ainsi ce n’est plus Ennemond Perrin, mais Louise Labé qui figure sur les registres des taxes du quartier Confort en 1562 ; d’où il résulte qu’à cette date Louise était en possession de la fortune que lui avait léguée son mari.


P. 70, l. 16. — Et cependant outre « la jarretière d’un taffetas bleu renforcé et bien ample » qu’il nous raconte avoir obtenu de sa fiancée la permission de « deslier et prendre, » Gaspard de Saillans avait encore obtenu de sa dame un bouquet, « lequel bouquet, dit-il, serviroit et profiteroit plus beaucoup que faire ne pourroient les preservatifs et defensoires qui lui seroient baillés par les meilleurs médecins de ce monde à l’encontre des formidables et épouvantables dangers où nous sommes. » (Voir la note sur la famille de Bourges.)


P. 70, l. 18. — Puisque nous parlons de l’occupation protestante en 1562, signalons une délibération du 24 décembre ordonnant « faire ouverture de la rue de la Courdière tendant aux autres rues ouvertes au tenement du Plat, » et une autre du 19 janvier mentionnant également la « rue de la Courdière. » Dans le plan de Lyon, dessiné avant juillet 1559 d’après A. de Montaiglon (Revue des Sociétés savantes, t. VIII, p. 335). On voit très nettement indiquée la « rue Belle Courdière. » Ainsi, du vivant de Louise Labé, la rue qu’elle habitait n’était connue que par son surnom.

L’histoire de l’occupation de Lyon par les protestants est encore à faire, et ce sujet est de nature à tenter la plume de M. Raoul de Cazenove.


P. 72, l. 6. — Fils de Cherubino Fortini (mort en 1548) et de Cammilla di Amadio Giocondi (décédée le 21 mars 1563), Thomas naquit le 22 septembre 1512. Il avait deux frères, Paolo, le plus jeune, qui habitait Londres en 1560, et Girolamo, mort à Florence le 9 novembre 1591. C’est dans la fille unique de ce dernier, Cammilla, mariée a Benedetto di Giovanni Baldovineti que s’éteignit le nom et la famille des Fortini, ou, tout au moins, de la branche à laquelle appartenait l’ami de Louise Labé. Grâce à un legs que lui avait fait une certaine « Nicolle Cuindri dicte la Belle Bolangière, » nous savons qu’il habitait Lyon dès 1551. Le 15 juillet 1569, après avoir acquitté plusieurs des legs faits par Louise, il constinua deux mandataires : Jean Orlandini, pour administrer le domaine de Parcien, et Léonard Strozzi pour liquider ses affaires commerciales. En 1572, Nicolas Conselli, « comme fondé de sa procuration, » vient se plaindre aux Recteurs de la « ruyne qui se présente dans la grange de Parcieu. » Depuis lors, nous n’entendons plus parler de lui. Malgré les recherches auxquelles se sont livrés MM. Auguste Conti, président de l’Académie de la Crusca, et César Guasti, surintendant des archives de Florence, — qu’ils veuillent bien recevoir tous mes remerciements ! — aucun renseignement n’a pu être recueilli à partir de cette date sur les Fortini ou les Baldovineti.

Les Fortini portaient : « Un delfino contrariante, cioè azzuro nel campo d’oro, e oro nell’ azzuro. »


P. 74, l. 8. — Fortini s’était cependant plaint aux Recteurs, en 1572, par l’intermédiaire de Nicolas Conselli, son mandataire, de la mauvaise gestion du commissaire qu’on avait mis à Parcieu. Les Recteurs avaient promis d’y mettre ordre, et ils avaient même demandé à cet effet que Fortini leur envoyât une procuration.


P. 75, l. 6. — Si Fortini avait vécu publiquement avec une femme, le curé de Saint-Paul ne lui aurait pas permis de tenir un enfant sur les fonds baptismaux. On lit dans les baptistaires de cette paroisse : « Item, le 9 mars 1564, a esté baptizé Thomas, fils de Claude Pamissière, son parrain le Sr Thomas Fortinny, marraine Marie Debinoz.

« Item, le 16 février 1566, a esté baptizé Philiberte, fille de Germain Vergnie, cordonnier, son parrain Thomas Fortiny florentin, marraines Anne Coudorphinge et Annette Regnault. »


P. 75, l. 25. — La fortune laissée par Louise Labé était relativement considérable. Si on capitalise les pensions imposées sur les immeubles qu’elle possédait à Lyon et dans les Dombes, afin d’en ajouter le montant à leurs prix de ventes — ventes faites dans des conditions déplorables — on leur trouve une valeur vénale de 10,230 livres tournois. Quant à sa fortune mobilière, les éléments nous manquent pour l’apprécier : nous savons seulement qu’elle fait des legs en argent pour environ 1,450 livres, et qu’un de ces legs de 1,000 livres doit être prélevé, dit-elle, « sur le crédit de plus grand somme qu’elle a au grand party du roy. »


