Œuvres complètes de Saint-Just/Tome 1/IV. Lettre à Robespierre

Lettre à Robespierre, Texte établi par Charles Vellay, Eugène Fasquelle, éditeur (L’Élite de la Révolution)Tome premier (p. 224).


IV

LETTRE À ROBESPIERRE


Cette lettre, qui marqua le début des relations de Robespierre et de Saint-Just, fut retrouvée, après le 9 thermidor, dans les papiers de Robespierre, et publiée pour la première fois dans le rapport de Courtois (pièce no XXIII).


Blérancourt, près Noyon, le 19 août 1790.

Vous qui soutenez la patrie chancelante contre le torrent du despotisme et de l’intrigue, vous que je ne connais que, comme Dieu, par des merveilles ; je m’adresse à vous, monsieur, pour vous prier de vous réunir à moi pour sauver mon triste pays. La ville de Coucy s’est fait transférer (ce bruit court ici) les marchés francs du bourg de Blérancourt. Pourquoi les villes engloutiraient-elles les privilèges des campagnes ? Il ne restera donc plus à ces dernières que la taille et les impôts ! Appuyez, s’il vous plaît, de tout votre talent, une adresse que je fais par le même courrier, dans laquelle je demande la réunion de mon héritage aux domaines nationaux du canton, pour que l’on conserve à mon pays un privilège sans lequel il faut qu’il meure de faim.

Je ne vous connais pas, mais vous êtes un grand homme. Vous n’êtes point seulement le député d’une province, vous êtes celui de l’humanité et de la République. Faites, s’il yous plait, que ma demande ne soit point méprisée.

Saint-Just,
électeur au département de l’Aisne.