Œuvres de Louise Labé, édition Boy, 1887/I/01

Texte établi par Charles Boy, Alphonse Lemerre, éditeur (p. i-iii).

AVERTISSEMENT AU LECTEUR





Cette édition des œuvres de Louise Labé est la treizième depuis celle que donna Jean de Tournes en 1555, et la huitième qui soit accompagnée d’une de ces études plus ou moins historiques, dans lesquelles la Belle-Cordière a été si diversement appréciée.

Malgré la grâce de sa personne, malgré la vivacité de son intelligence, malgré la finesse de son esprit, en un mot malgré tout ce qui a pu faire illusion aux derniers biographes, cette « gentille cordière » fut une provinciale du XVIme siècle vivant en province de la vie des provinciales de son temps. Voilà le cadre qui est le sien et voilà pourquoi, lorsqu’on y place son image, la figure gagne en ressemblance, la physionomie en expression et le modèle en intérêt.

Il faut faire le voyage de Paris à Lyon-en-Lyonnais ; il faut s’arrêter plusieurs fois dans la corderie de son père et dans celle de son mari, au lieu de les traverser rapidement comme l’ont fait quelques curieux de son époque ; il faut écouter ce qui se dit dans les rues et derrière les portes, depuis le haut de la côte Saint-Vincent jusqu’au fond de l’impasse de la Belle-Cordière ; alors seulement on peut espérer d’être à peu près renseigné sur la « Belle Rebelle » que Baïf a si gentiment célébrée. Le voyage n’est pas sans charme.

Grâce aux notes inédites obligeamment fournies par un chercheur lyonnais, M. Claude Brouchoud, aux indications du regretté Vermorel et de mon ami Joseph Vaësen, grâce enfin aux conseils de mon excellent maître M. Tamizey de Larroque, j’ai recueilli tout ce qui pouvait rester de Louise Labé et j’en ai tenté une restitution.

Ses œuvres sont reproduites ici telles que les a publiées Jean de Tournes dans une seconde édition revue et corrigée par l’auteur en 1556 ; il n’y avait rien à ajouter, rien à retrancher et rien à modifier.

De grands et nombreux travaux sur la langue du XVIe siècle ayant mis les textes de cette période à la portée de tous les lettrés, celui que Jean de Tournes a donné sous les yeux de Louise Labé, ne comporte que de rares annotations. Par contre, la justification ou l’explication de tous les faits avancés dans les recherches historiques se trouve en note à la fin du second volume.


Charles Boy.