P. 80, l. 19. — En 1558, « Anne du Bourg, conseiller au Parlement de Paris, est emprisonné comme hérétique. Le président Fumée, pour éviter un sort semblable, s’enfuit à Genève. » (Mémoires de Claude Haton, etc. Paris, Imprimerie impériale, M DCCC LVII, t. I, p. 84.) S’agirait-il ici de ce Fumée qui fut un des amis de la Belle Cordiere ? D’autre part, on lit dans Péricaud : « Maurice Scéve, dont l’époque de la mort est ignorée, n’aurait-il pas été une des victimes des Vêpres lyonnaises ? » Enfin une lettre du temps nous apprend qu’au moment de la réaction contre les protestants « les Scève vont à la messe. »


P. 81, l. 4. — Chanoine de Mâcon en 1552, proto-notaire apostolique en 1553, aumônier du Roi, conseiller d’État, grand archidiacre de Chalon et enfin évêque en 1578, Pontus de Tyard fut appelé par Henri IV, en 1593, lorsqu’il voulut être instruit dans la religion catholique. (Voir Pontus de Tyard, seigneur de Bissy, depuis évêque de Chalon, par J.-P.-Abel Jeandet. Paris, Aubry, 1860.) — L’auteur de la vie de Pontus de Tyard a, depuis la publication de son livre, acquis la certitude que Pontus fut d’abord dans les meilleurs termes avec Théodore de Beze, dont il s’éloigna dans la suite, tout en conservant pour lui une sincère estime.


P. 114, l. 1. — L’impasse dont il est question fut ouverte en 1562 pendant l’occupation protestante ; elle portait en ce temps-là le nom de La Cordière, ainsi que l’indique la délibération consulaire qui ordonne son ouverture.


P. 114, l. 5. — Pernetti a été induit en erreur. On a vu, par la lecture du testament de Louise Labé et d’autres pièces, que Louise laissa sa fortune à ses propres neveux, Jacques et Pierre Labé, fils de son frère François Labé, et que c’est elle et non son mari qui leur substitua l’Aumône générale.

L’erreur commise par Pernetti ou par son ami M, Besson au sujet de l’héritage arrive à l’Aumône générale est bien excusable, puisque, déjà en 1583 (6 juin), on trouve la mention suivante :

« Noble Claude Berthier, conseiller du Roy au Parlement de Grenoble, tant en son nom que de Dlle Antoine David, sa femme, tient certaine maison que fut d’Ennemond Perrin et après des frères Labé et par le dit Perrin donné après la mort des dits frères Labé à MM. les Recteurs de l’Aumône générale, desquels les dits Berthier et sa femme l’ont acquis et icelle maison sise, » etc.

Peut-être en testant comme elle l’a fait, la veuve d’Ennemond Perrin a-t-elle simplement exécuté les volontés de son mari.


P. 123, l. 8. — Claude de Rubys a raison quand il nous dit qu’il n’était pas poète, et nous aurions préféré qu’il nous eût conservé les vers de Maurice Scève, de Taillemont et de Louise Labé, si elle figura dans les « doctes tombeaux. »


P. 123, l. 18. — Voir Histoire générale du Dauphiné depuis l’an M de N.-S, jusques à nos jours, par Nicolas Chorier, avocat du Parlement du Dauphiné, à Lyon, chez Jean Thioly, M DC LXXII, t. II, p. 575.


P. 126, l. I. — Le testament de Gabriel de Saconay est du 12 avril 1577, et un codicille y fut ajouté : au domicile du codicillant, à Brindas, le 27 juin 1580. C’est le 13 août de cette même année qu’Anne de Severet, veuve d’Aymé de Saconay, frère du chanoine, agissant en qualité de mère et tutrice de Théode de Saconay, héritier universel, fit demander l’ouverture du testament de son beau-frère, décédé au chapitre de l’Église de Lyon, le 3 août 1580.

Tous les ouvrages de Gabriel ont été imprimés de son vivant, à l’exception du dernier, qui ne paraît pas avoir été donné à l’imprimeur après sa mort. L’édition complète de ses œuvres ne paraît pas non plus avoir été faite.


P. 128, l. 2. — Recueil des opuscules de Calvin, Genève, Pinereul, 1566, p. 1825. (Traduction du latin en français par Théodore de Bèze.)


P. 118, l. 10. — Voir Lettres de Catherine de Médicis, publiées par M. le comte Hector de La Perrière, t. I, p. 237. — L’original du procès-verbal de Guillaume de Gadaigne est reproduit ici d’après le texte publié, en 1868, dans les Archives des Missions scientifiques et littéraires, 2e série, t. V, p. 368.